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Mise à pied de Jérôme Arpinon et gros bazar, à Nîmes Olympique

Par Florian Cadu
6 minutes
Mise à pied de Jérôme Arpinon et gros bazar, à Nîmes Olympique

Mise à pied de l'entraîneur Jérôme Arpinon quelques mois seulement après sa nomination, résultats catastrophiques, place de lanterne rouge du championnat squattée, président contesté... C'est le grand bazar chez les Crocodiles, où le patron Rani Assaf s'est déjà mis de nombreux supporters à dos. Notamment depuis le départ de Bernard Blaquart, figure du club, l'été dernier. De là à voir le Nîmes Olympique en Ligue 2, il n'y a qu'un pas facilement et largement franchissable.

Ce vendredi 5 février 2021, bien qu’il n’indique que 9 heures du matin, le téléphone portable de Cyril Roure ne cesse de sonner. Organisateur de la course cycliste « L’Étoile de Bessèges » qui se tient au même moment, le président du groupe de supporters Nemausus 2013 tente tant bien que mal de consacrer un peu de temps à ceux qui l’appellent. Sauf qu’au bout du fil, les gens lui posent les mêmes questions qui trottent dans sa propre tête. Explication de l’intéressé : « Tout le monde a reçu la même information, mais personne n’a rien compris. Est-ce un licenciement, une mise à pied, un retour en tant qu’adjoint ? On ne sait pas et on ne s’y attendait pas, on est déconnectés et mis de côté. Comme d’habitude. » Tout ce qu’ils savent, c’est que Jérôme Arpinon n’est plus l’entraîneur du Nîmes Olympique.

Via Twitter, le club a en effet annoncé la nouvelle : après quelques mois sur le banc, le successeur de Bernard Blaquart est démis de ses fonctions dix-huit mois avant la fin de son contrat et est remplacé temporairement par son ex-adjoint Pascal Plancque. Les Crocodiles squattant la place de lanterne rouge de Ligue 1 et comptant quinze défaites en 22 matchs, ce choix ne semble pas sorti de nulle part au regard des résultats sportifs. Mais ce qui gêne, c’est la manière et tout ce qui a provoqué cette situation désastreuse. Si bien qu’aujourd’hui, la structure ressemble à un énorme bazar.

Blaquart, première victime

Pour beaucoup, ce bordel interne est né à la suite de la prise de pouvoir progressive de Rani Assaf. Devenu actionnaire en avril 2014 puis actionnaire majoritaire en juin 2015, l’associé de Xavier Niel enfile très vite le costume de président. Et si tout se passe bien au niveau des pelouses, les relations entre le boss et les autres acteurs du club ne paraissent pas aussi idylliques que celles proposées par les joueurs sur les terrains. Concrètement, cela se manifeste rapidement par des mises à l’écart ou des désaccords atteignant le point de rupture. En poste depuis quatre ans et auteur d’un remarquable boulot qui porte ses fruits (avec, notamment, de nombreux jeunes intégrant le groupe professionnel), le directeur du centre de formation Christian Mattiello voit par exemple son bail ne pas être renouvelé en 2019, alors qu’une prolongation était logiquement dans l’air. Sans aucune justification ou quelconque anticipation.

Surtout, le technicien Bernard Blaquart fait également ses adieux un an plus tard pour mettre fin à un cycle positif de cinq saisons. Pour quelles raisons ? « Dès le début, je n’ai pas senti le soutien requis à l’intérieur du club, je me suis trouvé isolé. Nîmes avait pris énormément de risques en laissant partir autant de titulaires. Surtout, on n’avait pas les atouts pour rebâtir. J’ai eu l’impression de me battre sans arme, d’où la lassitude, l’impuissance ressentie surtout, alors qu’avec le staff, on travaillait, on estimait faire ce qu’il fallait », répond le bonhomme, dans les colonnes du Midi Libre. Avec un gros regret, son patron lui ayant « annoncé qu’une reconversion n’était pas possible, d’où les petits tiraillements qui ont suivi. C’est ce qui me gêne le plus aujourd’hui, cette proposition de reconversion qui est tombée aux oubliettes. Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent, c’est bien ce que l’on dit, non ? »

Rani Assaf a « réveillé l’incendie »

Problème : sans Blaquart, les Crocodiles n’ont pas su rebondir avec le ballon entre les pattes. Or, comme souvent lorsque les défaites s’enchaînent, les soucis apparaissent au grand jour et les critiques envers les responsables désignés deviennent plus légitimes. « Le bazar ambiant, c’est Rani Assaf, point final, critique d’ailleurs Cyril Roure.Depuis le début, il fait les choses à sa façon. Il n’a pas de contact humain avec qui que ce soit, il va encore laisser traîner le dossier Arpinon pendant des semaines… » En écho à Blaquart, les fans reprochent au président un faible investissement sur le plan sportif, voire de l’incompétence. « Actuellement, le club est essentiellement piloté par deux personnes : Rani Assaf et le directeur sportif Reda Hammache, qu’il a lui-même nommé. Et on s’aperçoit que le recrutement a été absolument bafoué, complètement foiré, remet par exemple le supporter. À part Andrés Cubas ou Birger Meling, je ne vois pas en quoi le marché des transferts a été réussi. Certains disent qu’on a une meilleure équipe que l’an dernier, mais en quoi ? La vérité, c’est que Rani Assaf n’a aucune ambition sportive avec le NO. » La majorité du temps, les désaccords se situent là entre l’actionnaire qui fait vivre le club comme une entreprise lambda et le passionné qui paye son billet : le premier tente d’éblouir son budget, le second veut regarder son équipe briller.

Cyril Roure, toujours à propos du boss qui « qui gagne de l’argent, qui a un projet de nouveau stade » selon les mots de Blaquart : « On a l’impression que la première ou la deuxième division, ça ne change rien pour lui. Son projet immobilier, il le fera de toute façon. Mais pour nous, c’est triste. On a la sensation de revenir au point de départ, alors qu’on a fait des merveilles en se sauvant en L2 malgré huit points de pénalité et en accédant à l’élite juste après. Quel gâchis… Quand on voit la ferveur qu’il peut y avoir ici, que le mec arrive à se mettre les supporters à dos par des sorties médiatiques peu réfléchies envenimant les choses, c’est un gâchis total ! C’est lui qui a mis le feu au poudre, et qui a réveillé l’incendie. » Un constat accentué par une histoire de timing : le « renvoi » d’Arpinon a en effet été officialisé juste après que Canal+ a récupéré les droits télévisuels de la L1, ce qui ne serait pas un hasard. « C’est lié, c’est sûr, reprend le président de Nemausus 2013. Il avait au préalable dit qu’il ne pouvait pas licencier Arpinon, parce que ça coûterait plus de 500 000 euros. Sauf qu’il y avait urgence : s’il y avait une décision à prendre, elle aurait dû être prise bien avant et pas à quatre mois de la fin de la saison. Attention, je ne dis pas qu’Arpinon n’était pas l’homme de la situation. » Non, seulement qu’il représente davantage une victime qu’autre chose dans cette espèce de chaos silencieux. Visiblement, les Crocos n’ont pas fini de patauger dans leur mare aux eaux troubles.

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Par Florian Cadu

Tous propos recueillis par FC, sauf mentions

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