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Top 1000 : les meilleurs joueurs du championnat de France (770-761)

Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF

Quel est le meilleur joueur de l'histoire du championnat de France depuis sa création en 1932 jusqu'à 2022 ? Statistiques, palmarès, trajectoires personnelles, classe, dégaine, empreinte laissée : autant de critères qui nous ont permis d'établir notre classement très subjectif des mille joueurs les plus marquants de Division 1 et de Ligue 1. Le credo d'un feuilleton qui va durer précisément 100 jours.

#770 - Jorge Burruchaga

Jorge Burruchaga
Nantes (1985-1992), Valenciennes (1992-1993)

Lorsque Jorge Burruchaga offre une Coupe du monde à l’Argentine, en finale du Mondial 1986 face à la RDA sur un service de son compère Diego Maradona, le diabolique milieu offensif vient de boucler un premier exercice convaincant en Europe avec Nantes (neuf pions) sous les ordres de Coco Suaudeau et aux côtés de Loïc Amisse, Vahid Halilhodžić et José Touré, terminant sur la deuxième marche du podium avec son club et meilleur joueur étranger du championnat (devant Safet Sušić) selon France Football. S’il reste sept ans chez les Canaris, ses saisons suivantes sont pour la plupart sapées par les blessures et les opérations (140 matchs de Ligue 1 pour 27 caramels avec les Jaune et Vert, tout de même). En 1992, le promu valenciennois s’offre l’esthète argentin, qui claquera dix buts lors de son exercice dans le Hainaut, mais commettra l’irréparable lors de la 36e journée, en cédant aux sirènes pécunières de Bernard Tapie, tout comme son coéquipier Christophe Robert : l’affaire VA-OM est née, et en mai 1995, Burruchaga est condamné à six mois de prison avec sursis et 5000 francs d’amende pour corruption passive, en plus d’une suspension de dix-huit mois.

On ne le reverra plus jamais dans le championnat de France. « Tout est parti d’un malentendu autour d’une conversation. Mais je n’ai jamais été impliqué dans cette affaire, niait-il en 2014 dans les colonnes de Ouest-France. J’ai toujours été ferme dans mes convictions, dans mon jeu et dans mes déclarations. C’est ce qui m’a donné la tranquillité nécessaire pour jouer encore cinq années après ma suspension. J’ai été victime d’une grande injustice, alors que je n’avais rien fait ! […] Entre l’appel de (Jean-Jacques) Eydelie et le match, il ne s’est rien passé, et le match s’est déroulé normalement. Tout le bruit qu’il y a eu après autour de cette affaire est le simple fait d’intérêts gouvernementaux, parce que ça en arrangeait certains d’éliminer Tapie du monde politique. […] Moi, j’ai joué ce match comme tous les autres, c’est ce que j’ai déclaré au juge et à mes coéquipiers. Cette suspension était absurde et trop tardive. Une atteinte à ma liberté de travail. J’aurais pu faire un procès à la FIFA, j’ai failli le faire, mais je n’aurais plus jamais joué de ma vie. […] Ce que je peux dire, c’est que moi, je n’ai rien reçu, et il n’y a jamais eu la preuve du contraire. »

#769 - Mario Balotelli

Mario Balotelli
Nice (2016-2019), OM (2019)

Mario Balotelli s’est présenté à la Ligue 1 le 11 septembre 2016 en claquant un doublé crucial dans la quête d’une victoire 3-2 contre l’Olympique de Marseille. Le début idyllique d’une histoire passionnelle avec Nice. L’Italien fait chavirer l’Allianz Riviera, et les voisins sont au premier rang : Balo plante 6 buts en 4 matchs contre Monaco, et 5 en 5 rencontres face à Marseille. Super Mario inscrit 15 buts en championnat lors de sa première saison chez les Aiglons, et 18 lors de l’exercice suivant. Dans son sillage, le Gym se hisse sur le podium de la Ligue 1 en 2017. Ses derniers coups d’éclat dans l’Hexagone se feront sous le maillot marseillais, qu’il endosse en janvier 2019 après des mois à traîner son spleen à Nice. Une nouvelle fois, le Balo Impact est immédiat : buteur dès sa première contre Lille, le grantatakan marque 8 fois en 15 apparitions. Et s’en va sur un rouge. Imprévisible de bout en bout.

