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Les Unions de Berlin et de Saint-Gilles vivent ensemble « leur rêve éveillé »

Propos recueillis par Baptiste Brenot
De Berlin à Saint-Gilles, c'est l'Union européenne

La Royale Union saint-gilloise et l'Union Berlin s'affrontent ce jeudi pour la quatrième fois de la saison, mais pour cette fois pour un ticket en quarts de finale de Ligue Europa. Le début d'une belle histoire d'amour ?

Casting : 

Daniel Rossbach, supporter de l’Union Berlin et animateur du podcast Textil Vergehen.

Kostas, capo saint-gillois des Union Bhoys.

 


Vous n’en avez pas marre de jouer l’un contre l’autre ?

Daniel Rossbach : Du point de vue football c’est pénible, c’est un adversaire coriace qui ne nous réussit pas (en phase de poules, la RUSG s’est imposée 1-0 à Berlin, qui en a fait de même au retour, alors que le huitième aller s’est achevé sur le score de 3-3, NDLR). Je ne suis pas confiant pour ce soir, ça sera du 50-50. On aimerait aussi profiter de la coupe d’Europe pour découvrir de nouveaux endroits ! Mais beaucoup d’entre nous n’avaient pas pu faire le déplacement à l’automne, c’est une bonne occasion de se rattraper. 

Kostas : J’étais à Berlin la semaine dernière et cette fois, j’ai pu rester trois-quatre jours et profiter un peu, donc tant mieux de les revoir.

 

Vous allez finir potes ?

Daniel : Nous avons eu quelques bons contacts, oui. On aurait dû se rencontrer la semaine dernière avant le match à Berlin, mais leur train a eu du retard, donc ça a été annulé pour des problèmes logistiques. J’espère que l’on pourra se rattraper ce jeudi ! 

Kostas : Quand on croisait des gens sur le chemin du stade, ils étaient très cool avec nous, des supporters adverses nous ont applaudis quand on quittait le stade, même s’il n’y a pas eu de contact officiel, il y a eu des échanges d’écharpes. C’était vraiment une bonne ambiance par rapport à ce qu’on peut voir autre part en Europe.

 

Vos valeurs communes facilitent le rapprochement ?

Kostas : Avec d’autres supporters de l’Union saint-gilloise, on était allé jouer une pièce de théâtre à Berlin en 2016. Ça s’appelait Do you still love me (mise en scène par Sanja Mitrovic, NDLR) et ça mettait en parallèle la passion des comédiens pour leur métier et celle des supporters pour leur club. Après la première représentation, on avait discuté avec des sympathisants de l’Union Berlin qui disaient se reconnaître dans ce qu’on racontait, et faisaient déjà un rapprochement entre les deux clubs, alors qu’on était encore en troisième division. Ces valeurs avec l’idée d’un foot populaire, ce côté club historique qui végète dans les basses divisions… Il y a des ressemblances dans notre histoire, comme dans nos valeurs ancrées à gauche, même si on ne le revendique pas ostensiblement.

Daniel : C’est un peu compliqué à résumer. Quand vous parlez de valeurs humaines, il y a un risque que cela soit romancé. L’ambiance autour de notre club, de l’équipe, du stade est spéciale, il y a des valeurs qui peuvent être liées, mais elles ne le sont pas nécessairement. Je suis le premier à prôner ces valeurs, à les défendre et essayer de les porter au sein du club, mais c’est important d’être réaliste. 

 

Qu’est-ce que ça fait, de passer de la seconde division à la Coupe d’Europe en aussi peu de temps ?

Daniel : C’est une sensation particulière. Après une décennie en deuxième division, passer d’une vague ambition de jouer la montée au haut du tableau de la Bundesliga deux années d’affilée sans vraiment l’avoir prévu, continuer à monter, d’abord en Conférence puis en Ligue Europa… On est ébahis à chaque instant par ce qui nous arrive. On se demande encore comment cela peut être vrai, c’est à des années-lumière de ce qu’on avait l’habitude de vivre depuis des années, voire des décennies. C’est aussi étrange que superbe.

Kostas : Ça fait bizarre. On vit un rêve éveillé. Ce n’est pas possible, un jour quelqu’un viendra nous dire que c’était une bonne blague et nous renvoyer en D3 ! C’est que du bonus. J’ai eu la chance de faire presque tous les déplacements européens, on y va sans pression, pour découvrir. C’est sûrement de là que vient notre succès ! Pour le premier match contre Berlin, sur le chemin, on se disait qu’on allait prendre une casquette. Finalement, on gagne 0-1. On a du mal à y croire, c’est hallucinant, irréel.

On rigolait entre nous quand on était 500, on se disait : “T’imagines si on avait notre tribune remplie ?” Ce serait mal venu de râler aujourd’hui alors que c’est tout ce qu’on souhaitait avant.

Kostas

Ce succès nouveau amène de nouveaux supporters…

Daniel : On n’a pas pu accueillir tellement de nouveaux supporters, puisque notre stade est sold out à pratiquement chaque rencontre. On a désormais plus de 30 000 adhérents, cela fait beaucoup, mais il n’a pas pu y avoir tellement de nouvelles têtes au stade par manque de place. La capacité du nouveau stade ne devrait toujours pas excéder notre nombre d’adhérents. Transmettre notre culture aux nouveaux arrivants, c’est toujours un challenge, même si nous avons plutôt bien réussi à préserver notre identité jusqu’à maintenant. Si des gens viennent, apprécient l’ambiance et qu’ils décident d’y participer, tant mieux !

