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Florian Genton : « Quand on m’a annoncé le but d’Enzo, j’ai cru qu’il y avait erreur »

Propos recueillis par Quentin Ballue

Enzo Genton (18 ans), fils de Benjamin, a marqué son premier but pro au Moustoir vendredi, d’un retourné, participant au succès du FC Lorient sur l’AC Ajaccio (3-0). Et il a fini sa soirée en interview avec son oncle Florian, qui présentait cette soirée de Ligue 2 sur le plateau de beIN Sports. L’heureux tonton nous raconte ce moment fou.

Florian Genton : « Quand on m’a annoncé le but d’Enzo, j’ai cru qu’il y avait erreur »

Tu t’es remis de tes émotions après cette folle soirée ?

La nuit a été courte ! Déjà que c’est dur de trouver le sommeil en général après un multiplex, là, avec l’émotion du magnifique but d’Enzo, ça l’était encore plus ! Je me suis couché à un bon 3 heures du matin. J’ai eu Enzo en visio, on a refait le match au téléphone avec mon frère, ma belle-sœur… il faut profiter de ces magnifiques moments. C’est rare de pouvoir le dire : je suis heureux. Arriver à porter ce maillot que son père (Benjamin) a porté pendant des années (134 matchs entre 2004 et 2010, NDLR), et ce but qui est la cerise sur le gâteau – il n’en marquera pas à tous les matchs, encore moins comme celui d’hier soir ! Ça fait vraiment plaisir, c’est un formidable gamin qui mérite tout ce qui lui arrive.

Tu as réussi à avoir un œil particulier sur ce Lorient-Ajaccio au milieu du multiplex ?

Malheureusement non. Enzo avait fait sa première entrée en Ligue 2 cette semaine à Pau, on avait pu le vivre en direct avec un peu de réussite. Là, non, principalement à cause de l’utilisation des lasers. Nos cameramen sur place ne pouvaient pas travailler dans de bonnes conditions. Le match était réalisé de façon très moyenne, parce que perturbé. Il y avait 2-0 pour Lorient, on a commencé à mettre ce match un peu de côté, car les images n’étaient pas de bonne qualité et que le match semblait plié. Je n’ai pas vu son entrée en jeu, je l’ai appris en recevant un message sur mon téléphone. Ensuite, je n’ai pas imaginé un seul instant qu’il puisse marquer.

Ça te frustre, ce contexte conflictuel avec les supporters ?

On comprend les réserves de certains sur la programmation, bien sûr, mais je suis déçu pour les supporters d’Ajaccio et de Lorient qui ne peuvent pas suivre le match convenablement. On récupère les images après, mais bon, le but est phénoménal, on aurait aimé de meilleures conditions de réalisation. Un détail tout bête : dans le multiplex, je n’ai que six matchs, donc on essaie d’aller d’un stade à l’autre quand il y a un coup franc dangereux, un corner… Si la réalisation avait été parfaite, peut-être qu’on aurait vécu le but en direct, j’aurais vu corner pour Lorient, donc j’aurais donné la parole à David Benarousse. La question ne s’est pas posée, et c’est un peu dommage parce que de toute façon, ce n’était pas possible techniquement.

J’ai les jambes sciées. Quand David Benarousse annonce Enzo Genton, je me dis qu’il s’est trompé, ce n’est pas possible. Mais très vite, j’ai vu son visage, sa joie… c’est indescriptible. Je ne pensais pas pouvoir connaître ce sentiment. C’est un bonheur total.

Quelle est ta réaction au moment du but ?

Ça me coupe complètement. J’ai les jambes sciées. J’ai cru l’espace d’une seconde qu’il y avait erreur. Quand David Benarousse annonce Enzo Genton, je me dis qu’il s’est trompé, ce n’est pas possible. Il ne marque pas de but, ce n’est pas du tout son rôle. Il entre en défense, pour assurer le résultat, il n’y a aucune raison qu’il se retrouve dans les 20 derniers mètres. Je ne l’imaginais pas non plus monter sur un corner. Mais très vite, j’ai vu son visage, sa joie… c’est indescriptible. C’est tellement inattendu, tellement fort. Je ne pensais pas pouvoir connaître ce sentiment. C’est un bonheur total.

