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Tchouaméni : un brassard et après ?
Propulsé capitaine des Bleus lors de ce rassemblement, en l’absence de Kylian Mbappé, Aurélien Tchouaméni a changé de statut, malgré un niveau de jeu pas forcément rassurant.
Hors terrain, le grand gagnant du dernier rassemblement des Bleus se nomme Aurélien Tchouaméni. À 24 ans, l’ancien Bordelais a eu l’honneur de porter le brassard tricolore face à Israël puis contre la Belgique. « C’est un sentiment indescriptible. C’est quelque chose dont j’ai rêvé quand j’étais plus jeune », confiait à Téléfoot celui qui n’avait jusque-là que peu goûté à ce plaisir en club, avant de poursuivre : « Ce que serait un leadership idéal ? Quelqu’un qui rassemble, quelqu’un qui respecte tout le monde, qui permet au groupe de se sentir le mieux possible, qui peut réussir à galvaniser ses coéquipiers. […] Je suis plutôt une force tranquille, quelqu’un qui peut prendre la parole de temps en temps. Après, ce n’est pas quelque chose que je fais régulièrement parce que j’estime que ce n’est pas forcément ce qui me caractérise le mieux. » Mais alors, qu’est-ce qui fait d’Aurélien Tchouaméni un leader pour les Bleus, à l’heure où ses performances sur le pré peuvent prêter à débat ?
Le cercle des leaders disparus
Pour situer, remontons au printemps 2022. Dans une interview à So Foot (n°197), Didier Deschamps décrivait son mode de fonctionnement à Clairefontaine : « Lorsque j’étais en club, je m’appuyais sur trois joueurs : un leader technique, un leader physique et un leader mental. En équipe de France, je suis passé à cinq joueurs, qui sont représentatifs du groupe : quatre cadres et un jeune appelé à mûrir, à grandir, dans son rôle de leader. » Raphaël Varane et Paul Pogba, en leur temps, ont été ces jeunes, comme l’a été ensuite Aurélien Tchouaméni. Mais après 36 sélections en trois ans, le Madrilène a visiblement rejoint le club des quatre cadres. « La composition de ce cercle s’opère naturellement, mais il est important pour tenir le cadre », développait Deschamps en 2022.
Deux ans plus tard, DD a propulsé le milieu de terrain au rang de leader mental, à en croire ses explications au micro de Téléfoot : « Je ne vais pas faire parler certains si cela ne correspond pas à ce qu’ils sont. Il y a des leaders expressifs, des leaders techniques, des leaders physiques, sur l’aspect mental… Aurélien a cette capacité. Car ce n’est pas tout de prendre la parole en criant. Il y a le fond et la forme, c’est-à-dire les mots qu’on utilise et le faire à bon escient. » Ce serait donc pour son aspect réfléchi et sa fiabilité en conférence de presse, où l’ancien Monégasque pèse toujours ses mots, que Tchouaméni aurait été préféré à Mike Maignan, Ibrahima Konaté et Jules Koundé : trois joueurs dont les performances et l’aura dans le vestiaire en faisaient des capitaines crédibles. D’autant que ces derniers, contrairement à Tchouaméni, répondent aux attentes sportives sur le terrain.
Un statut qui s’effrite
Depuis le départ de Toni Kroos, Tchou-Tchou se retrouve en première ligne au Real Madrid, ce qui ne lui réussit pas franchement depuis le début de la saison. Contraint de combler l’immense vide laissé par l’Allemand dans la création du jeu, le Français ne parvient pour le moment pas à le faire oublier, ce que la presse madrilène pointe de plus en plus du doigt. « C’est sûr que Toni était très important. Nous, les milieux, on a plus de responsabilités à la relance. On sait que l’on doit tout faire pour gagner des matchs », admettait-il ainsi avant d’affronter Lille en Ligue des champions. Le retour de blessure d’Eduardo Camavinga n’a d’ailleurs pas arrangé la situation de Tchouaméni, doublé par son compatriote dans la hiérarchie, alors qu’une doublette Camavinga-Valverde semble s’installer.
1 – Aurélien Tchouaméni est le 1er joueur de l'équipe de France exclu depuis Jules Koundé en septembre 2021 (v Bosnie), et le 1er en tant que capitaine au coup d'envoi depuis Zinedine Zidane en finale du Mondial 2006. Douloureux. pic.twitter.com/0URIj0S8DV
— OptaJean (@OptaJean) October 14, 2024
Face à Israël, Eduardo Camavinga a d’ailleurs éclipsé la bonne prestation de Tchouaméni. Mais, trois jours plus tard, l’ancien Bordelais a passé une soirée bien plus compliquée à Bruxelles, submergé au milieu de terrain et incapable de freiner les vagues belges avec Manu Koné, abandonnant sa défense. Pire encore : il est devenu le premier capitaine tricolore expulsé depuis Zinédine Zidane en 2006, après un deuxième jaune évitable sur une intervention mal négociée sur Youri Tielemans, qui filait au but. Certains parleront de sacrifice, d’autres de maladresse. Si ses capacités de fédérateur dans le vestiaire ne font pas débat, le capitaine par intérim des Bleus a d’autres combats à mener pour le moment, à commencer par retrouver son niveau avec les Bleus. Car s’il trouvait « qu’on en faisait trop » sur le cas Mbappé, on n’en fait peut-être pas assez sur le cas Tchouaméni.
Par Adrien Hémard Dohain