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Éric Zemmour, interdit de five pour envahissement de terrain

Par Nicolas Kssis-Martov
4 minutes
Éric Zemmour, interdit de five pour envahissement de terrain

Devant de nombreuses caméras présentes pour l'occasion, Éric Zemmour a été expulsé d’un complexe sportif près de d’Aix-en-Provence, ce samedi, en plein match de football. La raison ? Le candidat d'extrême droite à la présidentielle y tentait un énième buzz dans l’espoir de relancer sa campagne. Un échec, car au cœur de cet équipement appartenant à la famille Zidane, ce n'est ni plus ni moins que le frère de l’ancien champion du monde, pas mis au courant des véritables intentions du polémiste selon ses dires, qui a sifflé la fin de la partie. Dur dur de récupérer le foot quand on n'aime pas les footballeurs...

Naturellement, l’équipe d’Éric Zemmour avait dû imaginer ce petit aparté footballistique comme une occasion en or de se refaire une santé médiatique. Pour ce faire, elle avait choisi le centre sportif Z5 d’Aix-en-Provence en sachant pertinemment à qui il appartenait : Zinédine Zidane. Lorsqu’il a découvert ce qu’il s’y passait vraiment – à savoir plus qu’un simple et banal match de football entre sympathisants d’Éric Zemmour -, Nourredine Zidane, frère de et maître des lieux, a immédiatement interrompu la mascarade en promettant, malgré tout, de rembourser l’équipe de campagne de Zemmour. Ce scénario était prévisible, et nul doute que les têtes pensantes de la com’ du candidat d’extrême droite l’espéraient. Pour eux, c’était une belle opportunité de dénoncer l’intolérance, à front renversé, de leurs opposants en déguisant leur candidat (flottant dans un short trop grand) en brave petit vétéran désirant juste taper le ballon en toute innocence. Sauf qu’à l’image de l’essoufflement général de sa campagne, la sauce démagogique n’a pas pris hors de la petite, mais très active « zemmoursphère » . Résultat : le héros du parti Reconquête ! a été éconduit d’un terrain de futsal à l’instar d’un vulgaire hooligan pour envahissement de terrain.

La récupération de trop ?

Éric Zemmour n’est certes pas le premier à chausser les crampons pour gommer les aspérités négatives de son image. Valérie Giscard d’Estaing s’y était essayé, en 1973 à Chamalières, alors qu’il était ministre des Finances. Plus près de nous, Emmanuel Macron, supporter de l’OM, nous avait gratifiés d’un viral « plat du pied sécurité » en compagnie de jeunes à Sarcelles ou d’un match à Poissy en octobre dernier. Dans un autre registre, François Ruffin, franc-tireur partisan du foot populaire, mobilise régulièrement ses troupes autour d’un match « de classe » . Sauf que l’air du temps a changé. Et si Éric Zemmour aime ce sport, ils n’aiment pas les footballeurs d’aujourd’hui et encore moins les footballeuses. Cette France des pelouses et des synthés porte trop souvent à ses yeux le visage de ce « grand remplacement » qui l’obsède, celui d’un homme blanc et chrétien qu’il fantasme de représenter et relégué selon lui sur le banc de touche. Lorsque le frère de Zinédine Zidane a interrompu cette aimable plaisanterie, expliquant qu’il n’avait pas été averti de la vocation militante de la location, il ne défendait donc pas seulement l’apolitisme de son entreprise : il effectuait aussi une petite remontada envers un adversaire trop méprisant.

Le contentieux avec Zinédine Zidane ne date pas d’hier. L’héritier paradoxal de Maurras, tenaillé par sa folie des grandeurs, s’était très rapidement attaqué au héros de 1998 qui symbolisait tout ce qu’il méprisait finalement : un Hexagone qui se reconnaît dans un fils d’immigrés algériens et musulmans. Déjà en 2016, il affirmait sans fard, au sujet de Rachida Dati, Zinédine Zidane, Omar Sy ou encore Jamel Debbouze : « Oui, ils sont moins français que moi, car mes parents ont fait l’effort de me donner un prénom dans le calendrier. » Plus récemment, lors du lancement de sa candidature à la présidentielle, il répétait que « Zidane devrait s’appeler Jean Zidane, c’est mieux » . Le principal concerné avait alors répondu par l’humour : « Ça m’a fait rigoler quand j’ai vu ça. (..) Je préfère Zinédine qu’Eric. » Pas sûr que la stratégie de faire du buzz sur le dos du plus grand joueur français de l’histoire soit la bonne.

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Pardon d’avoir douté, Rayan Cherki
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Par Nicolas Kssis-Martov

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