#768 - Habib Beye

Habib Beye
Strasbourg (1998-2003), OM (2003-2007)

Avant d’enfiler les costumes de consultant et d’entraîneur, Habib Beye a eu une carrière parsemée de succès. Celle-ci a commencé par une formation au PSG, bien que l’OM ait toujours été son équipe favorite. « J’en suis même fier, ça fait partie de mon histoire, même si ça n’enlève rien au fait que l’OM est mon club de cœur. Celui que je supportais enfant et celui où j’ai passé mes plus belles années de footballeur. Mais il ne faut pas croire que je garde une quelconque amertume envers le PSG parce que je ne suis pas passé pro là-bas, ce n’est pas du tout le cas » , confessait-il à So Foot en 2016. Sauf que Beye le reconnaît lui-même, il n’a rien prouvé au PSG. Strasbourg tente tout de même le pari en 1998, et celui-ci s’avère payant. Cinq saisons après, son rêve se réalise : Habib Beye porte, quatre saisons durant, les couleurs de l’Olympique de Marseille ; jusqu’à ce que l’offre de Newcastle arrive. « J’ai pris un pied fou là-bas [à Marseille]. Je suis parti en 2007, mais c’était totalement à contrecœur, je n’avais aucune envie de quitter Marseille » , racontait l’international sénégalais dans la même interview.

#767 - Carmelo Micciche

Carmelo Micciche
Metz (1980-1981 puis 1984-1990), OM (1989), Cannes (1990-1991), Nancy (1991-1992)

Sicilien d’origine, Carmelo Micciche n’est ni plus ni moins que le joueur le plus talentueux à avoir jamais évolué au FC Metz sous Carlo Molinari – selon le mythique président du club lui-même. Ralenti par une fracture de la jambe assez moche au début de sa carrière, Micciche doit pourtant redescendre de plusieurs échelons, à Quimper, Sarreguemines puis Thionville, imaginant alors quitter le foot. Mais le bonhomme se relève, revient chez lui, sous les ordres de son mentor Marcel Husson, et casse la baraque. Huit buts en 1985-1986. Quatorze la saison suivante. Vainqueur de la Coupe de France en 1988, Micciche a surtout gagné le statut de légende des Grenats. Ses passages à Cannes et Nancy lui permettront ensuite de passer la barre des 40 réalisations dans l’élite. La Carmelodie du bonheur.

#766 - François Calderaro

François Calderaro
Metz (1990-1992), PSG (1992-1994)

Voilà un nom qui fleure bon la D1 du début des années 1990. Avec son look bien à lui, son efficacité létale face à la cage adverse et sa fameuse pirouette en guise de célébration, François Calderaro est, à l’époque, l’une des figures du championnat de France. Sous le maillot de Metz, il inscrit 10 buts pour sa première saison dans l’élite, puis 19 la suivante, étant seulement devancé par Jean-Pierre Papin au classement des buteurs. Caldé est aux portes de l’équipe de France, mais ne jouera finalement qu’avec la sélection B. Son départ pour le PSG, où il reste dans l’ombre de George Weah et de David Ginola, porte un coup à ses statistiques, même s’il y décroche un titre de champion en 1994. Cet attaquant spectaculaire est aussi connu pour avoir accepté d’être interviewé sous la douche par Marianne Mako, de Téléfoot. Une émission qui le met fréquemment à l’honneur dans son très attendu Top buts. « Qu’est-ce que j’ai pu m’exercer aux ciseaux, mon geste préféré…, raconte le Cobra à La Dépêche du Midi. J’ai dû en mettre, allez à la louche, quinze à l’entraînement. J’en ai réussi deux en match. Regardez YouTube : un avec Metz face à Nice, barre rentrante sur un centre d’Hinschberger. Un second avec le PSG devant… Metz, avec Weah passeur. Je marquais à l’instinct, sur une touche de balle. » Effectivement, ça vaut le coup d’œil.

