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- Arsenal-Monaco (3-0)
Monaco : trop bon, trop con
Terrassée par Arsenal ce mercredi (3-0), l’AS Monaco a une nouvelle fois démontré son sens de la générosité au moment d’affronter un gros. Si les Asémistes veulent espérer être encore européens en février ou titiller le leader parisien dans la course au titre, il est impératif d’arrêter de faire preuve de tant de naïveté dès que l’adversité augmente.
Cela commence à devenir une ritournelle lancinante à chaque rendez-vous important pour les hommes du Rocher, rattrapés par leurs limites. Victimes d’un balayage net et sans bavure contre Arsenal ce mercredi (3-0), les Monégasques ne savent pas trop encore à quoi ressemblera leur saison, sur la scène nationale comme continentale. Il est moins évident aujourd’hui de les voir comme des concurrents crédibles pour le titre de champion, le PSG étant cinq points devant sans être très brillant. Comme il n’est pas sûr de les retrouver en barrages de Ligue des champions en février, avant de boucler leur phase de ligue par des matchs contre Aston Villa et l’Inter.
Adi les beaux cadeaux
« On leur a fait trop de cadeaux. À ce niveau-là, ce n’est pas acceptable de faire de telles erreurs », se désolait Adi Hütter après la déroute londonienne. Il est vrai qu’en cette période de courses de Noël, la troupe du coach Adi s’est presque déguisée en gros monsieur barbu qu’il est bon de croiser pour se remplir les poches. Sur la liste des présents qu’on n’aurait osé demander étant gamins : une passe en retrait pourrie signée Aleksandr Golovin pour remettre Benfica dans le match, avant de continuer à se ruer à l’offensive tout en menant au score en infériorité numérique, pour bien évidemment se faire punir en fin de partie (même si l’arbitrage a clairement laissé à désirer). Une remise de la tête de Mohammed Salisu sur une balle filant tout droit en six mètres pour offrir l’égalisation à l’OM avant de s’écraser à la 89e minute, et une nouvelle boulette du Ghanéen pour abattre les siens mercredi soir. Ce n’est pas ce gobelin d’Ángel Di María, ni son lutin de compère Neal Maupay, et encore moins ce diable de Bukayo Saka qui se plaindront de la générosité de l’ASM. Tous ont eu le bonheur de se remplir les chaussettes lors de la visite des petits bonshommes rouge (et blanc). C’est malheureusement l’image donnée par les protégés du coach autrichien lors de leur voyage scolaire outre-Manche : celle d’une bande de gamins venus en apprentissage, aux pieds certes soyeux, mais loin de faire le poids face aux lads d’Islington.
Les deux parades exceptionnelles de Majecki face à Gabriel Jesus 🫨#ARSASM | #UCL pic.twitter.com/B4P3bJ0fn8
— CANAL+ Foot (@CanalplusFoot) December 11, 2024
Il y a quand même quelque chose de romantique dans la vision des choses d’Adi Hütter, qui a rappelé au Figaro qu’il prônait « un football proactif, inspirant et courageux ». « Finalement, le football est du divertissement », arguait à juste titre l’Autrichien. Une philosophie à faire blêmir notre Didier Deschamps national, qui fait de son ASM une des formations les plus sympathiques de l’Hexagone, emmenée par une bande de joyeux drilles aussi virevoltants que candides. Un peu de bonheur hebdomadaire dans un championnat de brutes, en somme. Si cette vision et cette appétence germanique pour le beau jeu illustre la différence entre une Bundesliga qui vaut de l’or et une Ligue 1 qui se vend si mal, son côté fleur bleue se heurte à des adversaires pas forcément plus forts, mais qui eux ne leur font pas de cadeaux.
L’art naïf asémiste
« Naïf : qui fait preuve de trop d’ingénuité, de confiance, de crédulité. » Synonyme : monégasque. S’il en fallait une illustration, peut-être choisirait-on cette perte de balle de Maghnes Akliouche, aussi délicat balle au pied que facile à dégager d’un semblant de coup d’épaule par Gabriel Martinelli, offrant dans l’instant une occasion nette aux Gunners. Sur l’ouverture du score, le même Akliouche se fait avoir comme un bleu, partant dans le décor sur une feinte du débutant Myles Lewis-Skelly. La punition ne se fait pas attendre : décalage créé, centre et but. « On doit apprendre de nos erreurs », martelait Thilo Kehrer en zone mixte. Contre Arsenal, Monaco a également pris une leçon de vice, à l’image des fautes tactiques répétées de Martinelli pour casser les transitions rapides asémistes chères à Adi Hütter.
Certes, l’ASM était orpheline de son patron de l’entrejeu Denis Zakaria, et de son taulier en défense centrale Wilfried Singo. Certes, l’ASM aurait bien pu revenir si Minamino n’avait pas décidé d’envoyer une frappe de poussin sur David Raya. Certes, Hütter n’était pas totalement mécontent de ce qu’il avait pu observer de cette soirée londonienne. « Pour leur apprentissage, je pense que c’était une bonne chose, ce match à l’Emirates Stadium, face à une top team en Europe », retenait l’ancien milieu de terrain. Mais pour la troisième fois en quatre matchs, Monaco a fait étalage de sa candeur dès que les choses se corsent. Ce n’était pas passé contre Benfica, ce n’était pas passé contre l’OM et encore moins contre Arsenal. Les prochaines semaines, avec deux matchs contre le PSG (en Ligue 1 et au Trophée des champions) et des confrontations tendues contre l’Inter et Aston Villa, doivent servir à montrer que l’ASM a retenu les leçons. Ce sera indispensable pour aller voir plus haut.
Par Baptiste Brenot