Tu arrives à contenir ton émotion ?

David Benarousse commente le but et me donne la parole très gentiment. J’ai tout de suite une pensée pour mon père, qui malheureusement nous a quittés. Il avait une relation très forte avec Enzo. On lit sur ses lèvres « Papou », le surnom donné à mon père. Ça me retourne, vraiment. Je fais attention à rester professionnel, mais dans ces moments, c’est difficile. En même temps, ça reste une histoire familiale, je ne suis pas convaincu que les supporters de Dunkerque, Clermont ou Grenoble assis sur leur canapé aient envie qu’on s’attarde là-dessus. Ce n’est pas trop mon genre de m’exposer donc je ne sais pas quoi dire, il faut quand même parler, mais pas trop en faire… Je le fais avec mon cœur et je savoure ce moment.

Tu avais parlé avec Enzo de la possibilité de vous retrouver face à face avec un micro ?

Quelques mois ou quelques années en arrière, on rigolait en se disant : « Imagine, tu deviens pro, je pourrai faire une interview avec toi ! » Mais là, sincèrement, ça ne m’a pas du tout traversé l’esprit. C’est allé très vite pour lui. Il gratte les miettes qu’il peut gratter, le voir entrer à Pau c’était déjà fou. Je n’avais jamais imaginé qu’on allait le faire en interview. C’est mon neveu, mais je ne vais pas imposer ma vie à tout le monde ! C’est un jeune de plus qui débute, on ne va pas le faire en interview parce qu’il a joué cinq minutes en Ligue 2, je ne suis pas convaincu que ça intéresse tout le monde. Vu qu’il ne marque pas de but, il n’y avait aucune raison qu’il puisse être en interview avec nous. La seule possibilité, c’était de faire ce qu’il a fait hier.

Family business.
Family business.

Hors antenne, quand tu as retrouvé Enzo en visio, vous avez relâché ?

Oui, il était rentré chez lui, chez ses parents. Quand il était au centre et qu’il allait voir les matchs, il adorait que les pros viennent les voir, donc il s’était promis d’aller saluer les jeunes pour sa première au Moustoir. Il nous racontait ça, l’ambiance dans le vestiaire, ce qu’il allait faire ce week-end, profiter, et se remettre au travail. La famille est comme ça : c’est très bien, mais ce n’est pas un aboutissement, il y a encore beaucoup de paliers à franchir pour qu’il exerce sa passion du mieux possible.

Tu l’as chambré sur son but ?

Bien sûr ! Je lui dis : « Mais qu’est-ce que tu fais là ? Pourquoi t’es là ? » En plus, il s’échauffait, mais ce n’était pas spécialement à lui de rentrer. Lorient mène 1-0 quand il entre. L’attaquant Mohamed Bamba a des crampes, le staff hésite entre un changement poste pour poste et faire entrer un joueur un peu plus défensif. Ils font ce choix-là avec Enzo. L’entraîneur des gardiens lui avait dit de monter sur les phases arrêtées. Il y a un corner, le ballon arrive, c’est le seul geste qu’il peut faire, il la reprend magnifiquement bien. Donc je l’ai prévenu : « Maintenant, on attend ça chaque semaine ! »

C’est le fils de son père : dans le jardin, c’était plutôt des tacles ! Je n’ai pas le souvenir de l’avoir vu marquer un but, et encore moins un but comme ça. Y compris dans le jardin.

Tu l’as vu mettre des buts similaires dans le jardin plus jeune ?

Jamais, jamais ! C’est le fils de son père : dans le jardin, c’était plutôt des tacles ! Je n’ai pas vu tous ses matchs parce qu’ils sont à Lorient et moi à Paris, mais je n’ai pas le souvenir de l’avoir vu marquer un but, et encore moins un but comme ça. Y compris dans le jardin.

Quelle est ta relation avec Enzo ?

