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Top 1000 : les meilleurs joueurs du championnat de France (900-891)

Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF

Quel est le meilleur joueur de l'histoire du championnat de France depuis sa création en 1932 jusqu'à 2022 ? Statistiques, palmarès, trajectoires personnelles, classe, dégaine, empreinte laissée : autant de critères qui nous ont permis d'établir notre classement très subjectif des mille joueurs les plus marquants de Division 1 et de Ligue 1. Le credo d'un feuilleton qui va durer précisément 100 jours.

#900 - Philippe Christanval

Philippe Christanval
Monaco (1997-2001), OM (2003-2005)

Philippe Christanval n’a même pas 20 ans quand il commence à enchaîner les titularisations avec l’AS Monaco. Y compris contre la Juventus, en 1998, en demi-finale de la Ligue des champions. « En fait, je ne devais même pas le jouer, ce match-là, nous racontait-il. Le week-end juste avant, je n’étais pas dans le groupe. Et il y a Franck Dumas qui se blesse. Le lundi, j’arrive à l’entraînement, tranquille. Dans ma tête, je ne pensais pas du tout que j’allais jouer. J’arrive dans les vestiaires et je sens une atmosphère bizarre, tout le monde me regarde, et il y a Jean Tigana qui vient me voir et qui me dit : « Faut que je te parle. » Et il me dit : « Prépare-toi, parce que tu vas être titulaire. » Instantanément, j’ai la pression qui monte. Et le soir même, impossible de dormir. »

Défi relevé, malgré l’élimination (6-4 cumulé).

Champion de France avec le club de la Principauté en 2000 et sacré meilleur espoir du championnat cette année-là, le défenseur guadeloupéen côtoie notamment Thierry Henry. Pas forcément de bon conseil au niveau capillaire. « Il m’avait dit : « Ouais, vas-y, fais-toi cette coupe. » Et je l’avais suivi, se souvient-il en pensant à ses tresses. Après, quand je regarde les photos : « Qu’est-ce que j’ai fait ? Comment j’ai pu faire ça ? » J’ai coupé la deuxième année à Barcelone, moi-même, tout seul face à la glace avec une tondeuse. » Ça n’a pas empêché celui qui est maintenant agent immobilier de mener une carrière honorable, terminée à Fulham. D’avoir un stade à son nom à Sarcelles, aussi. Et de laisser un souvenir impérissable à Arda Turan, à qui il avait donné son maillot à l’époque où le jeune Turc était ramasseur de balle.

#899 - Alban Lafont

Alban Lafont
Toulouse (2015-2018), Nantes (2019-)

Il faudra penser à féliciter chaleureusement la personne qui a eu l’idée de donner des gants au jeune Alban, 11 ans, à un âge où le tout jeune attaquant était plutôt habitué à faire trembler les filets plutôt qu’à les défendre. Une arrivée presque tardive dans les cages qui n’a pas empêché le Franco-Burkinabé de signer un record de précocité en étant lancé dans le grand bain de la Ligue 1 le 28 novembre 2015, à 16 ans et 309 jours. Une bénédiction pour le TFC, à la rue en championnat et pas vraiment verni à ce poste, avec les malheureux Ali Ahamada et Mauro Goicoechea. Même pas peur : Lafont débute sa carrière par deux clean sheets, réalisant quelques parades remarquées et remarquables, et contribue grandement au maintien in extremis des Violets dans l’élite. Le chemin était tout tracé pour la tige d’1,96 mètre, devenu taulier de Toulouse jusqu’en 2018, puis faisant désormais le bonheur du FC Nantes depuis son retour en France en 2019 après une courte parenthèse italienne. Chez les Canaris, Lafont est comme chez lui et il vient d’y boucler une saison 2021-2022 remarquable, avec deux moments très forts : le sacre en Coupe de France, bien sûr, mais aussi une prestation XXL contre le PSG de Lionel Messi et de Neymar qui lui a valu d’obtenir le sacro-saint 10/10 dans le journal L’Équipe. Et son histoire avec notre magnifique championnat ne fait que commencer.

