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Top 1000 : les meilleurs joueurs du championnat de France (630-621)

Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF

Quel est le meilleur joueur de l'histoire du championnat de France depuis sa création en 1932 jusqu'à 2022 ? Statistiques, palmarès, trajectoires personnelles, classe, dégaine, empreinte laissée : autant de critères qui nous ont permis d'établir notre classement très subjectif des mille joueurs les plus marquants de Division 1 et de Ligue 1. Le credo d'un feuilleton qui va durer précisément 100 jours.

#630 - Fabrice Divert

Fabrice Divert
Caen (1988-1991), Montpellier (1991-1995), Guingamp (1995-1996)

En 1988, Caen se hisse pour la première fois de son histoire en D1. C’est le moment que choisit Fabrice Divert, attaquant formé au club, mais plutôt discret jusqu’alors, pour crever l’écran. Dès sa première saison dans l’élite, le Caennais de naissance porte son équipe à bout de bras (quatorze buts) et l’aide à arracher son maintien de justesse, grâce notamment à un triplé mémorable inscrit à Bordeaux dans le sprint final (2-3). L’avant-centre normand plante au total quarante pions en l’espace de trois années, ce qui fait encore de lui le meilleur buteur de Malherbe en première division. « J’ai eu un « droit de sortie », après avoir marqué 40 buts en trois saisons de D1. Pas comme aujourd’hui, où on n’a pas besoin de montrer grand-chose pour prendre de la valeur, dénonce-t-il dans les colonnes de Ouest-France. À mon époque, notre but ultime était de pouvoir jouer dans l’équipe première de notre club formateur. Les sommes pouvaient monter, mais l’argent ne coulait pas à flots comme aujourd’hui. » Son bon de sortie, l’intéressé s’en sert pour rejoindre Montpellier, où il réalise un nouvel exercice plein (quatorze réalisations) avant d’être convoqué par Michel Platini pour participer à l’Euro 1992. Une aponévrosite plantaire le contraint à raccrocher à seulement 28 ans. Restent les souvenirs des habitués de Venoix, qui n’ont pas oublié le soldat Divert.

#629 - David Marraud

David Marraud
Nantes (1985-1996)

Portier indéboulonnable de Nantes pendant plus de sept ans, tout en portant le brassard pendant un bon bout de temps, il a raté le tournant au pire des moments, à l’automne 1994. Alors que les Canaris s’embarquent pour une saison d’anthologie, le dernier rempart jaune et vert se pète le genou, à l’heure de jeu lors d’un déplacement au stade Louis-II, et ne reverra plus jamais sa place de numéro un au FCN, au grand bonheur de Dominique Casagrande (voir #993) ; par la suite, Marraud n’aura droit qu’à sept apparitions en 1995-1996, avant de tirer sa révérence. Avant ça, le gardien à la grosse voix avait eu le temps de hisser deux fois de suite la maison jaune à la cinquième place de D1 (1992-1993 et 1993-1994), de coller un marron avec le volcanique Didier Sénac lors d’un derby à Bordeaux en août 1990 (voir les propos de Thierry Bonalair en #809), de disputer 316 rencontres sous la liquette nantaise (dont 280 en première division) et avait eu l’honneur d’encaisser le premier but en professionnel d’un certain Zinédine Zidane, le 10 février 1991 au stade Pierre-de-Coubertin de Cannes, d’un lob plein de nonchalance. Et si c’était celle-ci, la plus belle ligne de son palmarès ?

#628 - Erich Maas

Erich Maas
Nantes (1970-1975)

La Movistar a Enric Mas, qui vient encore de terminer sur le podium du Tour d’Espagne. Le FC Nantes, lui, avait Erich Maas, et c’était pas mal non plus. En situation d’échec au Bayern Munich, l’ailier allemand débarque sur les bords de l’Erdre en 1970. Il ne tarde pas à s’y imposer, faisant du côté gauche le lieu d’expression de sa rapidité et de sa puissance. Auteur de seize buts en 1971-1972, l’ancien de l’Eintracht Brunswick est encore incontournable la saison suivante (dix réalisations), à l’issue de laquelle les Canaris d’Henri Michel, Raynald Denoueix et consorts sont sacrés champions de France. Au terme de cinq belles années en jaune, l’homme aux trois sélections avec la RFA – qui obtient la nationalité française – donne un coup de main à des clubs de D2 (Rouen, Paris FC), puis en amateur. Un vrai exemple d’intégration.