#765 - Jean-Claude Darcheville

Jean-Claude Darcheville
Rennes (1995-1998), Lorient (2001-2002), Bordeaux (2002-2007), Valenciennes (2008-2009)

S’il ne fallait garder qu’un seul match en Ligue 1 de Jean-Claude Darcheville, ce serait probablement ce 6-2 du 27 octobre 2001 infligé par Lorient face à Guingamp. Un match dans lequel le Darche a planté un triplé, fait oublier ses débuts compliqués dans l’élite avec Rennes et prouvé qu’il était l’un des meilleurs attaquants du championnat en ce début de millénaire, comme l’évoquait Stéphane Carnot, son adversaire du soir : «  On a essayé de sauver les meubles, mais Darcheville, à l’époque, c’était très fort. » Et pas que sur le terrain, puisque après la rencontre, celui qui roulait dans les rues de Lorient avec une voiture qui changeait de couleur avec le soleil mettait aussi l’ambiance dans le vestiaire. Pas étonnant qu’une fois les crampons rangés, JC ait ouvert une boîte de nuit dans sa Guyane natale, le Golden : « On me voit comme un gros fêtard. Bon, c’est vrai que j’aime bien m’amuser, mais le Golden, c’est pour les gens d’ici, pas pour moi. Le carnaval, c’est génial, sauf les soirées masquées. C’est pas mon truc, parce que tu ne sais jamais : tu n’es pas à l’abri de danser avec ta mère ou ta sœur. » Une joie de vivre, un amour de la punchline, des gros cuissots et un sens du but que Darcheville a emmené avec lui à Bordeaux où il a formé avec Pascal Feindouno le duo le plus attachant de l’époque. Et l’un des plus forts.

#764 - Kevin Gameiro

Kevin Gameiro
Strasbourg (2005-2008), Lorient (2008-2011), PSG (2011-2013), Strasbourg (2021-)

C’est bien connu, il est toujours plus facile d’être appelé en équipe de France lorsque l’on joue dans un club qui évolue en Ligue des champions, en Ligue Europa ou qui joue les premières places en championnat. Pourtant, Kevin Gameiro a prouvé que l’on pouvait jouer le ventre mou en Ligue 1 et évoluer avec les Bleus. Bon, pour devenir le premier Lorientais à être appelé en équipe de France depuis Antoine Cuissard en 1947, il faut quand même claquer une saison à 22 pions en championnat, être nommé dans l’équipe type de Ligue 1 de l’année et faire partie des quatre joueurs nommés pour le titre de meilleur joueur. À Lorient, comme à Strasbourg où il a débuté – avant d’y revenir en fin de carrière – ou au PSG où il était l’une des premières recrues des Qataris avant que le club devienne trop grand pour lui, Gameiro a fait ce qu’il savait faire de mieux : marquer des buts. Et faire des appels. Tout le temps. Incessamment. Et ce, même si la plupart restait en absence comme lors d’un match à Auxerre où Nenê a boycotté le roi de la Ligue Europa et probablement offert définitivement le titre à Montpellier.

#763 - Titi Camara

Titi Camara
Saint-Étienne (1990-1995), Lens (1995-1997), OM (1997-1999)

Difficile de ne pas relier le crâne lisse de Titi Camara à la D1 de la fin des années 1990. Sous les couleurs de trois clubs et en l’espace de neuf ans, l’attaquant guinéen a effectivement marqué les supporters, comme il aura marqué ses buts. Avec force. Né à Conakry, Aboubacar Sidiki Camara, de son complet, débarque ainsi dans l’Hexagone en 1987, en provenance de l’AS Kaloum, afin d’achever son cursus de sport-études dans le Puy-de-Dôme, à Ambert. Un choix audacieux, qui lui permet d’attirer les recruteurs de l’AS Saint-Étienne, venus piocher au niveau amateur. À l’été 1990, Camara s’installe donc dans le Forez, jusqu’en 1995, empilant 94 rencontres. Geoffroy-Guichard découvre alors un attaquant doué techniquement, extrêmement rapide, mais également capable de manquer le plus facile devant le gardien. Comme il le précisait dans nos colonnes, en 2015 : « Je fais 1,85m, mais je n’ai jamais rien su faire avec mon crâne. À défaut de régner dans les airs, je courais assez vite, c’est vrai. Et mon accélération, c’est un secret, je ne le donnerai qu’à mon fils ! » Ne dépassant jamais les 8 réalisations lors d’un seul et même exercice (16 buts en 5 saisons), Camara parvient pourtant à séduire le RC Lens, véritable tournant dans ce parcours singulier.