#898 - Lionel Mathis

Lionel Mathis
Auxerre (2000-2007), Sochaux (2007-2008), Guingamp (2013-2016)

On peut tout à fait se bâtir une solide carrière dans le championnat de France tout en évitant soigneusement les clubs basés dans des grandes métropoles. Lionel Mathis en est la preuve vivante. Ancien pensionnaire de l’INF Clairefontaine, ce milieu discret mais précieux se rend d’abord indispensable à Auxerre (environ 35 000 habitants), où il est élu meilleur espoir de Ligue 1 en 2003. Il rend ensuite quelques fiers services à Sochaux (un peu moins de 30 000 habitants, si l’on y ajoute Montbéliard) puis aide Guingamp (7 000 âmes) à retrouver sa place parmi l’élite. Entre l’AJA et l’En Avant, avec lesquels il a gagné deux Coupes de France chacun, son cœur balance. « On ne va pas se mentir, ça reste deux petites villes, même si Guingamp c’est incomparable avec Auxerre. Et il y a le rapport avec les supporters et la vie de tous les jours, on est tranquille, au calme » , a décrit l’ex-international Espoirs à L’Yonne républicaine. On veut bien le croire.

La réaction de Lionel Mathis : « C’est toujours sympa après une carrière d’entendre parler de soi quand on n’a pas été une superstar, donc ça fait plaisir. C’est un beau classement pour moi car il doit y avoir énormément de joueurs depuis les années 30. Fier d’être dans les 1000. »

#897 - Malcom

Malcom
Bordeaux (2016-2018)

En deux ans et demi, Malcom a eu le temps de briller dans le championnat de France et de récolter quelques milliers de vannes à propos de son nom et de la fameuse série télévisée. Arrivé en Gironde à l’hiver 2016 contre une somme de cinq millions d’euros, le jeune Brésilien, 18 ans, prend le temps de s’acclimater à un nouveau pays, une nouvelle météo et un nouveau football. Doucement, mais sûrement, il s’intègre et devient un élément indispensable du onze bordelais lors des deux saisons suivantes. Au programme : des accélérations folles, des caviars et surtout des buts mémorables. Comme cette merveille en lucarne au Groupama Stadium ou ce pétard monstrueux face à Dijon, qui sera d’ailleurs élu plus beau pion de la saison 2017-2018 de L1. Des bons souvenirs pour les Girondins, à une époque où ces derniers se battaient encore pour jouer des rendez-vous européens. Après un passage sans saveur du côté de Barcelone, Malcom évolue au Zénith Saint-Pétersbourg, où il lui arrive de marquer des golazos dont il a le secret. Sinon, quelqu’un a des nouvelles de son frère Douwy ?

#896 - Milan Bisevac

Milan Bisevac
Lens (2006-2008), Valenciennes (2008-2011), PSG (2011-2012), Olympique Lyonnais (2012-2016), Metz (2016-2018)

Olivier Giroud, Nenê, Javier Pastore, Eden Hazard, Pierre-Emerick Aubameyang, Lisandro Lopez, la saison 2011-2012 de Ligue 1 ne manque pas de talents. Pourtant, au milieu de cette belle brochette, un homme moins glamour a remporté le trophée du joueur du mois UNFP de janvier 2012 : Milan Biševac. Depuis cette date, seuls trois autres défenseurs – Thiago Silva, Mathieu Debuchy, Kenny Lala – ont réussi à obtenir ce trophée habituellement réservé aux joueurs offensifs ou aux gardiens. Un trophée que le défenseur serbe, qui évoluait alors au PSG de l’an I après l’arrivée des Qataris, aurait déjà pu obtenir lorsqu’il était du côté de Valenciennes, déjà avec Antoine Kombouaré, et qu’il mettait tous les attaquants adverses dans sa poche arrière. Et ce ne sont pas ses passages contrastés à Lyon et Metz qui vont faire oublier à quel point Milan Biševac était un vrai défenseur-soldat. Et en plus il portait le serre-tête à la perfection.

