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El Aynaoui dans le grand bain

Par Alexandre Plumey

Arrivé sur la pointe des pieds dans le Pas-de-Calais, Neil El Aynaoui s’est imposé dans l’entrejeu lensois et postule une place de titulaire contre le PSG. Dans un registre différent, le milieu de terrain arrivé de National 1, qui ne connaissait pas la L1, a vite appris sans se brusquer, conseillé par son père, ancienne gloire du tennis mondial.

El Aynaoui dans le grand bain

C’est au bord d’une piscine que Neil El Aynaoui fut présenté aux supporters du RC Lens, fin juin 2023, lors de sa signature. À cette époque où la météo encourageait grandement à faire trempette, personne ne se doutait encore que ce jeune milieu de terrain de 22 ans allait sauter dans le grand bain de la Ligue 1 et de la Ligue des champions, non pas avec l’assurance d’un bébé nageur, mais plutôt en crawleur aguerri. Même sa suspension de cinq matchs subie à la suite d’une expulsion avec l’AS Nancy Lorraine en fin de saison dernière et donc affectant son début d’aventure lensoise ne l’a pas fait patauger à ses débuts, ni n’a ébranlé sa tranquillité, lui l’adepte de la sophrologie et de la visualisation pour se relaxer. Au contraire.

Les plus superstitieux retiendront qu’il a fallu que l’international marocain U23 soit qualifié sur une feuille de match et entre en jeu contre Toulouse pour que l’hémorragie de défaites sang et or de l’été s’arrête avec un succès à Bollaert, le 24 septembre. « Ce match, c’est le scénario parfait pour moi, je rentre, je récupère le ballon, on se projette et marque le but décisif, confiait le principal intéressé en conférence de presse juste avant les fêtes. Ça m’a donné de la confiance. » Cumulant ensuite les apparitions en fin de rencontre pendant le mois d’octobre, la recrue fait une entrée remarquée dans le onze de Franck Haise contre l’OM, juste avant la trêve internationale de novembre. Seulement deux semaines après son premier but contre Nantes et trois après un doublé en réserve, quand il lui fallait retrouver du temps de jeu. Une place de titulaire que le natif de Nancy n’a plus quittée depuis en Ligue 1, en attendant de savoir s’il la conservera pour la réception du PSG, ce dimanche.

Sa suspension, un mal pour un bien ?

Une adaptation express qui n’étonne pas son paternel, Younès El Aynaoui, l’ancien numéro 14 mondial de tennis en 2003. Tout en sérénité. De père en fils. La même que le numéro 23 a affiché contre Monaco en Coupe de France, ce dimanche, pour se présenter face à Radosław Majecki et convertir son tir au but en plein cœur d’une mort subite. « Sa suspension lui a permis de prendre le temps de s’adapter. Neil était dans les starting-blocks, avec un élastique très tendu qui le retenait. Par chance, il a intégré l’équipe quand elle allait mieux, cela a facilité son éclosion », observe l’actuel entraîneur du tennisman Hugo Gaston. « Cinq matchs, ça peut paraître très long. Cette menace de suspension et le fait de quitter son cocon étaient une petite crainte du clan familial, très protecteur, à l’heure de partir », avoue Sébastien Janodet, président de l’AS Nancy-Lorraine à l’heure du transfert vers Lens. Une transaction autour de 600 000 euros, soit l’hypothèse la plus haute prévue parmi les différents cas de figure (selon la division de l’ASNL), alors qu’à trois jours près, Neil El Aynaoui était libre. Une façon de remercier la maison.

Cette menace de suspension et le fait de quitter son cocon étaient une petite crainte du clan familial, très protecteur, à l’heure de partir.

