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Euro 2024 : le plaisir d’offrir
Parti sur les chapeaux de roue, cet Euro 2024 offre une bouffée d’air frais aux supporters. Tant dans l’intensité mise par les joueurs, que dans l’enthousiasme affiché par les sélections. Nous les remercions.
La patrie, les tripes, et l’honneur. Ces poncifs entendus à maintes reprises quand vient l’heure de parler du football de sélection s’appliquent à merveille pour cet Euro 2024. Car cela faisait effectivement longtemps que le ballon européen n’avait pas vibré de manière sincère. Sans se soucier de la rigueur tactique, de la rigidité technique des joueurs, ou de la conservation du résultat. Non, depuis le coup d’envoi de cette édition allemande, la place est avant tout donnée aux pralines, aux approximations et à la bagarre. Au plaisir, quoi.
Des buts et buteurs
Il fallait certainement s’en douter, dès le 14 juin dernier. À Munich, l’Allemagne établissait le plus gros écart de l’histoire d’un match d’ouverture de l’Euro, en étrillant l’Écosse (5-1). Comme pour donner le ton. Sur la première journée, 34 buts ont ainsi été inscrits, soit dix de plus que l’édition précédente. Cette première journée est d’ailleurs la plus prolifique toutes éditions confondues et conforte donc aisément ce point de vue du « tout pour l’attaque ». En comparaison, l’entame de l’Euro 2020 avait par exemple accouché de quatre victoires 1-0 et d’un nul 0-0. Autre avantage du tournoi actuel : la variété de buteurs. En effet, aucun doublé n’a été inscrit sur les 34 réalisations initiales (sauf si on considère le CSC et le but de Gjasula mercredi comme un doublé) et tout le monde a pu y aller de sa frappe de raccroc ou de son missile en lucarne.
Enfin, au rayon chiffres, peut-être est-il intéressant d’ajouter que sur ces 34 pions, 7 ont été inscrits dans le dernier quart d’heure, 10 dans les 20 premières minutes. Quand on commence, on termine. Parmi les acteurs de ce spectacle, notre amour penche ainsi naturellement vers les réalisations de Niclas Füllkrug, Nicolae Stanciu, Arda Güler et le petit mais puissant Xherdan Shaqiri, tous auteurs d’un patator. Hommage également à Jamal Musiala et Fabián Ruiz, qui remportent la palme de la finesse. Et salutations à Antonio Rüdiger, Maximilian Wöber, Robin Hranáč et Klaus Gjasula, buteurs contre leur camp. No CSC, no party.
Skip the purge
Vous l’aurez compris, nous sommes aux antipodes de la compétition chiante. Un contexte enjoué, d’autant plus nourri par ses paradoxes. Explications. Roumanie-Ukraine et Turquie-Géorgie, deux siestes annoncées, se sont en effet avérés être parmi les deux plus intéressantes oppositions de ce premier tour. Par la qualité technique affichée, la beauté des buts marqués, l’ambiance en tribunes, mais surtout l’ouverture tactique proposée. Loin du jeu d’échecs régulièrement proposé en Ligue des champions – avec des rencontres au scénario bien souvent répétitif –, cet Euro semble être revenu aux racines du football d’avant. Celui qui voyait les équipes chercher à marquer un but de plus que l’adversaire. En illustration – et si l’on veut faire preuve d’un peu de mauvaise foi –, on se gaussera aussi en analysant les prestations de Phil Foden, Bernardo Silva, Mateo Kovačić ou Kevin De Bruyne. Tous issus du logiciel formaté par Pep Guardiola, et tous en difficulté. Coïncidence ou non, chacun se fera un avis. Voici donc le tableau global que nous propose cet Euro 2024 depuis son lancement. Un tournoi que beaucoup annonçaient sans réel engouement, mais qui a brillamment rattrapé son retard sur le terrain. Comme seul le football de sélection sait en offrir finalement : patrie, tripes et honneur.
Par Adel Bentaha