#895 - Ali Bouafia

Ali Bouafia
OM (1987-1988), Lyon (1989-1992), Strasbourg (1992-1995), Lorient (1998-1999)

Ali Bouafia a découvert la D1 avec l’Olympique de Marseille, mais c’est bien avec l’Olympique lyonnais qu’il va y exploser. Principal fait d’armes du milieu offensif : le derby du 15 septembre 1990. L’OL reste alors sur 18 ans sans victoire à Geoffroy-Guichard… La disette prend fin grâce à « Mouche » , et à un brin de chance. « C’est vraiment un but gag, explique-t-il au site Olympique et Lyonnais. Je me souviens très bien, quand je prends le ballon côté gauche et que je commence à courir, Domenech me fait une remarque, il me demande où je vais comme ça. Moi je centre à la désespéré en bout de course et puis voilà. » Sylvain Kastendeuch est sur la trajectoire et pousse malencontreusement le ballon au fond : 1-0, score final. « Fier d’avoir contribué au lancement de la fusée OL » , Bouafia fera ensuite la joie de Strasbourg et de Lorient. Numéro 26 sur le dos, l’Algérien a ainsi offert aux Merlus leur première montée en Ligue 1 en 1998, en inscrivant l’unique but du match contre Wasquehal à la dernière journée. La saison suivante sera sa dernière dans l’élite, après 223 matchs et 36 buts. « Mouche » aura laissé sa patte.

#894 - Maurice Bouquet

Maurice Bouquet
Brest (1985-1988 puis 1989-1991), Saint-Etienne (1991-1993), Martigues (1993-1995)

Avant de s’appeler Stade brestois, le club le plus occidental de l’Hexagone portait le nom de Brest Armorique FC. Une époque où les Bretons réussissent à se stabiliser en première division, avec dans leurs rangs un milieu de terrain à tout faire, capable de jouer sentinelle, relayeur, meneur de jeu ou même libéro. Maurice Bouquet dispute cinq saisons dans l’élite chez les Pirates, où il porte le brassard de capitaine. « M. Yvinec est venu me chercher à Vannes. Je jouais en D3 au Véloce et nous sommes allés manger une pizza. À la fin du repas, je signais un contrat professionnel avec le Brest Armorique » , racontait-il à Ouest-France. Le natif de Chadrac, à une heure de route de Saint-Étienne, rentrera ensuite en Haute-Loire pour deux ans à l’ASSE, sous les couleurs de son club de cœur. Son passage en D1 s’achèvera par deux autres saisons à Martigues, où il fera grimper son total à 269 matchs dans l’élite et inscrira un coup de canon mémorable sous la barre de Bernard Lama, à 40 mètres de distance. « Si un joueur vous dit que sur un but comme ça il a fait exprès, c’est un mensonge, expliquait-il en souriant sur le site du FCM. En fait, c’est un but à mon image. Un but qui prouve qu’en ne se posant pas de questions et en faisant les choses avec détermination, on peut réaliser de grands trucs. C’est ce qui s’est passé ce soir-là. J’ai foncé tête baissée. Quand on veut, on peut ! » Bouquet final.

#893 - Tulio De Melo

Tulio De Melo
Le Mans (2005-2008), Lille (2008-2014), Évian TG (2014-2015)