Dans le Nord, l’attaquant trouve en effet son rythme de croisière, devenant le lieutenant du bombardier Tony Vairelles. Deux années pleines au stade Bollaert, de 1995 à 1997, offrant à la tribune Marek son sens du devoir, en dépit d’affoler les tableaux statistiques (18 buts en 76 matchs). De quoi lui offrir un transfert inespéré vers l’OM, ultime étape de sa carrière française. Moins prépondérant, puisque barré par Fabrizio Ravanelli ou Christophe Dugarry devant, Camara se charge d’assurer un rôle de joker, peu aidé par les choix de Rolland Courbis, ne lui accordant alors que très peu de temps de jeu. Des miettes, exploitées au maximum comme face à Bastia, où,

#762 - Mahamadou Diarra

Mahamadou Diarra
OL (2002-2006)

Mahamadou Diarra n’aura séjourné que dans une ville en France. Lyon. Et pourtant, en seulement quatre saisons dans le Rhône, le milieu défensif a été l’un des principaux artisans du Golden Age gone. Le Malien arrive ainsi en inconnu, à l’été 2002, transfuge du Vitesse d’Arnhem. Recommandé par son grand frère Harouna (qui l’avait déjà amené en Grèce, à l’OFI Crète, pour sa première expérience en Europe), « Djila » ne tarde pas à s’imposer dans cet Olympique lyonnais fraîchement sacré champion de France. Associé à Michaël Essien, Juninho et Tiago dans l’axe, le longiligne performe, touchant une centaine de ballons par match et se muant en véritable relanceur.

Une aisance balle au pied démontrée par une ambidextralité caractéristique, des projections vers l’avant et un jeu long, léché, mettant Sidney Govou, Florent Malouda, Nilmar ou Fred dans les meilleures conditions : « À l’époque, on était très bien ensemble, et on était très complémentaires, que ce soit avec Juni et Essien, puis Tiago. raconte-il à Foot Mercato. C’était pas mal, mais il ne faut pas oublier non plus les côtés qu’on possédait, avec Malouda et Govou en attaque, Abidal et Antho (Réveillère) derrière. On n’avait pas peur de tenter quoi que ce soit, ou de jouer n’importe quelle équipe. » Un récupérateur finalement moderne, malgré un physique imposant et, surtout, une époque friande des postes fixes. Quatre ans à l’OL, pour autant de titres en Ligue 1 et 121 rencontres disputées (170 toutes compétitions confondues) avant d’être transféré chez l’une des proies favorites de l’ogre lyonnais en 2006 : le Real Madrid. Pour devenir le deuxième Africain à s’y imposer, en digne successeur de Geremi Njitap : « Je suis content d’avoir réalisé 80% de ce que je voulais faire à Madrid, même si je pensais que c’était le bon endroit pour gagner la Ligue des champions. Mais je n’ai pas eu la même chance là-bas qu’à l’OL. » La Ligue 1 ne s’oublie pas.

#761 - Raoul Diagne

Raoul Diagne
Racing Paris (1932-1939)

Son père, député, le voyait plutôt banquier. Mais Raoul Diagne a fait carrière balle au pied. Le Guyanais rejoint le Racing Club de Paris à 16 ans, en 1926. Tout premier joueur noir à revêtir le maillot de l’équipe de France, « l’Araignée noire » crève l’écran sur les terrains, remportant le championnat en 1936 ainsi que trois Coupes de France. Et offre un magnifique exemple de dépassement de fonctions en jouant partout où il le faut. En défense, la plupart du temps, mais aussi comme gardien. En 1931, la blessure du portier André Tassin oblige à lui trouver un suppléant. Raoul Diagne relève alors le défi. « L’intérim durera finalement quatre mois, Diagne se révélant être un dernier rempart de tout premier choix, raconte le site du Racing. Lors de la saison du doublé Coupe-Championnat de 1936, « l’araignée » jouera d’ailleurs la moitié de la saison en tant que gardien de but afin de pallier les « caprices » du titulaire habituel Rudi Hiden, (qui) refusait de réintégrer l’équipe sans une augmentation substantielle de son salaire. » Brillant sur la pelouse, Diagne l’est aussi en dehors puisqu’il côtoie la star de cabaret Joséphine Baker et se balade de temps en temps en pleine rue avec un guépard en laisse. Cool, Raoul.

Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF

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