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Lucas Chevalier : « Je passais mes samedis à Leroy Merlin »

Propos recueillis par Sofiane Boumezbar, à Cysoing (Nord)
Lucas Chevalier : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Je passais mes samedis à Leroy Merlin<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Né à Calais, approché par le RC Lens dès l’âge de 10 ans, formé au LOSC et connaissant ses débuts professionnels en Ligue 2 avec le VAFC, où il est prêté cette saison, Lucas Chevalier est un pur produit du Nord. Nommé successivement, « Pépite du mois » de novembre de Ligue 2 et meilleur joueur de Valenciennes en décembre, le gardien de 20 ans semble s’éclater pour sa première saison en tant que numéro 1. Rencontre avec un jeune qui a l’avenir entre ses mains...

Malgré une saison compliquée pour ton club jusqu’ici (18e avec deux matchs en retard), tu enchaînes les matchs et réalises de bonnes performances. Comment vis-tu ton premier exercice en tant que gardien numéro 1 ? Une semaine avant le début du championnat, je me suis blessé au ménisque. Ce qui fait que j’ai raté les 7 premiers matchs. J’ai joué ma première rencontre seulement fin septembre. Au début, c’était un peu bizarre, je ressentais que le club comptait sur moi tout de suite, alors que je n’avais jamais encore joué à ce niveau. Lors de mon premier match contre Pau, on fait 1-1, et je fais un bon match, même si je pense que j’aurais pu faire un clean sheet. Ensuite, on a enchaîné plusieurs victoires de suite. J’avais de bonnes sensations, un bon pourcentage d’arrêts, et il y avait une sorte d’engouement autour de moi. Ça faisait un an que je n’avais pas joué et je me disais : « Ah ouais, je me sens bien, c’est trop bien le foot ! » Après, il y a ce match contre Dunkerque où on perd 3-1 à domicile. J’ai super mal digéré cette défaite, j’y ai pensé tout le week-end. Finalement, ça faisait super longtemps que je n’avais pas perdu de match. Avec Lille, on restait sur une super dynamique avec le titre de champions de France, même si je ne jouais pas. Après Dunkerque, on a enchaîné 3 défaites d’affilée, c’était le premier moment difficile de ma carrière.

Ça faisait un an que je n’avais pas joué et je me disais : « Ah ouais, je me sens bien, c’est trop bien le foot ! »

Tu viens d’être nommé « Pépite du mois » de novembre du championnat et meilleur joueur de Valenciennes en décembre. Cela représente quoi pour toi ?Les récompenses individuelles ne sont pas les plus importantes. Elles ne reflètent pas forcément la réalité du terrain. Parfois, il suffit qu’un joueur soit plus populaire qu’un autre ou qu’il soit plus suivi sur les réseaux par exemple, pour qu’il soit récompensé sans pour autant être le meilleur. Après, je suis quand même content d’avoir reçu cette récompense, mais cela ne va pas changer ma manière de voir les choses ou de me comporter.

Après Lille, tu es resté dans le coin en choisissant Valenciennes. Tu n’étais pas prêt à quitter la région ?Vers avril-mai dernier, le VAFC s’est manifesté, et ça ne s’est finalement pas fait dans un premier temps. Fin juin, le club est de nouveau entré en contact avec moi et tout s’est passé super vite, ils m’ont appelé un vendredi, j’ai signé le lundi ! C’était parfait pour moi. Je n’avais pas besoin de déménager, je restais près de Lille, de mes amis, de ma famille, et Valenciennes, c’est quand même un club qui a une histoire. Je pense que c’est le meilleur choix que je pouvais faire. Et puis, je suis attaché à ma région, donc je suis content d’avoir pu rester dans le coin.

La question qui fâche : il serait possible de te voir évoluer un jour dans ta carrière au RC Lens ?Non, Lens, c’est pas possible ! Ils m’ont approché quand j’avais 10 ans. Ils se sont manifestés avant Lille. À l’époque, je n’étais pas forcément contre le fait d’y aller. Même si j’étais déjà supporter de Lille, je voyais ça comme une belle opportunité. Mon père a refusé, car il pensait que j’étais trop jeune pour partir. L’année d’après, Lille est arrivé, et là, c’était une évidence, je me suis dit : « Il y a Lille là, c’est encore mieux. » Après, au fil de ta formation, tu joues des derbys, tu t’attaches de plus en plus à ton club et tu t’imprègnes de cette rivalité avec Lens, ce qui fait que je ne pourrais jamais jouer là-bas.

Quel rôle ont joué tes parents dans ton parcours ? Mon père était entraîneur. Il me prenait partout avec lui. Je me souviens que, pendant qu’il dirigeait ses entraînements, mon grand frère et moi, on jouait sur le côté. On faisait des frappes contre les abris de touche en plastique. Je me mettais dedans et je faisais le gardien. C’est là qu’on a vraiment pris goût au foot. À cette époque, j’avais 7 ou 8 ans, je ne savais même pas que les gens qu’on voyait à la télé étaient payés pour jouer, je ne pensais pas que c’était un métier. Moi, je voulais devenir pompier ou policier comme mon père. C’est à partir du moment où je suis parti de chez moi vers 14 ans pour le foot que j’ai compris que ça commençait à devenir sérieux et que je pouvais en faire mon métier. Mais mes parents ne m’ont jamais mis la pression.

Quand on est champions à Angers, on est restés 3 heures dans les vestiaires, on a été virés par le personnel parce qu’on était trop longs. Il y avait de la fumée partout, j’ai donné mon short à un mec d’Angers, je ne sais même pas pourquoi.

