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Paris, voyage au bout de l’oubli

Par Maxime Brigand
5 minutes
Paris, voyage au bout de l’oubli

Trois semaines après avoir été battu au Parc des Princes, le PSG est tombé une seconde fois face au Bayern (2-0), mercredi soir, et a logiquement quitté la Ligue des champions au terme d’une campagne dont on ne gardera pas la moindre photo. Étrange.

Mardi, un homme de 30 ans et presque 80 nuits de Ligue des champions dans les pompes était venu raconter à l’Europe du foot une histoire éternelle. À savoir : celle du joueur de foot qui a un jour voulu devenir pro pour vivre une soirée comme celle qui s’annonçait à Munich. Cet homme, Marco Verratti, qui ne savait pas qu’il allait boire la tasse, avait alors dit ceci : « On a beaucoup de pression parce qu’on joue pour quelque chose de gros, mais on aime avoir cette pression-là. Depuis tout petit, on rêve de jouer dans des stades comme ça, face à de grands joueurs… Et c’est pour ça que je suis sûr que l’équipe va faire un grand match demain. » Puis, ce huitième de finale retour de Ligue des champions entre le Bayern et le PSG, disputé un tout petit plus de trois semaines après une manche aller étrange remportée par les Munichois (0-1) au Parc des Princes, a débuté, et on a vu. On a d’abord vu les Parisiens être dans leur match durant 45 minutes et être collectivement dans la lignée de ce qu’ils ont proposé lors de leurs deux dernières sorties (à Marseille et face à Nantes). Le 3-5-2 a permis à la bande de Galtier de mieux défendre sur la largeur, d’être plus active sans ballon et de mieux faire reculer ses proies (les relayeurs, Vitinha et Ruiz, ont alors eu pour mission de chasser De Ligt et Stanisic, les centraux excentrés du Bayern), au point même de s’offrir une occasion XXL d’ouvrir le score après un bon pressing d’Hakimi sur Sommer que Vitinha a ensuite caviardé.

Là, on s’est alors dit que ce PSG sérieux et en place, qui n’a dans un premier temps vraiment tremblé que sur une frappe puissante d’un Musiala électrique, pouvait potentiellement sortir le bout de son nez malgré un Mbappé ligoté de toute part par un duo Stanišić-Upamecano aussi froid qu’impénétrable. Erreur naïve : les cartes du château avaient déjà commencé à tomber une à une. Marquinhos, en baston depuis plusieurs jours avec une déchirure intercostale, avait quitté ses potes à dix minutes de la pause, et son remplaçant, Nordi Mukiele, n’avait pu assurer l’intérim qu’une poignée de minutes avant de filer le relais au bizuth Bitshiabu. Ainsi le PSG, qui n’aura été pleinement acteur de sa double confrontation qu’une quarantaine de minutes tout au plus, a fini par tendre la joue, a ouvert de plus en plus son bloc, a plongé sur tous les plans (physique, technique, mental), s’est pris deux baffes et a même dû boucler son voyage en Allemagne avec deux gosses valeureux dans son onze. La fin d’une campagne de C1 sans photo marquante et sans émotion forte : une grande première depuis le début de l’ère QSI

Les menottes et le coup de bâton

Cette fois, le PSG a quitté la grande scène sans scénario renversant, sans heurts ni fracas, sans offrir aux suiveurs le rocambolesque habituel, mais plutôt dans une terrible vague de logique. Pouvait-il en être autrement ? Peut-être, le foot restant le foot et ce sport étant un monde qui reste, et heureusement parfois, une bulle où tout événement n’a pas une explication rationnelle. Mais non : ce PSG, emprisonné par des paris financiers qui l’étouffent et le menottent au point de vivoter avec un effectif complètement déséquilibré, finit aujourd’hui par payer la rançon de ses choix et d’une politique sportive sans vision d’avenir. Le foot est tout sauf un joli conte de fées et est traversé par quelques règles invisibles. Il y a donc une forme de normalité à voir de nouveau cette « équipe » portée par une ligne de conduite aussi singulière – espérer qu’un homme nommé Kylian Mbappé, aussi brillant soit-il, défonce un mur de briques en solitaire – se faire rattraper par le col par une autre qui a su s’agiter en essaim au moment opportun. La survie en Ligue des champions dépend de la capacité d’une escouade à faire le dos rond lors de ses temps faibles et à sortir le couteau dans ses temps forts, le Real Madrid le prouve à chacune de ses représentations. 

Ce Bayern a également su le faire mercredi soir, là où le PSG, affecté par un beau paquet de pépins lors de cette manche aller-retour, a été soufflé sans s’agiter dès les premières bourrasques. Il n’a eu que du matériel de second choix pour un tel niveau à sortir du banc pour espérer se retaper dans l’urgence, pendant que Julian Nagelsmann envoyait gambader Leroy Sané, Sadio Mané, João Cancelo et Serge Gnabry. Le plus dérangeant est aussi ici d’avoir vu les Munichois passer ces 180 minutes – dont deux que Canal+ a décidé de faire vivre en passant une musique d’ascenseur plutôt que les voix de ses commentateurs pour faire passer la pilule – sans avoir besoin de vraiment se salir et prendre un but. Danilo l’a cliniquement formulé ainsi : « Le Bayern était plus fort. Pour gagner, on doit être ensemble pour tout, tout le temps, et ne pas jouer individuellement. Nous avons de grands joueurs qui doivent travailler ensemble pour grandir. » Impuissant, Christophe Galtier a, de son côté, mis en avant la « disponibilité de l’effectif » à l’heure d’évoquer les différences entre son PSG et le Bayern. Il y a aussi d’autres choses, ce que le technicien français, qui ne peut être tenu comme seul et unique responsable de cet échec, sait parfaitement. Voir un supplément d’âme demande d’en avoir une. Avant de baisser le rideau, Kylian Mbappé a alors posé une dernière cerise : « Ils ont un grand effectif, ils sont bâtis pour gagner la Ligue des champions. Nous, on a fait notre maximum, et notre maximum, c’est ça. » L’heure est à l’ouverture d’un énième chantier et à un nouveau chamboule-tout annoncé, mais le plus étrange est là : en mars 2023, une élimination du PSG en huitièmes de finale de C1, la cinquième depuis 2011, n’est plus une surprise. C’est juste un coup de bâton sur une illusion.

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