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Bernardo Silva, le cerveau de la bande

Par Tom Binet

Souvent loué pour sa compréhension du jeu hors du commun, Bernardo Silva a fait tomber jusqu'à Pep Guardiola sous son charme au fil des années. Déterminant dans le magnifique parcours de Manchester City jusqu'à cette finale de Ligue des champions face à l'Inter, le Portugais est-il aujourd'hui le joueur le plus intelligent de la planète ?

Bernardo Silva of Man City during the UEFA Champions League Semi Final (2nd leg) football match between  Man City v Real Madrid at the Etihad Stadium in Manchester, England.
Bernardo Silva of Man City during the UEFA Champions League Semi Final (2nd leg) football match between Man City v Real Madrid at the Etihad Stadium in Manchester, England. Photo by Agencia LOF / Icon Sport Photo by Agencia LOF / Icon Sport

« C’est l’un des meilleurs joueurs que j’ai entraînés dans ma vie. Bernardo est un joueur tellement important dans ce type de matchs, il peut jouer au milieu de terrain, faux neuf, il a récemment marqué beaucoup de buts. Tu peux lui demander de jouer à tel poste, il comprend tout, se félicitait Pep Guardiola après la démonstration de son Manchester City face au Bayern Munich, lors de laquelle Silva avait marqué et fait marquer. Bernardo est footballeur. Qu’est-ce que ça veut dire ? Il jouera partout parce qu’il comprend le jeu. Il a la capacité de le lire. » Ce n’est bien sûr pas la première fois que le technicien espagnol couvre son joyau de louanges. Mais en mettant l’accent sur sa compréhension du jeu, Guardiola soulève une question : Bernardo Silva serait-il le joueur le plus intelligent en activité ? L’homme au « QI football » le plus élevé ? À titre d’exemple, le Portugais a évolué dans pas moins de six positions différentes cette saison, y compris piston gauche, une expérience qui ne l’a pas pleinement séduit. Pour percer le coffre-fort de l’Inter ce samedi à Istanbul, les Citizens auront bien besoin de leur tête pensante, qui devra résoudre l’équation proposée par Simone Inzaghi depuis son aile droite.

Nous avions déjà constaté qu’en matière de compétences cognitives, il était exceptionnel.

João Tralhão, son entraîneur avec les U19 de Benfica

La polyvalence, une forme d’intelligence

Cette polyvalence impressionnante, déjà démontrée à Monaco ou lors de ses jeunes années à Benfica, Bernardo Silva en a fait une force. Une marque de fabrique, presque. « C’est clairement une forme d’intelligence, assure Predrag Petrovic, professeur associé au département clinique des neurosciences du Karolinska Institute de Stockholm et auteur de plusieurs études sur les capacités cognitives des footballeurs. Le simple fait de pouvoir jouer différents rôles est quelque chose de très lié à l’intelligence footballistique. » Une première illustration de la réflexion portée par le bonhomme sur le jeu. « Il faut être ouvert pour apprendre, aller poser des questions aux autres joueurs pour mieux les comprendre. Je parle beaucoup de foot avec Ruben Dias. J’ai beaucoup de curiosité pour connaître et savoir ce qu’il fait pendant le match, assurait récemment l’intéressé dans les colonnes de France Football. Ça m’intéresse de savoir ce que font les joueurs à leur poste, derrière, au milieu ou devant. C’est important d’avoir de l’intérêt pour les autres et d’apprendre pour mieux comprendre l’ensemble. »

Une partition globale que le jeune Bernardo Silva interprétait déjà admirablement au sein des équipes jeunes de Benfica. « Nous avions déjà constaté qu’en matière de compétences cognitives, il était exceptionnel, se souvient João Tralhão, son coach chez les U19 des Aigles. Lorsque vous avez un entraîneur comme Guardiola, il exige beaucoup de vous. Le type de jeu qu’il veut mettre en place est tellement complexe. Et pour s’adapter, il faut bien sûr être talentueux, mais aussi être intelligent. Je pense que c’est le mariage parfait entre un entraîneur et un joueur. » Lui aussi passé par Monaco comme adjoint de Thierry Henry, le technicien lusitanien assure que dès son adolescence, il était persuadé qu’il n’était qu’une question de temps avant que Bernardo Silva n’impressionne le monde du ballon rond. « Ce que je peux souligner dans le football de Bernardo, c’est qu’il était un milieu de terrain complet. Il aimait construire à partir de l’arrière, créer des situations pour nos attaquants, mais aussi finir. Mais surtout, il pensait toujours deux ou trois secondes avant les autres, de sorte qu’il pouvait anticiper toutes ses actions, tous ses comportements. »

Si j’étudiais également Bernardo Silva, je pense que j’obtiendrais un profil général très élevé, probablement davantage comme Iniesta que Xavi.

