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Pour les supporters parisiens, c'était la journée de l'infâme

Par notre envoyé un peu spécial, Matthieu Darbas, entre Sceaux et Munich
Pour les supporters parisiens, c'était la journée de l'infâme

Si vous passez une mauvaise semaine, pensez à ces supporters du PSG qui ont pris la décision de se lancer dans un périple tristement oubliable. Retour sur le mercredi noir des habitués de la porte de Saint-Cloud, partis vivre une nouvelle désillusion parisienne à Munich.

« Avant de partir de la maison ce matin, j’ai dit à mes enfants que Saint-Thomas nous a tous menti : il faut toujours y croire fort, très fort, pour le voir. Pas l’inverse. Et que c’est que comme ça qu’on va gagner. » Ce mercredi matin, il ne le sait pas encore, mais Raid – « le ‘d’ ne se prononce pas, il faut m’appeler Raí, comme l’attaquant du PSG des années 1990 » – abonné au club de la capitale depuis près de 20 ans, aura beau emmener à Munich tout l’espoir possible dans sa Touran à sept places, son club de cœur sera éliminé plus tard dans la soirée. Pour pallier les grèves, ce père de famille de 42 ans avait décidé de prendre la direction de l’Allianz Arena avec d’autres supporters en voiture. « Le week-end dernier, beaucoup de supporters se sont rendu compte que ça allait être galère autrement. Et puis lundi, des avions et des trains ont été annulés, il fallait réagir vite et on s’est organisés. » Nombreux ont donc décidé de se ruer sur les applications de covoiturage pour rallier Munich. Le début d’un périple maussade.

L’espoir fait vivre

6h15. Devant la gare de Sceaux, Raid et deux de ses amis attendent les supporters parisiens qui ont choisi de les accompagner pendant plus de huit heures de route pour tenter de décrocher un billet pour les quarts de finale de la Ligue des champions en Allemagne. « On se connaît depuis longtemps avec Raid, lance Jean-Marie avec un grand sourire. Dans notre petite bande, on est un peu les fous, ceux qui sont capables de faire ce genre de conneries. Au début, on a beaucoup hésité à le faire. On a tous des enfants, alors il fallait poser deux jours, s’assurer que nos gosses aillent à l’école le jeudi, que la patronne (la mère de famille, NDLR) puisse elle aussi poser le mercredi pour s’occuper d’eux, et puis enfin qu’on soit assuré d’avoir des gens avec nous pour le voyage parce que tout ça a un coût. Le prix de l’essence ne va pas baisser pour nous. (Rires.) » En grande forme alors que le soleil ne s’est toujours pas levé, les trois amis s’accordent à dire que ce dernier souci s’est réglé très facilement. Affiliés à un groupe Facebook pour faire régulièrement des déplacements, Raid, Jean-Marie et Paul ont vu leur voiture respective faire le plein en une heure à peine. « Il y a deux bonnes nouvelles à ça : d’abord, je vais pouvoir me faire des sous. L’aller-retour va me coûter 300 euros et j’ai cinq réservations à 70 balles, se marre Jean-Marie. Et la deuxième est que ça montre à quel point on est prêt à pousser notre équipe vers la qualif. » Le stress des imprévus une fois évacué, les trois voitures prennent la route de Munich.

Après plusieurs arrêts pour se dégourdir les jambes et manger un morceau dans les aires d’autoroute, tous arrivent au Bayerischer, hôtel munichois situé à quelques mètres de la célèbre place Marienplatz aux alentours de 16 heures, une heure avant la deadline pour récupérer les tickets pour le match du soir. Devant, la queue est énorme, la tension se fait déjà bien ressentir, et certains fans du PSG – les plus courageux – sortent les mains des poches pour sortir un drapeau ou une écharpe aux couleurs du club. Très vite, les supporters parisiens se rassemblent sur la Marienplatz pour lancer le cortège et se rendre à l’Allianz Arena, à une petite demi-heure de métro de là. Très vite, les valeureux supporters vont se rendre compte que la police les empêche de se réunir. La raison : les forces de l’ordre sont déjà occupées à canaliser les quasiment 2000 Munichois venus devant l’hôtel de ville manifester leur solidarité au peuple ukrainien et demander au gouvernement allemand de les aider davantage. Bref, l’ambiance est très étrange au pied de cette tour, et devient presque angoissante à 17 heures, quand les figures du carillon mécanique se mettent à s’animer. Les peu de chants parisiens disparaissent, la colère des manifestants ne se fait plus du tout entendre, et tout le monde lève la tête pour voir les personnages bouger et sonner. « Honnêtement, je ne sais pas ce qu’on attend. Il est prévu qu’on se retrouve tous, les 3200 qui ont fait le déplacement, devant le stade. Autant y aller maintenant », clame un des supporters, lui aussi venu en covoiturage. 18 heures passées, tout le monde embarque dans les métros munichois pour se rendre au stade.

« J’ai fait huit heures de route pour cette merde ! »

Tous, sauf les plus curieux qui décident de faire un crochet par Orlandostrasse, une zone piétonne située juste derrière la mairie de Munich, pour se rendre devant la boutique de l’autre club de la ville, celle du Munich 1860. Dans un communiqué posté sur les réseaux sociaux plus tôt dans la semaine, les fans du TSV ont assuré qu’ils viendraient en nombre à l’Allianz Arena pour soutenir le PSG. Une promesse tenue ? Difficile de le vérifier. D’abord parce que les supporters parisiens n’ont croisé personne devant cette boutique. Ensuite parce que les deux vendeuses du shop d’une dizaine de mètres carrés n’étaient pas plus au courant qu’eux. Enfin parce qu’aucun drapeau du club pensionnaire de la troisième division allemande n’a été aperçu dans la ville, aux abords du stade, et dans le virage parisien tout au long de la rencontre. « Moi, je suis sûr qu’ils viendront, alors j’ai acheté une petite écharpe pour les remercier », admire presque un Parisien.

Dans les lignes de la S-Bahn, certains Boulonnais s’amusent à « faire découvrir la ligne 13 » aux Allemands. Des chants et des bousculades enfantines viennent enchanter le voyage d’une demi-heure. Finalement le dernier moment de sourire quand on connaît la suite de cette histoire. À la sortie de l’Allianz Arena, au terme d’une nouvelle désillusion du PSG dans les phases éliminatoires de la coupe aux grandes oreilles, tout le monde tire la tronche. « J’ai fait huit heures de route pour cette merde ! Ma femme galère à la baraque et eux (les joueurs de Paris, NDLR) nous pondent ça ? Sérieux ?!, balance furieusement Jean-Marie, qui prendra la route dans l’autre sens le lendemain matin après une courte nuit d’hôtel, retrouvé aux abords de la soucoupe rouge vers minuit. Et le pire dans tout ça, c’est que si dans un an, ça recommence, il aura beau neiger, y avoir la plus grosse grève de l’histoire, on va encore les soutenir, encore galérer, pour encore revivre la même histoire. » Tout autant dépité, Raid hésite même à prendre la route dès cette nuit pour se réveiller auprès de ses enfants. Après une courte réflexion, il restera à Munich pour avoir assez de force pour conduire son Touran. Et pour Saint-Thomas ? « C’est qui lui déjà ? », plaisante le père de famille. Une personne qui avait peut-être raison en fin de compte.

Par notre envoyé un peu spécial, Matthieu Darbas, entre Sceaux et Munich

Tous propos recueillis par MD.

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