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Tactique : comment Manchester City a géré la sortie de Kevin De Bruyne ?

Par Matthias Ribeiro

Remplacé par Phil Foden à la 36e minute de jeu face à l’Inter à la suite d'une blessure à l’ischio-jambier droit, Kevin De Bruyne n’a une nouvelle fois pas pu disputer l’intégralité d’une finale de C1. Amputé de l’un de ses éléments les plus précieux, Manchester City a dû changer, s’adapter et continuer. Coup d'œil sur l’évolution des Skyblues.

Tactique : comment Manchester City a géré la sortie de Kevin De Bruyne ?

« Montre-moi encore, Kevin (De Bruyne), montre-moi en finale de Ligue des champions à quel point tu es bon, à quel point tu es important. Fais le meilleur match de ta vie ce jour-là. Parce qu’avec lui, ce sera plus facile de gagner la Ligue des champions. » Lors d’un récent entretien avec Thierry Henry pour CBS Sports Golazo, Pep Guardiola n’a pas hésité à dévoiler certaines facettes de son management visant à tirer la quintessence de son maestro belge le jour J. Pas de chance, deux ans après le sévère tampon d’Antonio Rüdiger qui lui avait coûté sa place à l’heure de jeu lors de son premier sommet de C1 face à Chelsea (0-1), De Bruyne a une nouvelle fois dû quitter les siens prématurément à la suite d’un pépin physique en finale contre l’Inter. Une sortie qui n’a pas particulièrement fait plonger des Citizens déjà bien embêtés par les Nerazzurri, mais qui a toutefois confirmé les précédents dires de son entraîneur tant la victoire décrochée a été périlleuse.

La première demi-heure

C’était un enjeu majeur de l’opposition tactique entre les deux équipes avant le match : comment Manchester City allait exploiter le dos de Nicolò Barella lors de ses courses défensives ? Missionné pour presser le joueur extérieur adverse côté droit, l’Italien avait donc logiquement Nathan Aké dans le viseur à l’Atatürk Olympic Stadium d’Istanbul. Une animation récurrente dans l’équipe de Simone Inzaghi qui voit son milieu relayeur sortir pour déformer le 5-3-2 tout en profitant continuellement d’une grosse densité axiale, alors que ce dernier est couvert sur la largeur par Denzel Dumfries et derrière lui par Matteo Darmian, jamais timide à l’heure de quitter sa ligne défensive pour défendre en avançant.

Pourtant d’ordinaire souverain dans son demi-espace droit favori où il excelle à l’heure de distribuer ses fameux centres brossés vers Erling Haaland, c’est Kevin De Bruyne qui avait exceptionnellement pour objectif de décrocher côté gauche derrière le petit Italien lors de ses sorties afin de profiter d’un espace ouvert ou d’en ouvrir d’autres plus haut si Darmian sortait loin de sa base. Un jeu entre chats et souris, comme d’habitude bien pensé par Guardiola et dans lequel le Belge a d’abord montré beaucoup de qualité.

L’organisation initiale de Manchester City avec le ballon. Au départ, De Bruyne se place volontairement large côté gauche pour évoluer dans le dos de Barella et suffisamment loin de Darmian. Si l’espace est ouvert, le Belge est servi, s’il est fermé, City peut allonger vers Haaland et Grealish.

Funestement connu pour ses innovations parfois superflues dans les matchs couperets, Pep Guardiola a cette fois été plus sobre, à l’image des derniers mois, en retouchant toutefois minutieusement certains détails pour la finale. Habitué désormais à aligner un carré au milieu dans son 3-2-4-1 avec İlkay Gündoğan et Kevin De Bruyne de gauche à droite dans l’étage supérieur du quadrilatère, il a cette fois d’abord cantonné son numéro 17 à un rôle plus fixe détaillé un peu plus haut. Un poste que le Belge a peu à peu abandonné au fil de ses – courtes – minutes pour retrouver une certaine liberté dans le jeu, une position plus haute et plus axiale dans ce qui s’apparente à un losange, le rapprochant fatalement de son plus grand complice, Erling Haaland. C’est notamment là que les seules étincelles de City ont eu lieu en première mi-temps.