Tu as fait partie du groupe du LOSC champion de France la saison dernière, même si tu n’as pas joué. Comment as-tu vécu ça de l’intérieur ?La saison a été particulière. Ma situation personnelle de numéro 2 bis voire 3 était un peu frustrante, même si finalement j’ai appris à prendre sur moi. Dans le même temps, on a connu une année forte en émotions avec le titre ! Après le match de Lyon (victoire 2-3), dans le vestiaire, c’était le bordel ! C’est après ce match qu’on a su qu’on allait être champions. À Angers (dernière journée de championnat), c’était n’importe quoi ! On est restés trois heures dans les vestiaires, on a été virés par le personnel d’Angers parce qu’on était trop longs. Il y avait de la fumée partout, j’ai donné mon short à un mec d’Angers, je ne sais même pas pourquoi. Ensuite, on est arrivés à Lesquin à 5h30. On avait rendez-vous à midi pour un repas et le défilé, je n’ai pas dormi pendant deux jours ! Quand tu as Jonathan Ikoné, Mike Maignan dans ton équipe, tu es sûr qu’au moment de la célébration, ils vont te mettre l’ambiance…

Tu as fêté tes 20 ans il y a deux mois, à quoi ressemble la vie d’un jeune de ton âge titulaire dans un club comme le VAFC ?Il faut savoir qu’entre 12 et 17 ans, j’étais en internat, un peu coupé du monde. On n’allait pas à l’école, on avait cours par groupe de cinq, et les profs se déplaçaient jusqu’au centre. Donc, je vivais vraiment foot. On ne pouvait sortir que le mercredi de 14 heures à 18 heures en semaine. Puis, un joueur est arrivé un peu sur le tard au centre de formation, César Ghys. Il avait 16 ans et il est reparti deux ans plus tard d’ailleurs. C’est lui qui m’a fait rencontrer des personnes en dehors du foot et qui m’a un peu ouvert au monde extérieur. Finalement, quand je suis sorti du centre, je n’avais pas trop d’amis. C’était compliqué, je n’allais pas aller au restaurant ou autre tout seul ! C’est là que tu te rends compte que tu as sacrifié un peu ta vie sociale pendant ton adolescence. Maintenant, j’ai un cercle d’amis proches avec qui je ne parle pas foot, ils me voient comme leur pote, pas comme un footballeur.

Qu’est-ce qui t’intéresse en dehors du foot ?J’aime bien la mode. Je m’intéresse aussi à la décoration d’intérieur. Mais quand je fais les magasins, je les fais seul. Au début, quand j’ai emménagé chez moi, je passais mes samedis à Leroy Merlin et je croisais souvent quelques personnes qui me reconnaissaient ! Par la suite, j’ai commencé à m’intéresser à des meubles un peu plus design. En fait, je kiffe découvrir de nouvelles choses. Des fois, je ne sais pas quoi faire, je vais à Lille et je fais du lèche-vitrines.

Le poste de gardien est un peu à part dans le foot. Qu’est-ce qui t’a poussé à prendre place dans les cages ? À la base, j’étais joueur de champ. Un jour, quand mon frère, qui a deux ans de plus que moi, jouait en U10, le gardien de son équipe s’est blessé. J’ai proposé de le remplacer. On a perdu 11-1, mais j’ai kiffé et depuis je joue à ce poste. S’il n’y avait pas eu cette blessure, on ne serait probablement pas là à parler de mon début de carrière.

Tu as déclaré vouloir suivre les traces de Mike Maignan que tu as côtoyé au LOSC. Qu’est-ce qui t’a le plus marqué chez lui ?Mike est une vraie source d’inspiration. C’était l’un des plus travailleurs avec José Fonte. Quand tu arrivais à l’entraînement, tu savais que Mike était déjà là. Une chose m’a marqué en particulier. Avant le match de Ligue des champions contre l’Ajax à Amsterdam, on entre dans l’enceinte, et là, je suis impressionné. J’avais 17 ans, je me disais : « Qu’est-ce que je fous là ? » ! C’était magique, le kop lillois était en feu. À un moment, je suis avec Mike et je lui dis que c’est un truc de fou. Il me répond : « Là, c’est rien encore. » Il voulait dire que niveau d’émotions, j’allais vivre des choses encore plus fortes dans ma carrière. Et là, je me suis dit qu’il fallait tout faire pour vivre ce genre de choses tout le temps.

Quel attaquant t’a le plus impressionné jusqu’ici ?Osimhen. Il frappe tellement fort que même quand tu arrêtes ses frappes, tu as mal aux mains ! Et puis, comme j’étais deuxième ou troisième gardien, il faisait souvent des entraînements spécifiques avec moi : des coups francs… Burak Yılmaz et Yazıcı ont aussi une très très bonne frappe.

Comment vois-tu la deuxième partie de saison avec Valenciennes ? On a perdu trop de points contre les équipes de seconde moitié de tableau. Il faudra faire mieux lors de la phase retour. Compliqué de jouer la montée, mais j’espère qu’on obtiendra le maintien le plus vite possible, après on verra.

Et la suite, à titre personnel ?Jusqu’ici, je suis super content de ma saison à Valenciennes, même si les résultats sont inconstants. Pour l’avenir, j’espère pouvoir avoir ma chance avec Lille. Je pense avoir les qualités pour y arriver. En tout cas, je fais tout pour me préparer.

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Propos recueillis par Sofiane Boumezbar, à Cysoing (Nord)

Photos : SB et Iconsport.

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