J’ai une relation très forte avec son père, qui est mon frère, mais aussi mon meilleur copain et mon modèle. Je suis très proche de ses enfants, je les vois régulièrement. J’ai deux enfants, mes deux frères en ont trois chacun et Enzo, c’est le deuxième plus grand. Pendant quelques années, il a été un peu « le seul » en attendant que les autres arrivent, on a partagé de formidables moments. Le fait qu’il soit dans le foot, comme moi et comme son père (qui a coaché Enzo chez les U19 du FCL et est aujourd’hui dans le staff de l’En Avant Guingamp), ça nous rapproche aussi. On a beaucoup de discussions sur le foot, il est passionné par le sport. Quand on se voit, on prend un ballon, on se fait des passes, on jongle. Il est pareil avec mes enfants. Un ballon, on joue. La passion et le travail sont récompensés, on parle d’un super gamin qui vient d’avoir son bac S avec mention, il va bientôt passer son permis. Tout est carré, organisé. Comme il dit, « précis, pas pressé », c’est sa grande phrase.

À l’antenne, tu as dit que tu lui prenais la tête à chaque match et à chaque entraînement.

Pas tous les jours. (Rires.) Je suis uniquement son tonton, je ne suis pas avec lui au quotidien. Là, je l’avais eu avant le match. (Montassar) Talbi était suspendu, donc je lui ai dit : « T’as vu, une place s’est libérée en défense centrale. Est-ce que t’as fait le maximum pour être titulaire ? Est-ce que t’as laissé une bonne impression ? Est-ce que t’es en forme ? » Je ne suis pas là à l’appeler tous les jours pour savoir s’il s’est bien entraîné et s’il a progressé sur ses transversales pied gauche, pas du tout !

Tu lui as aussi glissé : « Ne fais pas de faute de français, t’es en direct, montre que la famille t’a bien élevé ! »

Quand tu es en direct à la télé, ça peut être lourd. Mais si je lui dis ça, c’est que je sais qu’il n’en fera pas. Si je me dis qu’il peut en faire, je vais le mettre à l’aise, je ne vais pas déconner là-dessus. Je sais qu’il va très bien s’exprimer, qu’il va bien se tenir. On est en direct, j’ai parlé une minute avec lui, ça sort tout seul. Dans la famille, on est simple. On profite de ce moment-là, on se marre, on se chambre avec bienveillance.

Ça restera l’une des plus grandes soirées de ta carrière ?

Ah oui, il n’y a pas de débat. J’ai eu la chance de faire beaucoup de choses, de couvrir de grands événements, mais ce sont des moments où tu es un peu seul. Là, il n’y a pas de mots particuliers, c’est un petit, c’est la famille. Il y a tout. C’est la plus belle soirée de ma carrière, bien sûr.

Maintenant, qui est le prochain membre de la famille qui va percer dans le foot ?

C’est pas gagné, on va voir ! Ce qui est sûr, c’est qu’on est une famille de footballeurs : mon père, mes deux frères, nos enfants, etc. J’ai toujours une grande pensée pour ma mère, qui suit le foot par « obligation ». Mon plus grand joue en U13, il jouait Le Perreux-sur-Marne ce matin. Son petit frère Lucas est dans le plâtre en ce moment. On verra, le but est qu’ils se fassent plaisir, qu’ils grandissent tranquillement. Chaque chose en son temps. C’est aussi l’exemple donné par Enzo : quand on veut, on peut. Il y a des joueurs frappés par la grâce comme Messi, Mbappé, Neymar, Ronaldo, et il y en a d’autres, peut-être moins talentueux, qui avancent avec l’abnégation, le travail, etc. Quand Enzo a repris l’entraînement cet été, ce n’était pas prévu qu’il intègre le groupe professionnel. L’année dernière, il a commencé avec les U19 Nationaux et a fini dans l’équipe de National 2. Pour progresser, il faut travailler et être conscient de ses lacunes. Il a cette qualité.

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Enzo Genton marque son premier but en Ligue 2 d’un retourné acrobatique, son oncle commente
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Propos recueillis par Quentin Ballue

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