#627 - Ľubomír Moravčík

Ľubomír Moravčík
Saint-Étienne (1990-1996), Bastia (1996-1998)

De l’AS Saint-Étienne des années 1990, un visage restera assurément gravé dans les mémoires. Celui de Ľubomír Moravčík. Joueur confirmé et reconnu par ses pairs en Tchécoslovaquie, le milieu de terrain débarquait ainsi en vedette dans le Forez, au sortir d’une Coupe du monde 1990 réussie (42 sélections). Quart-de-finaliste du « Mondiale » (défaite 1-0 face à l’Allemagne, match durant lequel il est expulsé), « Lubo » est repéré par le directeur sportif du club stéphanois, Bernard Bosquier : « À cette époque, André Laurent, l’ex-président, avait de l’ambition et engagé beaucoup de joueurs en 1990 : Sylvain Kastendeuch, Jean-Pierre Cyprien, Jean-Claude Pagal ou Loïc Lambert » , confiait-il à Eurosport. Séduit par ce projet de grandeur, celui qui deviendra Slovaque à partir de 1993 (38 capes) entre dès lors par la grande porte à Geoffroy-Guichard. Élégant balle au pied, techniquement au-dessus de la moyenne, Moravčík a fait chavirer les Verts par ses chevauchées : « À force de m’entraîner à centrer du gauche, j’ai fini par devenir ambidextre vers 20 ans » , détaillait-il dans nos colonnes en 2018. Mais également son tempérament chargé : « J’étais parfois un peu provocateur, roublard. Une fois, le président Louis Nicollin était venu me voir. Il voulait savoir ce que je comptais faire à l’avenir, parce que ça commençait à aller mal à Saint-Étienne. Moi, je lui ai répondu très franchement : « Si vous avez des sous, on peut discuter ! » Et lui m’avait répondu : « Ah ouais, j’ai entendu que tu étais une tête de cochon ! » Je l’ai pris comme un compliment. »

Jusqu’en 1996 et avec 196 apparitions en D1 (212 au total), « Lubo » n’aura donc laissé personne indifférent. Ni ses dirigeants, avec qui il se brouillera volontiers : « En 1992, à l’intersaison, Kastendeuch s’est fait virer par les dirigeants, car le club voulait changer de système de jeu. J’étais fou, je me suis embrouillé avec toute la direction ! J’étais un joueur important de l’équipe, et personne ne m’a demandé mon avis sur le départ de Kastendeuch. » Ni avec ses adversaires, comme l’OL qui tentera de le recruter, en 1995, ou l’OM de Bernard Tapie : « En fait, l’OM avait déjà Dragan Stojković comme numéro 10. Le souci, c’est qu’il s’est blessé. Et pour le remplacer, Marseille avait le droit à un joker en dehors de la période de transfert. Tapie s’est alors prononcé pour que je vienne à la place de Piksi. {…] Mais voilà, le président André Laurent voulait me conserver, son désir de monter une grosse équipe était énorme. » L’année de trop pour le technicien, incapable de maintenir une formation à la dérive (au terme de l’exercice 1995-1996, l’ASSE termine dix-neuvième et est reléguée), qui choisira de rejoindre Frédéric Antonetti, à Bastia, de 1996 à 1998 (33 matchs) : « Rencontrer Fred, c’était quelque chose qui m’a donné envie de continuer dans le football, peut-être la meilleure rencontre de ma carrière. » Un rebond nécessaire, pour mieux aller gagner les cœurs du Celtic Park et finir en beauté.

#626 - Pierre Barlaguet

Pierre Barlaguet
Nîmes (1953-1966)

« Le Nîmes Olympique, c’est l’Auxerre de ma jeunesse, l’équipe qui titillait le grand Reims. Il y avait le Racing, c’était les riches. Et il y avait le Nîmes de Firoud et Barlaguet, que personne n’aimait rencontrer. » Ces mots sont prononcés par Guy Roux, le soir de la finale de la Coupe de France 1996, remportée par son AJA devant le NO (1-0). Le totémique entraîneur icaunais invite d’ailleurs son homologue gardois, le précédemment cité Pierre Barlaguet, à soulever le trophée avec lui. Avant de s’asseoir sur le banc des Crocos, Pierrot porte leur maillot pendant la totalité de sa carrière professionnelle (417 matchs toutes compétitions confondues). Sur le terrain, le demi droit né à Calvisson écrit la plupart des plus belles pages de l’histoire du club nîmois, avec lequel il termine à trois reprises vice-champion de France (1958, 1959, 1960), échoue deux fois en finale de Coupe (1958, 1961) et qu’il sauve in extremis de la relégation en 1965, après avoir passé quasiment toute la saison à l’écart de l’équipe première. Une légende, une vraie.

