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Cassel à voix

Par Loïc Bessière et Emmanuel Hoarau, à Noordpeene et Lens
Les yeux de Kyky.
Les yeux de Kyky.

Il faisait très froid lundi soir aux alentours du stade Félix-Bollaert, mais il faisait beaucoup plus chaud à l'intérieur grâce à l'énorme ambiance mise par les supporters du Pays de Cassel, pour le match face au PSG.

Faut-il être fou pour traîner un vendredi soir, dans le froid et les bourrasques, le long d’une main-courante d’un petit stade du Nord ? Oui, un peu. Mais comment ne pas l’être quand l’équipe locale y effectue ses derniers réglages avant de rencontrer trois jours plus tard l’ogre du PSG et sa pléiade de stars. Chants, instruments de musique, drapeaux et fumigènes sont de sortie pour accompagner les joueurs de l’US Pays de Cassel. Une ambiance inhabituelle au stade municipal Joseph-Duvet de Noordpeene, petit village des Flandres comptant moins de 800 âmes, déjà perturbé par un afflux massif de journalistes. «On est là ce soir, pour eux, pour la fierté qu’ils nous apportent, car c’est quand même un truc inoubliable, lâche Nicolas Bellynck, qui a joué dix ans au club et vient de troquer son tuba pour une pinte de bière. On est le douzième homme, tout ce que l’on peut faire pour eux, on le fait. » À commencer par une demi-journée de congé posée ce lundi pour aller à Lens. Derrière la porte du club house, une odeur de soupe à l’oignon vient chatouiller les narines. Si quelques louches sont servies derrière le comptoir par Brigitte, dite Bisous, et Aurélie, les deux bénévoles s’affairent principalement autour des tireuses à bière. À 21 heures, l’entraînement touche à sa fin et déjà plus d’un fût et demi est consommé, soit 50 litres. Ce n’est là qu’un début.

Mathieu Bogaert cornaque la logistique de la billetterie avec le RC Lens. Ce bénévole de Pays de Cassel a l’habitude de ce genre de mission. Il est responsable commercial au… LOSC. « On s’attendait à ce qu’il y ait beaucoup de vente dès le mardi, mais pas autant. C’est une super belle surprise, cela veut dire que tout le monde est derrière nous, car c’est beaucoup de monde du Nord et du Pas-de-Calais », rapporte-t-il fièrement. Le club a offert 550 places : une pour chacun des 330 licenciés, plus une pour un accompagnant par mineur. Bollaert sera à guichets fermés pour accueillir une Régionale 1 : aucun club dans l’histoire n’a pu en dire autant.

C’est la première fois de ma vie que je viens voir un grand match comme ça. J’aurais dû faire des banderoles.

Valérie

Bollaert et la manière

Lundi soir sur le parvis du stade lensois, Camille, 19 ans, a l’air inquiète. Ce soir, c’est son petit ami, Hugo Dubreucq, qui foulera la pelouse : « Depuis une semaine, on vit un rêve éveillé, souffle-t-elle, émue. Hugo va vivre un rêve de gosse. Je suis en école d’ingénieur avec lui et cela fait plusieurs jours qu’il enchaîne les allers-retours entre notre école et les entraînements… Il est extrêmement sollicité. C’est absolument incroyable ! » Plus loin, un groupe de supporters, drapeau flamand sur le dos, chante et profite du moment face aux caméras de beIN Sports. Sébastien, 54 ans, et plusieurs décennies passées au club, en est à la tête : « À l’époque, je jouais pour l’ancien club de Cassel qui existait avant la fusion, témoigne-t-il. Aujourd’hui, j’ai encore de la famille qui s’occupe du club, et mes enfants y ont joué. Ce qui se passe est extraordinaire. Aujourd’hui, pour l’USPC, c’est comme si le club jouait une finale ! Marquer un but serait déjà extraordinaire. » Flavie, 30 ans, et nouvelle suiveuse du club, croit quant à elle en un exploit : « Messi ne joue pas, donc on a une chance ! », déclare-t-elle, sur un ton entre la blague et l’espoir. La foi des gens du Nord.