Kostas : Il y a deux sentiments. Tout d’abord, on est contents, tout le monde est le bienvenu à l’Union. Après, quand arrivent de nouveaux supporters avec une vision un peu différente de la nôtre… Se mettre à râler si l’équipe joue moins bien, ce n’est pas dans notre mentalité. L’important n’est pas le résultat, mais d’être derrière l’équipe. Se battre ou quoi, ce n’est pas notre délire à l’Union saint-gilloise. Ou tu adhères à notre manière de supporter ou tu vas ailleurs. Après, on rigolait entre nous quand on était 500, on se disait : « T’imagines si on avait notre tribune remplie ? » Ce serait mal venu de râler aujourd’hui alors que c’est tout ce qu’on souhaitait avant.

 

Comment transmettre cette identité ?

Kostas : Si on voit quelque chose qui ne va pas en tribune, on réagit. L’autre fois, un mec a sifflé un joueur adverse parce qu’il est d’origine africaine. Mon pote l’a entendu et lui a dit qu’il n’y avait pas de ça ici, et que si tu ne le comprends pas, tu n’as rien à faire dans notre tribune. Ça passe par des échanges, mais aussi par des actions sociales, comme l’organisation de collectes pour les restos du cœur ou pour une association bruxelloise qui fournit des protections hygiéniques aux femmes dans le besoin. On essaye de faire passer un message sur ce qui nous réunit autour de l’Union saint-gilloise.

 

 

Vos deux équipes ont une image de « clubs de hipsters ». Ça vous pose problème ?

Daniel : Nous essayons de créer une ambiance particulière, non pas pour être « hype », ou pour plaire à qui que ce soit. Simplement pour vivre le foot à notre manière. Si ça plaît, c’est cool, mais pourquoi de nombreux clubs n’arrivent pas à proposer une expérience qui plaise autant ? Si vous venez nous voir et que vous appréciez le spectacle, profitez donc, il n’y a pas de problème ! Sinon, il y a plein d’autres équipes. On n’a pas besoin d’être hype, juste d’être nous-mêmes. 

Kostas : Franchement, ça me fait doucement rire. Une grosse partie de l’image de l’USG, c’est l’autodérision, donc nous traiter de bobos, ça nous fait marrer. On se vanne même dessus entre nous. Contre Anderlecht, on nous avait sorti une banderole « Bienvenue les mangeurs de boulgour et de quinoa », on en a rigolé. L’Union saint-gilloise est à l’image de son quartier, qui était populaire et qui se gentrifie. Ça en dérange certains, mais les anciens, on s’en fout. Comme quand un supporter d’Anderlecht dit qu’on est au foot ce que l’IPA est à la bière… Bah ouais, si vous voulez. Mais quand on était en D3 pendant des années et qu’on n’osait imaginer ne serait-ce que monter en D1 un jour, on était quand même là ! Eux, je ne pense pas qu’ils seront là si Anderlecht tombe en D3.

On n’a pas besoin d’être hype, juste d’être nous-mêmes.

Daniel Rossbach

C’est quoi la recette secrète pour passer de la D3 à l’Europe ?

Daniel : C’est évidemment un travail long, avec le coach et le directeur sportif, et un recrutement bien senti pour former un groupe avec une identité. Il y a eu beaucoup de turn-over, mais cette identité a su être préservée. Les nouveaux joueurs ont bien été intégrés, et ça a payé. Les joueurs se mettent au diapason pour faire les efforts et appliquer le plan de jeu, c’est un élément central. Les nouveaux joueurs ont pu bien assimiler ce qui fait la particularité de l’équipe. 

Kostas : Un peu comme à l’Union Berlin, ça tient en partie à la manière dont l’équipe a été construite. Ici, tu n’as pas de star. On a des gars qui ont un esprit revanchard. Notre système de recrutement est dicté par la data, qui est la spécialité du propriétaire Tony Bloom (également actionnaire majoritaire de Brighton, NDLR), mais une grande attention est portée au profil humain des recrues. Je pense que c’est ça le succès de l’Union : on voit bien dans la relation qu’ils ont avec les supporters que la majorité sont des bons gars, accessibles.

Comment un club qui évolue au haut niveau peut préserver cette idée d’un football populaire ?

Kostas : Tony Bloom et Alex Muzio, le président de l’Union saint-gilloise, sont de grands fans de foot. Une de leurs promesses était le respect de cette identité. Ils s’y tiennent, pour l’instant. Ça ne dérange pas tant que ça que des investisseurs externes arrivent avec leur pouvoir économique et leur data, finalement le club n’a pas tellement changé depuis leur arrivée. On était méfiants au début, ça fait maintenant plus de quatre ans et il n’y a rien à redire. C’est rare et difficile à comprendre, mais pour l’instant leur venue est une chance, ils sont assez exemplaires pour des propriétaires étrangers. On revendique un côté foot populaire, mais on a mis un doigt dans le professionnalisme, ça va être compliqué de faire marche arrière. Reculer, ça signera la mort du club, car les investisseurs se casseront, et ça sera compliqué de survivre.

Tu as une adresse à conseiller à Daniel pour aller boire une bière après le match ?

Kostas : Je lui conseille la brasserie Cantillon, tenue par des fans de l’Union depuis plusieurs générations, qui ont même fait une cuvée en collaboration avec la brasserie En Stoemelings, également tenue par des supporters de chez nous. Elle s’appelle la cuvée 1897, date de création de l’Union SG, et s’ils arrivent à la trouver, il faut qu’ils la goûtent car elle est spéciale ! Et si certains supporters sont encore là vendredi, ils peuvent venir visiter la brasserie. C’est une brasserie à l’ancienne, c’est super intéressant et une bonne occasion de faire de la dégustation. Franchement, si certains veulent venir s’amuser vendredi, je leur conseille vivement d’y aller !

Propos recueillis par Baptiste Brenot

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