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Pierre Wantiez : « Le FC Martigues peut exister en Ligue 2 »

Propos recueillis par Damien Guillou

Forcé de migrer hors de ses bases jusqu’à janvier en attendant la mise aux normes de son enceinte à la Ligue 2, le FC Martigues ne recevra plus au stade Vélodrome. Un mirage de seulement quatre matchs qui a - en partie - plombé les finances du plus petit budget du championnat. À la barre d’un bateau sang et or qui fera désormais escale à Gueugnon pour jouer « à domicile », Pierre Wantiez nie les rumeurs d’un dépôt de bilan. Interview d’un président en pleine tempête.

Pierre Wantiez : « Le FC Martigues peut exister en Ligue 2 »

Après quatre ans à la direction générale du Havre, vous vous étiez promis de prendre votre retraite en 2022. Qu’est-ce qui vous a fait rempiler ?

La saison passée, à Sochaux, il y avait, pour moi, une obligation morale. Je suis franc-comtois, le club était menacé de disparition, donc je voulais tout donner pour contribuer à le sauver. Ici, c’est Niša Saveljić, qui est proche des actionnaires, et avec qui j’ai tissé un lien fort, qui m’a sollicité. Le FC Martigues avait besoin de quelqu’un maîtrisant bien les rouages de la gestion d’un club… et qui mette la tête dans les comptes.

Justement, dans quel état trouvez-vous le FC Martigues lors de votre prise de fonction cet été ?

J’ai été appelé dans les tout derniers jours de juin. Le club allait passer devant la DNCG, juste avant la date limite d’audition, ce qui n’est jamais bon signe. Un double apport de fonds de la part des investisseurs a permis de valider notre accession en Ligue 2. Sans cela, le club aurait pu couler. Malgré ce soulagement, certains éléments m’ont mis la puce à l’oreille dès le début de ma mission. Je me suis en effet étonné d’hypothèses budgétaires très optimistes, comptant notamment sur une affluence de 7000 spectateurs en moyenne par match au stade Vélodrome, alors que le club tournait à 2500 à Francis-Turcan la saison dernière. Autre exemple assez frappant : les 250 000 euros de résultats nets prévus via le merchandising. C’est 25 fois ce qui a été réalisé pendant l’exercice 2023-2024… Même chose pour les recettes de sponsoring, dont la projection avait été multipliée par quatre ou cinq. Dès mes premiers rendez-vous avec les actionnaires, je les ai clairement avertis que l’apport qui leur était initialement demandé pour cette saison avait été sous-estimé.

Les pertes se sont élevées à plus de 150 000 euros pour chaque match joué à Marseille !

Le fait de jouer à Marseille en attendant la mise en conformité de votre stade était-il une erreur ?

Je pense que les personnes qui ont fait ce choix l’ont fait de bonne foi. Et je conçois que dans la région, jouer au stade Vélodrome représente un symbole fort, presque quelque chose de fantasmagorique. Mais au vu des réalités économiques, c’était peut-être se voir trop beau. Location, dispositif de sécurité, manque à gagner en billetterie dû au fait que les supporters adverses ou assimilés ont parfois été interdits de déplacement etc. : les pertes se sont élevées à plus de 150 000 euros pour chaque match joué à Marseille ! Et puis d’autres facteurs, dont personne n’est responsable au FC Martigues, sont venus s’ajouter à cela…

Vous faites référence aux droits TV…

On ne pouvait pas imaginer que les choses allaient prendre cette tournure. Alors certes, tous les clubs de Ligue 2 sont concernés, mais une telle dégringolade des recettes liées aux droits TV, pour un budget comme le nôtre (autour de 7 millions d’euros, NDLR), c’est vraiment très compliqué. On parle là d’un manque à gagner entre 1,5 et 1,8 million, rendez-vous compte…

 

Au-delà de cette conjoncture, des rumeurs font état de factures impayées par le FC Martigues. Qu’en est-il vraiment ?

Lepa Galeb-Roskopp, notre propriétaire, s’est exprimée à ce sujet ces derniers jours. Elle a confirmé que l’argent avait été mal géré la saison dernière et que des factures n’ont effectivement pas été réglées. Certaines accusent 15 mois de retard, donc je me mets à la place des prestataires qui ont travaillé pour le club, ont vu la DNCG lui accorder la montée en Ligue 2, et attendent toujours leur chèque. On est en train de tout reboucler en interne, afin de faire un examen de dettes. Et ces factures, on va les honorer. Dire que l’économie du FC Martigues est actuellement fragile, ok, mais affirmer que nous serons bientôt en cessation de paiements, ce n’est pas vrai. La réalité, c’est qu’il y a aujourd’hui un trou dans la raquette qu’on estime entre 600 000 et 800 000 euros. C’est quand même 10% de notre budget…

Non seulement on va finir la saison, mais on veut surtout construire des bases solides pour que la suivante soit meilleure. On a envie de croire que le FC Martigues peut rêver à un avenir qui ressemble à ce qu’il a connu d’antan.

Il n’y a donc pas de risque que le club ne termine pas la saison ?

Non seulement on va finir la saison, mais on veut surtout construire des bases solides pour que la suivante soit meilleure. On a envie de croire que le FC Martigues peut rêver à un avenir qui ressemble à ce qu’il a connu d’antan. C’est un club qui peut exister en Ligue 2. Il doit pour cela se structurer et développer des partenariats qui lui permettront, à la prochaine intersaison, de se concentrer uniquement sur le sportif. Le but, c’est donc de se sauver, et d’avancer. Nos actionnaires se sont engagés à remettre la main à la poche pour cela. Je leur fais confiance.

On imagine que malgré cela, la situation actuelle et le fait que vous soyez délocalisé à Gueugnon jusqu’à la fin de l’année génèrent de la crispation en interne…

Franchement, c’est normal. Mais j’ai échangé très longuement avec notre coach, Thierry Laurey, ce week-end, et il m’a confirmé que lors du match amical qu’on a disputé ce week-end contre Bastia (1-1), les gars avaient vraiment, vraiment les crocs. Alors oui, clairement, il y a des perturbations, et sans doute même de la frustration, voire un sentiment d’injustice chez des éléments qui jouent moins cette saison que la précédente. Mais bon, un joueur qui fait la gueule parce qu’il est sur le banc, ça me semble logique. Et au moins, ça veut dire qu’il se sent concerné. Tant mieux, car cette saison, on va sans doute faire partie d’un chapeau de 3-4 équipes qui vont se battre jusqu’au bout pour le maintien. Et, sur le terrain comme en coulisse, on aura besoin de tout le monde…

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« L’argent a été mal géré la saison dernière », admet la propriétaire de Martigues
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