Après 25 minutes de jeu, le tableau d’affichage affiche toujours 0-0 ; le PSG n’a toujours pas effectué de tir cadré. Et Cassel ne renie pas son ambition de jouer au football, qu’importe l’adversaire. Enzo, étudiant venu en curieux, s’enthousiasme devant les sorties de balle des Casselois. Les mauvaises langues diront que ce supporter de l’OL n’a pas vu un football avec autant de prises de risque depuis un bon moment… « Ils sont complètement décomplexés, bien plus que 50% des clubs de Ligue 1 ! Quand ils ont le ballon, on voit de supers joueurs au milieu. Ils arrivent à faire quelque chose du ballon, et pour une R1, c’est très très beau. Ils tiennent le PSG. » Son coup de cœur de la soirée : l’arrière gauche Corentin Rapaille, malgré ses crampons… verts. Une autre personne s’enthousiasme à chaque remontée de balle des Casselois : Valérie. « Normalement, je supporte le PSG, mais là, je suis pour Cassel, car il y a mon filleul, Arthur Bogdanski, mon neveu, Clément Bogdanski, et Mich’, qui est Nicolas Bruneel. Je le connais depuis qu’il a 13 ans. Michel, c’est le nom de son père et on le surnomme comme cela. » Pour elle, « qu’il y ait 4, 5, 6-0, on s’en moque. C’est la chance de leur vie de jouer contre le PSG, c’est exceptionnel. C’est la première fois de ma vie que je viens voir un grand match comme ça. J’aurais dû faire des banderoles. » Kylian Mbappé se montre clinique dans la surface casseloise, Baptiste Leclerc perpétue la tradition des Leclerc qui font de Bollaert leur jardin, et Neymar, grand gentleman, répond à une bronca en mettant sa main droite à l’oreille. Pas de quoi perturber les supporters jaune et noir. Les drapeaux des Flandres flottent toujours, les chants ne s’arrêtent pas. Dans les yeux d’Émilie résonne, et Les Corons, de Pierre Bachelet, est même entonnée.

Ça fait bizarre de voir des joueurs que l’on croise au quotidien affronter des stars mondiales.

Dimitri, éducateur et joueur de la réserve de l’USPC

À la fin du match, certaines baraques à frites n’ont plus de pain, plus de fricadelles et plus de merguez après ce raz-de-marée casselois. En revanche, la bière et les frites, les fondamentaux, sont toujours disponibles. Cette information n’enlève pas à Dimitri son sourire. Jaune et noir maquillé sur la joue, doudoune de l’US Pays de Cassel fièrement arborée, l’entraîneur des U13 et joueur de la réserve ne boude pas son plaisir. « Ça fait bizarre de voir des joueurs que l’on croise au quotidien affronter des stars mondiales, lance-t-il alors que quelques supporters la voix cassée continuent à chanter derrière lui. Je suis un supporter lillois, mais je suis venu à Bollaert sans souci. Même dans les rêves les plus fous, nous n’aurions pas pu imaginer voir Pays de Cassel jouer contre le PSG à Bollaert. » Une demi-heure après la fin de la rencontre, les supporters n’ont toujours pas quitté le stade, comme pour ne pas mettre fin à ce rêve éveillé. « Cassel, Cassel, Cassel, tu es tout ce qu’on aime, qu’on aime, qu’on aime on te sera fidèle, fidèle, fidèle contre vents et marrés ohohohohoh ! » Peu à peu, ils rejoignent l’alignement d’une vingtaine de bus qui les attend. Glacier et glacé, Nicolas Bellynck ne regrette pas cet après-midi de congé posé pour cette escapade lensoise. « Le scénario rêvé du match, c’était de jouer le Paris Saint-Germain à Bollaert. La victoire est déjà là ! »

Dans cet article :
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Par Loïc Bessière et Emmanuel Hoarau, à Noordpeene et Lens

Tous propos recueillis par LB et EH.

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