Sébastien Janodet, ancien président de Nancy

Tandis que plusieurs écuries françaises s’étaient renseignées à l’été 2022 pour le joueur de L2 relégué en National 1, le Meurthe-et-Mosellan avait fait le choix de la sagesse – que plusieurs observateurs n’avaient pas compris sur le moment – de rester en N1 pour s’aguerrir. « Ce n’était pas une frustration de rester. Il montre aujourd’hui qu’il a le niveau L1, mais il n’avait pas le sentiment de perdre son temps en N1, avoue Sofian Sahrij, son éducateur en U11, resté proche de la famille. Cette saison lui a servi. » Tout comme celle en U13, qui, avec le recul, lui a été bénéfique près de dix ans plus tard. « Neil faisait partie d’une très belle génération 2001. On a accéléré le processus et intégré tôt du foot à 11 alors qu’à leur âge, c’est sur demi-terrain. Il est intelligent, donc il a assimilé ce qu’on demandait avec un temps d’avance », note Benjamin Brat, responsable de l’école de foot à l’époque, qui a découvert un joueur « très bon techniquement en U8, à son arrivée ». Autrement dit, à son retour en France après avoir grandi dans la banlieue barcelonaise où son père s’entraînait. Une terre fertile pour des manieurs de ballon, de quoi expliquer cette passion pour le ballon rond plutôt que la petite balle jaune.

Débuts timides à Nancy et « trop » respectueux

À cette période, pas de sirop ni de tacos dans le sac de l’apprenti footballeur qui sera surclassé dès les U10. Le sportif de haut niveau, jeune retraité, qu’était son papa veillait. « Il était présent, mais dans le bon sens du terme. Les repas emportés en tournoi, c’était carré », sourit Sofian Sahrij, l’éducateur devenu agent, sans toutefois gérer sa carrière. Il ne l’empêchait pas d’être un gamin de son âge, mais sans excès. Et surtout, il lui expliquait pourquoi. Parce que souvent, on interdit mais sans expliquer. » À l’heure ou les « projets Mbappé » excessifs sont dénoncés, Sébastien Janodet loue l’apport des parents. « Entre la mère et le père, chacun conseille sur ses aspects. Neil écoute beaucoup, mais c’est lui qui décide finalement. » Ce que confirme Younès El Aynaoui : « Je ne lui donne pas de conseils tactiques, ce n’est pas mon rôle. Mais sur le travail individuel, je suis là. Surtout que j’ai pratiqué un sport individuel, donc j’ai su gérer tout ça. Je sais qu’il y a plein d’à-côtés comme le repos physique et mental, la nourriture, qui automatiquement dans le sport collectif sont moins enseignés ou se font en groupe. »

Je sais qu’il y a plein d’à-côtés comme le repos physique et mental, la nourriture, qui automatiquement dans le sport collectif sont moins enseignés ou se font en groupe.

Younès El Aynaoui, papa et ancien tennisman

Le groupe, c’est justement ce qui aurait pu freiner le développement de la pépite issue du centre de formation Michel-Platini. « C’est un coéquipier parfait, loue Albert Cartier, son troisième entraîneur en professionnel après Daniel Stendel et Benoit Pedretti. Peut-être “trop”. Il était réservé, respectueux et humble, donc avait des difficultés à s’imposer dans le groupe à mon arrivée. » Ce qui pouvait, parfois, se ressentir sur le terrain. « C’est le thermostat de son équipe. Il a cette capacité de réguler le jeu avec et sans ballon. Par contre, je voulais le voir se projeter, finir à proximité de la surface de réparation. Au début, Neil me répondait qu’il était encore jeune. Comme si sa jeunesse ne lui permettait pas d’influer offensivement. Progressivement, il s’est libéré. On le voit avec Lens, ça va mieux, mais ça reste son axe de progression pour s’étoffer encore plus. » D’autant qu’au Pôle Espoirs, ses formateurs lui prédisaient un avenir plus offensif, lui qui avait été sélectionné comme joueur de côté, voire meneur de jeu. Avec 7 buts et 4 passes décisives depuis ses débuts, c’est finalement dans un profil davantage box to box que Neil El Aynaoui s’épanouit et marche non pas sur l’eau de la fameuse piscine, ni sur la lune, mais sur la Ligue 1.

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