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- Lyon-Francfort (3-2)
Pardon d’avoir douté, Rayan Cherki
Son premier semestre de l’année 2024 nous a fait douter. L’immense potentiel de Rayan Cherki pourrait-il un jour totalement s’exprimer ? Le milieu offensif de l’OL a mis les choses au clair ces dernières semaines, affichant un niveau de jeu époustouflant et une énorme banane. Et ça, on kiffe.
![Pardon d’avoir douté, Rayan Cherki](https://www.sofoot.com/convert/LzIwMjQvMTIvMTMxMjQxMDIvSUNPTlNQT1JUXzI0NzAxMF8wMDc5LTE0MDB4OTMzLmpwZw/image/ligue-europa-cherki-un-rayan-de-soleil-qui-nous-fait-regretter-davoir-doute.jpg)
Il fallait de sacrées bonnes raisons pour renoncer au Meilleur Pâtissier et aller se cailler les miches au Groupama Stadium ce jeudi soir contre Francfort. Rayan Cherki en était une. Une délicieuse transmission du talon pour Corentin Tolisso, qui a secoué le montant (7e). Un but chanceux, d’un petit coup de patte suffisant pour dévier l’ogive de Tolisso (encore) et surprendre Kevin Trapp (27e). Une passe lumineuse dans un trou de souris pour Ernest Nuamah, lequel a heurté à son tour le poteau (36e). Une chevauchée parfaitement conclue par une offrande dans le bon timing pour Malick Fofana (50e). Et une deuxième passe dé dans la foulée pour Nuamah, qui a fait le plus gros du boulot – mais quand même (54e). Le meneur de jeu lyonnais a régalé, sur la lancée de son excellent début de saison. Chez les Gones, le Père Noël est en avance.
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Aisance et suffisance
Qu’il semble loin, le temps où Pierre Sage sortait son joueur dès la mi-temps contre le Stade rennais. Ce n’était pourtant que le 26 janvier, à un moment où rien ne tournait dans le sens du petit magicien. Dans le creux de la vague, il n’a gratté que quatre titularisations lors des 15 dernières journées de championnat la saison passée, pour une moyenne de 34 minutes de jeu par match. Pas vraiment ce que l’on attend d’un crack générationnel. Thierry Henry choisit carrément de s’en passer lors de la fenêtre internationale du mois de mars, pourtant déterminante en vue des Jeux. Cherki ne figure pas non plus dans la liste initiale pour le tournoi olympique.
Les nombreux râteaux pris par son sélectionneur lui permettent finalement de participer, mais en tant que second rôle (une seule titularisation, 76 minutes de jeu au total). Trop suffisant. Trop nonchalant. Pas assez mordant. « Le talent, il l’a. Il doit être animé par d’autres sentiments quand il joue au football », commente Sage, évoquant la nécessité qu’il soit plus engagé et qu’il « se discipline dans son indiscipline ». Le doute s’installe. Faut-il faire une croix sur lui et l’ajouter à la longue liste des talents gâchés ? L’espoir s’amenuise. L’OL se met même d’accord avec Fulham autour d’un transfert à 15 millions d’euros. Se dessine une fin en eau de boudin, pleine d’amertume… Mais ça, c’était avant que RC10 reprenne le taureau par les cornes.
Et vous, vous faisiez quoi à 21 ans ?
Le vice-champion olympique s’est trouvé et donne l’impression d’être aligné avec lui-même, ce qui se ressent de façon éclatante. « Je n’ai pas changé grand-chose en fait, confiait-il mercredi devant la presse. J’ai trouvé le footballeur que j’ai envie d’être. Je veux donner du plaisir à mes coéquipiers et aux spectateurs. Le foot est moins regardé aujourd’hui, et moi, j’ai envie de faire revenir le foot d’avant. » Un foot plus instinctif, qui faisait la part belle aux artistes. Rayonnant dans son jeu et dans ses mots, Cherki a dû attendre fin septembre pour lancer sa saison, mais il a déjà égalé son nombre de buts (5 en 16 matchs, autant qu’en 39 apparitions en 2022-2023).
L’artiste dont on attendait monts et merveilles avant même sa majorité est finalement un gamin de 21 ans qui commence à trouver son rythme de croisière. Rien d’anormal. L’existence de phénomènes comme Kylian Mbappé ou Lamine Yamal a parfois pu brouiller la focale. Oui, Cherki n’a que 21 ans, contrairement à ce que ses quelque 150 matchs avec l’OL pouvaient parfois nous laisser penser. On avait tendance à l’oublier puisqu’il fait partie du panorama depuis déjà un bon moment, lui qui jouait avec les grands à tout juste 16 piges. Et qui devenait, le 4 janvier 2020, le plus jeune buteur de l’histoire de l’OL, à 16 ans et 140 jours. Jeudi soir, Pierre Sage a estimé que son protégé avait des « arguments » pour être appelé en équipe de France. Il en a déjà pour (re)donner envie de voir du foot, et pour le moment, c’est amplement suffisant.
Par Quentin Ballue