Predrag Petrovic, chercheur au Karolinska Institute de Stockholm

Dans les gènes

Une capacité d’adaptation et à résoudre les différents problèmes qui se posent à lui qui interpelle. Auteur de plusieurs études mettant en avant les capacités cognitives largement supérieures à la moyenne des joueurs professionnels, Predrag Petrovic a notamment eu la chance d’étudier de près les cerveaux de Xavi et Iniesta, de leur temps au Barça. « Si j’étudiais également Bernardo Silva, je pense que j’obtiendrais un profil général très élevé, probablement davantage comme Iniesta que Xavi. Les deux étaient fantastiques, mais en ce qui concerne la flexibilité concrète d’Iniesta (soit la capacité à s’adapter cognitivement aux différentes situations, NDLR), il était parmi les un sur mille les plus élevés, ce qui est extrême, même pour un joueur de football professionnel. En voyant ce que fait Bernardo Silva, je pense qu’il serait aussi impressionnant. » Don du ciel à la naissance ou bien cerveau développé à force de travail acharné ? « Je pense qu’il est né avec la majeure partie de ces qualités, assure le chercheur. Il les a peut-être renforcées, mais je dirais de l’ordre de 10%. Le reste est génétique, en quelque sorte. Il est né avec. »

Photo : Spi / Icon Sport
Photo : Spi / Icon Sport

De quoi faire du Portugais un véritable chef d’orchestre, toujours enclin à placer les différents protagonistes à sa guise sur le pré. «Tous les joueurs aiment être guidés par lui, reprend Tralhão. Il était toujours en train de donner des indications à ses coéquipiers : “Tu dois venir ici”, “Tu dois aller vers l’avant”, “Tu dois aller au pressing”… En tant qu’entraîneur, vous pouvez être serein concernant la position dans laquelle vous décidez de le faire jouer. Vous pouvez être sûr qu’il sera performant parce qu’il connaît tout du jeu. » Au point que le coach se souvient que l’intello prenait régulièrement part aux causeries tactiques : « Quand nous parlions des plans de jeu pendant la semaine, il montrait comment nous devions jouer, notre modèle de jeu, tout ce que nous allions faire à l’entraînement. Il pose des questions de manière positive, pour s’assurer qu’il comprend tout. »

Dans son propre espace-temps

Une appréhension du jeu que l’international lusitanien combine à merveille avec son talent balle au pied (même s’il ne sait que faire du droit), ce qui en fait un joueur délicieux à regarder jouer. « On peut voir comment il planifie les choses à l’avance, admire Petrovic. C’est difficile de ne retenir qu’une seule action, mais combien de fois l’a-t-on vu avec deux ou trois joueurs autour de lui et se débarrasser d’eux tout en sachant déjà ce qu’il va faire ensuite ? J’ai vu des joueurs qui couraient beaucoup, mais qui n’étaient pas au bon endroit au bon moment et qui devaient compenser. Lui n’a pas besoin de compenser quoi que ce soit, il a les deux. C’est justement son extrême flexibilité qui lui permet d’avoir une vision plus globale de ce qui se passe sur le terrain. » Comme si à chaque fois qu’il pénétrait sur le pré, l’ancien Monégasque évoluait dans un espace-temps qui n’appartient qu’à lui. « Il comprend les espaces libres, quand les occuper, comment les créer, renchérit Tralhão. Je pense que ce que Pep voulait dire, c’est qu’il comprend le jeu parce qu’il comprend les espaces. »

Messi fait également tout plus rapidement que les autres. Avec Bernardo Silva, ils jouent dans une échelle de temps différente.

Predrag Petrovic, chercheur au Karolinska Institute de Stockholm

De quoi en faire l’un des tout meilleurs dans ce domaine ? « Je n’ai jamais testé Messi, mais si vous essayez de penser au traitement de l’information qu’il effectue, il fait également tout plus rapidement que les autres, analyse encore Petrovic. Il traite les informations et fait des choses plus complexes. Avec Bernardo Silva, ils jouent dans une échelle de temps différente. Cela tient aux informations qu’ils ont collectées, ils sont beaucoup plus rapides à résoudre tous les problèmes qui se présentent, pour arriver à accomplir une tâche donnée. » Gaucher – presque – exclusif d’à peine 1,70m, voilà peut-être la recette pour dominer la planète football avec son cerveau. Un argument de plus pour ceux qui voient dans le Portugais un remplaçant idéal à l’Argentin du côté du PSG. Histoire de le voir venir donner des conseils de placement et de déplacements à Kylian Mbappé et ses copains.

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Par Tom Binet

Tous propos recueillis par TB, sauf ceux de Pep Guardiola et de Bernardo Silva.

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