#625 - Patrice Garande

Patrice Garande
Saint-Étienne (1977-1979 puis 1987-1989), Auxerre (1981-1986), Nantes (1986-1987), Montpellier (1990-1991), Le Havre (1991-1992), Sochaux (1992-1993)

Avant de devenir un entraîneur souvent aperçu ces dernières années sur les bancs de Ligue 1 et de Ligue 2, Patrice Garande se construit une carrière probante pour ses qualités balle au pied. Formé à Saint-Étienne, cet attaquant d’1,73 m se révèle finalement un peu plus tard, à Auxerre, où il apprend beaucoup au contact de son partenaire sur le front offensif, Andrzej Szarmach. À cette époque, l’AJA joue les poils à gratter de la D1. « C’était un club particulier où j’ai vécu de très belles choses, se remémore l’ancien Bourguignon en 2013. Je suis fier d’avoir fait partie de cette génération qui a participé aux premiers matchs européens du club. » L’année 1984 de l’avant-centre icaunais est particulièrement faste. Irrésistible, il termine co-meilleur buteur de D1 cette saison-là, avec 21 réalisations au compteur (soit autant que Delio Onnis). Quelques semaines plus tard, à Los Angeles, il décroche l’or olympique avec l’équipe de France. Quand il revient chez les Verts en 1987, le natif d’Oullins y forme un duo très efficace avec Philippe Tibeuf – « Dupond et Dupont » , dixit Jean-Michel Larqué – et conclut l’exercice avec 17 pions en championnat. C’est ce qu’on appelle soigner son retour.

La réaction de Patrice Garande : « C’est sympa d’être dans un Top 1000 qui court sur une période aussi longue. Je suis flatté de figurer dans un classement de football, ma passion depuis toujours. Merci. »

#624 - Jean-François Domergue

Jean-François Domergue
Bordeaux (1975-1980), Lille (1980-1982), OL (1982-1983), Toulouse (1983-1986), OM (1986-1987), Caen

Les Girondins, le LOSC, l’Olympique lyonnais, le Téfécé, Marseille, Malherbe : au sein de chaque club dans lesquels Jean-François Domergue a officié, sans exception, l’arrière gauche a tenu les murs et fait figure d’indéboulonnable, même s’il n’a touché du doigt le graal qu’une seule fois, son OM terminant dauphin de Bordeaux en 1986-1987. Le double buteur de la demi-finale de l’Euro 1984 – contre le Portugal – compte pas moins de 445 apparitions en D1, pour 55 pions, et il est devenu la figure ultime du championnat au milieu des années 1980, quand il enchaîna 188 parties consécutives de première division entre avril 1981 et février 1986, quittant notamment l’OL à la relégation en 1983. Quant à Jean-François Domergue l’entraîneur, Hippolyte Dangbeto s’en souvient.

#623 - Franck Queudrue

Franck Queudrue
Lens (1999-2001 et 2010-2011)

Il y a différents moyens d’entrer dans l’histoire du championnat de France. Certains le font en marquant une tonne de buts, d’autres en jouant des centaines de rencontres. Franck Queudrue, lui, a choisi une autre option : mettre le plus beau CSC de l’histoire. Une demi-volée lobée de 40 mètres qui termine au fond des filets d’un Guillaume Warmuz médusé. Un geste fou que le défenseur alors au RC Lens a tenté d’expliquer : « Je prends un coup et je me tords la cheville. Il y a une touche pour nous, on a le temps de faire entrer le soigneur pour s’occuper de moi, mais on ne sait pas pourquoi Charles-Édouard Coridon, Charly, joue vite la touche. J’ai à peine le temps de me relever et je vois le ballon revenir vers moi. Je suis un peu énervé, je suis tourné de trois quarts et je veux dégager le ballon très fort de l’extérieur pour qu’il parte à l’opposé. Sauf que je la prends très mal, un peu intérieur. Si j’avais voulu le mettre exprès, je n’y serais jamais arrivé. » Parti à l’étranger quelques semaines après son CSC, Queudrue est revenu dans son club formateur à la fin de sa carrière où il a de nouveau marqué l’histoire en entrant en jeu à la 90e minute avant de sortir sur civière une minute plus tard, la cheville en vrac. La même qui avait inscrit ce fabuleux CSC resté dans toutes les mémoires.