Il est difficile de ne pas avoir des étoiles dans les yeux en repensant au MUC 72. Parmi les joueurs mythiques du club sarthois à cette époque, on se souvient bien sûr de Tulio De Melo. L’attaquant brésilien aurait pourtant pu disparaître des radars aussi vite qu’il était apparu en première division française, où ses débuts sont convaincants, avec notamment un doublé contre Rennes. Seulement, en février 2006, c’est le début des ennuis pour lui, avec une rupture des ligaments croisés. Les pépins physiques ne seront ensuite jamais très loin de De Melo, qui aurait sans doute pu enfiler quelques perles de plus en Ligue 1 sans ces blessures à répétition. Reste qu’il ne se gêne pas pour briller en 2007-2008, plantant 13 buts et permettant au Mans de finir l’exercice en première partie de tableau. Après un court détour par Palerme, il revient faire la pluie et le beau temps à Lille, où il retrouve Rudi Garcia et fait parler son talent de buteur, tout en continuant à passer du temps, trop de temps, à l’infirmerie. Il trouve tout de même un créneau pour participer au titre de champion de France du LOSC avec ses 4 buts cette saison-là, dont 2 pour offrir la victoire aux Dogues, notamment dans le derby face à Lens. Poussé vers la sortie par Salomon Kalou et Nolan Roux, De Melo finira ses années L1 du côté d’Évian Thonon-Gaillard, sans beauté ni gloire puisqu’il ne disputera que cinq petits matchs pour… zéro but. Son plus beau fait d’arme dans l’Hexagone ? Adorer le camembert. Oui, monsieur !

#892 - Joël Tiéhi

Joël Tiéhi
Le Havre (1987-1988 puis 1991-1994), Lens (1994-1996), Martigues (1995-1996), Toulouse (1997-1998)

Christ et Jean-Pierre Tiéhi, qui évoluent respectivement au Slavia Prague et au Hamilton Academical, ont de qui tenir. Leur paternel n’est autre que Joël Tiéhi, vainqueur de la CAN 1992 avec la Côte d’Ivoire et attaquant redouté des années 1990 en D1. Agile techniquement et d’une efficacité létale face à la cage, l’Éléphant marque surtout les esprits du côté du Havre. À l’évidence, les supporters normands n’ont pas oublié son but incroyable contre l’OM, inscrit après avoir mystifié Jean-Philippe Durand, Bernard Casoni, Didier Deschamps et avoir ajusté Fabien Barthez d’une frappe en pleine lucarne. Avant de partir dans le Golfe, il réalise une jolie saison à Toulouse. Où l’entraîneur, Alain Giresse, a la mauvaise idée de prévoir une sortie à vélo pendant la préparation estivale. « Moi, je ne disais rien mais j’étais inquiet car je ne sais pas en faire, se souvient l’ancien Lensois dans un entretien accordé à L’Équipe. Mon père a eu 32 enfants et il n’allait pas en acheter un à tout le monde. J’ai essayé mais, à un moment donné, on est passé par un petit chemin très étroit au bord d’un précipice et, là, je n’ai pas pu. Je me suis arrêté net. Tétanisé par le vide. On ne m’avait jamais dit que pour faire du football en France, il fallait faire du vélo. Alors je l’ai mis sur mon épaule et je suis descendu à pied. » Il valait mieux être raisonnable, en effet.

#891 - Jules Sbroglia

Jules Sbroglia
Metz (1945-1947), Angers (1952-1959), Lyon (1959-1960), Rouen (1960-1962)

Jules Sbroglia, comme Raymond Kopa, fait partie de ces joueurs indissociables de l’histoire de l »Angers SCO. Défenseur de formation, élevé au FC Metz (32 matchs de D1), c’est en effet dans l’Anjou que ce fils d’immigrés italiens prend son envol. Débarqué au SCO à l’été 1952, un an après le départ de Kopa pour Reims, Sbroglia se mue en leader et incontestable capitaine d’une équipe qui découvrira l’élite pour la saison 1957-1958. Fort de 101 rencontres de première division disputées en noir et blanc, le libéro de poche (1,72 mètre seulement) se paiera surtout le luxe d’être élu Étoile d’or France Football 1959 (équivalent au titre de meilleur joueur de l’année). Sacré exploit pour un joueur de l’ombre. Une période dorée, suivie d’une fin de parcours plus sinueuse, mêlant Lyon (29 matchs) puis Rouen (59 parties).

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