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Larguer Nasser, la mauvaise idée de l’OM
Dimanche, Nasser Larguet s’assiéra pour la dernière fois sur le banc de l’Olympique de Marseille contre Canet-en-Roussillon. Après cet intérim de 9 matchs, il va céder sa place à Jorge Sampaoli et retrouver son poste au centre de formation avant de probablement rejoindre celui de Caen en fin de saison. Dommage, car l’OM et Pablo Longoria auraient tout intérêt à le conserver.
« Depuis que je suis avec l’équipe, c’est gratifiant. Il n’y a pas que Caen. Beaucoup de clubs sont demandeurs. Aujourd’hui, je suis avec l’OM.(…)On a beaucoup de travail, de chantiers. » Après la défaite à Lille mercredi (2-0), Nasser Larguet a tenu à démentir les informations qui l’envoient à Caen dès la saison prochaine, comme n’importe quel joueur courtisé tenterait de cacher un secret de polichinelle. Et comme un joueur courtisé, il n’a pas vraiment convaincu. Car depuis plusieurs semaines, ce formateur dans l’âme est, selon L’Équipe, tombé d’accord pour un retour à la tête du centre de formation caennais, qu’il a déjà dirigé entre 1998 et 2002, et en 2014. Un retour aux sources pour le Normand, mais une bien mauvaise nouvelle pour l’Olympique de Marseille.
Des relations froides avec Longoria
Si Nasser Larguet va laisser un bon souvenir à Marseille, ce n’est pas pour son bilan sportif, mais parce qu’il a ramené de la stabilité au club. Et pour cause, il n’a remporté que deux de ses huit matchs (à Auxerre en Coupe, et contre Nice), pour 4 nuls et 2 défaites contre Paris et Lille. Sur le terrain, au-delà de son sourire et de son bouc, Larguet n’a pas apporté grand-chose non plus, en dehors d’un léger regain de solidité défensive. Difficile pour autant de lui imputer l’indigence sportive de l’OM actuel, puisqu’il a été envoyé en première ligne après la désertion de Villas-Boas. Et surtout parce que Larguet n’était pas venu à Marseille pour entraîner, mais pour former. À ce sujet, son arrivée en juin 2019 avait d’ailleurs été saluée : l’OM s’offrait enfin les moyens de ses ambitions dans la formation. On peut même parler d’un des rares héritages positifs de la présidence Eyraud.
Formateur depuis trente ans, Nasser Larguet incarnait cette ambition formatrice nouvelle, son expertise n’étant plus à démontrer : Olivier Quint, Jonathan Zebina, Bernard Mendy, Mathieu Bodmer, Ronald Zubar, Steve Mandanda, Lassana Diarra, Morgan Schneiderlin, Nayef Aguerd et Youssef En-Nesyri figurent ainsi à son tableau de chasse. Mais moins de deux ans plus tard, l’homme qui devait rebâtir la formation marseillaise et rapprocher le club de l’Afrique va quitter le navire. Victime de sa relation froide avec Pablo Longoria, Larguet a décidé de larguer les amarres avant même le départ d’AVB et son intérim selon L’Équipe. En fin de contrat en juin prochain, il va rebondir chez lui, à Caen. D’un point de vue carriériste, on peut parler d’une promotion puisqu’il quitte le treizième meilleur centre de formation de France pour rejoindre le septième d’après la FFF. Et dans les faits : c’est bien une perte pour l’OM. Surtout, c’est un très mauvais signal envoyé par Pablo Longoria qui laisse filer un homme apprécié, tout en donnant l’image de faire le ménage dans les bureaux pour y placer ses hommes.
Le grand ménage
Et cela ne date pas d’hier. Car avant d’avoir eu la tête de Villas-Boas, et de récupérer le trône d’Eyraud, Pablo Longoria s’est attelé à restructurer la cellule de recrutement de l’OM, entre deux bons coups sur le mercato. Les quatre recruteurs historiques ont été débarqués, remplacés par David Friio, Benjamin Brat, Mathieu Seckinger et Sergio Santomé aux profils plus internationaux. Un grand ménage pas forcément attendu, qui renvoie l’image d’un Longoria aux dents longues, étendant son influence à tous les niveaux du club, comme pour mieux gérer les transferts. Et c’est bien là l’inquiétude majeure suggérée par le départ de Larguet. En plus de délaisser un projet de formation pourtant justifié par chaque toucher de balle de Kamara, Longoria va-t-il faire de l’OM un club d’agents, dévolu au trading ?
Moins d’un an après le départ libre d’Isaac Lihadji au LOSC, laisser filer l’homme qui devait permettre à l’OM d’enfin exploiter le vivier marseillais n’est pas franchement bon signe. Surtout au moment où le travail de Larguet commençait à peine à porter ses fruits, à l’image de l’arrivée du jeune Bamba Dieng dans le groupe, buteur en Coupe de France à Auxerre. Mais Pablo Longoria est un dirigeant pressé, désireux d’instaurer un projet de jeu à l’échelle du club. Tout le contraire de Nasser Larguet, arrivé il y a moins de deux ans avec un projet axé sur les basiques : à savoir mouiller le maillot et être au point physiquement, en réalisant un travail de longue haleine sans imposer de schéma aux entraîneurs. Arrivé cet été, Longoria n’a pas cette patience et incarne le « nouveau football » face à « l’ancien monde » représenté par Larguet, ses méthodes et ses hommes. Deux visions du football face à face, qui ne pouvaient cohabiter durablement dans un même club. En laissant filer Larguet, Longoria choisit clairement sa voie. Pas sûr que ce soit une bonne nouvelle pour l’OM.
Par Adrien Hémard