La dernière heure

À l’entrée de Phil Foden (36e), plusieurs repères individuels ont donc naturellement changé, bien que le rôle de l’Anglais soit plus ou moins similaire à celui de De Bruyne dans l’animation citizen avant sa sortie. Foden est un joueur créatif comme son aîné, mais dispose cependant d’aptitudes et d’habitudes différentes. Plus apte à éliminer et à se retourner brutalement pour se mettre face au jeu, en plus d’être gaucher, il s’est lui aussi inscrit dans des zones plus axiales afin de mener certaines transitions et d’entourer Erling Haaland, cible de Francesco Acerbi et d’Alessandro Bastoni. Une position qui aura été précieuse par séquence, mais qui aura aussi tempéré son nombre de ballons touchés – 27, comme De Bruyne avec un temps de jeu largement supérieur –, alors que la densité de l’Inter offre logiquement moins de liberté à l’intérieur que sur les flancs.

Capable de fulgurance à l’image de sa prise de balle dévastatrice à la 77e minute avant de s’incliner devant un André Onana des grands soirs, Foden n’a toutefois pas – encore – la constance et la maturité de Kevin De Bruyne dans ce type de rendez-vous. Maladroit sur certains coups de pied arrêtés tirés trop long, parfois trop peu juste sur certaines transmissions et bousculé par l’impact physique de l’Inter, l’Anglais n’a, comme De Bruyne avant lui, pas été directement décisif bien que largement impliqué sur certaines situations, comme sur le but de Rodri (68e) où sa mobilité avec ballon a permis de trouver Manuel Akanji. Dans l’ensemble de son œuvre, Foden n’a guère été bien plus impactant que De Bruyne, mais, avec quelques dizaines de minutes en plus et des ischios moins douloureux, nul ne sait ce qu’aurait encore été capable d’inventer le Belge qui ne dispose d’aucun égal à son poste.

La structure avec ballon après l’entrée de Foden. L’Anglais est plus axial, entre les lignes et proche de Haaland, tandis que Gündoğan assure désormais seul la position côté gauche.

Le système en image, qui s’apparente à un 3-4-3 losange.

L’entrée de Foden a été dans la lignée des dernières minutes de De Bruyne. Ici l’Anglais se retourne dans le dos des milieux et percute balle au pied, alors que Grealish, Haaland et Bernardo Silva fixent les défenseurs de l’Inter.

Rebelote quelques minutes plus tard, sur une prise de balle exceptionnelle qui l’enverra se présenter devant Onana, en vain.

Point sur lequel le jeune Anglais a toutefois été particulièrement précieux et généreux : son travail défensif. Particulièrement appliqué et concentré pour fermer l’intérieur à Marcelo Brozović dans le 4-4-2 – qui a souvent été un 4-2-4 –, Foden a été largement actif en première ligne pour restreindre le Croate ou sortir sur Onana lorsque l’occasion se présentait. Un travail précieux qu’il a maintenu jusqu’à la 94e minute, en témoigne son tacle rageur dans les pieds d’Henrikh Mkhitaryan après une longue course pour retarder l’Inter dans sa conquête du terrain.

La perte anticipée de De Bruyne, les nombreuses occasions de Romelu Lukaku (2,07 xG pour l’Inter, 0,97 pour City), les multiples erreurs individuelles commises par Ederson, Akanji, Bernardo Silva… Tant de facteurs qui auraient pu une nouvelle fois faire obstacle entre Manchester City et la coupe aux grandes oreilles, mais qui ont enfin souri à Guardiola et les siens, désormais plus aptes à souffrir et à convertir la moindre situation tout en profitant d’un indispensable brin de réussite. C’est d’ailleurs précisément cette nouvelle version des Skyblues qui a permis à leurs acteurs d’encaisser plutôt tranquillement la sortie d’un de leurs meilleurs éléments. Parce qu’ils n’étaient pas transcendants quand il était là, parce qu’ils n’ont pas été nettement meilleurs ou moins bons sans lui, mais parce qu’ils sont aujourd’hui capables de juste survivre pour gagner.

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Par Matthias Ribeiro

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