#622 - Philippe Mahut

Philippe Mahut
Troyes (1976-1978), FC Metz (1978-1982), AS Saint-Étienne (1982-1984), Matra Racing (1984-1985 puis 1986-1988), Quimper CFC (19, Le Havre (1991-1993)

De loin, il était facile à reconnaître. Avec sa chevelure blonde et sa coupe so 70s, Philippe Mahut était un point de repère visuel de la Division 1 des années 1970 et 1980. De Fontainebleau, son club formateur, au Havre, où il a terminé sa carrière, en passant par le FC Metz et l’AS Saint-Étienne, ce rugueux, mais non moins élégant défenseur a toujours été reconnu pour son fair-play, aussi bien par ses coéquipiers que ses adversaires. « On m’a très souvent parlé de sa détente, et de son très bon jeu de tête, rembobine son fils, Mickey Mahut, dont la tignasse blonde ne laisse que peu de doutes quant au lien de parenté. Il était très sérieux, très respecté, très humble. Dans le cadre d’un documentaire, j’ai récemment parlé avec des anciens joueurs qui l’ont côtoyé, et tous m’ont parlé de son honnêteté. On me l’a décrit comme un joueur sur qui l’équipe pouvait compter, un confident, présent dans les bons comme dans les mauvais moments, un homme droit. » À une époque où les défenseurs tricolores s’appelaient Marius Trésor, Max Bossis, Patrick Battiston ou encore Gérard Janvion, Philippe Mahut a réussi à passer sa toison dorée et à décrocher quelques capes en équipe de France, neuf très exactement. Il était notamment du voyage à la Coupe du monde 1982 en Espagne, mais n’y a disputé qu’un seul match : la petite finale perdue contre la Pologne (3-2). « Il m’a dit un jour qu’il lui manquait ce petit truc, cette petite confiance en lui supplémentaire pour atteindre le « niveau du dessus », une vraie place en équipe de France par exemple » , développe Mickey Mahut. Après sa carrière, Philippe Mahut est rentré à Fontainebleau, devenant délégué aux sports de la ville. Il est décédé en février 2014, trop jeune, à l’âge de 57 ans, des suites d’un cancer. Le stade de Fontainebleau porte aujourd’hui son nom. Et quelques cheveux blonds, certainement. Propos de Mickey Mahut recueillis par Éric Maggiori

#621 - Jean-Marie Elie

Jean-Marie Elie
Lens (1967-1968 puis 1973-1978), Saint-Étienne (1978-1981)

Repéré par Lens à 15 ans alors qu’il jouait en DH, Jean-Marie Elie débarque dans le Pas-de-Calais sans pied-à-terre. « J’étais logé chez l’habitant, car à cette époque, les centres de formation n’existaient pas. Ma mère n’était guère favorable à mon départ, et on lui a assuré que je reviendrais tous les quinze jours. Je m’entraînais avec les pros le matin et avec la réserve le soir » , racontait-il à Actu Normandie. Brillant aux côtés de Farès Bousdira, il ramène le Racing en D1, puis en Coupe d’Europe, inscrit 35 buts en sang et or dans l’élite et atteint la finale de la Coupe de France en 1975 (perdue 2-0 contre Saint-Étienne). « On était une bande de copains, on était professionnels sans l’être. C’était à la bonne franquette. » Une fois chez les Verts, JME obtiendra le titre de champion de France derrière lequel il courait, en 1981. « Je suis fier d’avoir fait toute ma carrière dans seulement deux clubs. Aujourd’hui, beaucoup de joueurs changent souvent. Mais à l’époque, c’était l’amour du maillot. C’était la continuité qui primait. » Des valeurs de grande valeur.

Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF

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