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Varrault : « Croquer chaque moment »

Propos recueillis par Florian Cadu
6 minutes
Varrault : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Croquer chaque moment<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Après huit saisons passées à Dijon, Cédric Varrault a achevé l'aventure contre Angers samedi dernier. Pas encore retraité, le défenseur de 38 ans ne sait pas de quoi son avenir sera fait, mais peut au moins parler de son passé. Et de son admirable longévité.

Quand on est âgé de 38 ans et qu’on a près de vingt saisons de football derrière soi, est-ce difficile de cohabiter avec la nouvelle génération ?Si j’ai joué jusqu’à cet âge, c’est parce que je me suis toujours senti bien dans les groupes où j’évoluais. Et notamment à Dijon, donc. Si tu sens qu’il y a une vraie barrière entre les « vieux » et les « jeunes » , qu’il y a une trop grande différence de génération et que tu n’arrives pas à t’adapter, tu perds l’envie et tu arrêtes. Certains l’ont mal vécu.

Tu n’as pas rencontré ce genre de problème au DFCO ?Non, pas du tout. Le respect mutuel a toujours existé. Les jeunes sont vraiment à l’écoute des anciens, et on n’en abuse pas. À nous, aussi, de nous montrer corrects avec eux. Il y a une alchimie à trouver. La bonne dynamique de groupe est à la base des bons résultats.

Le physique est vachement important. Il y a énormément de joueurs, et donc beaucoup de concurrence. Tu te dois d’être performant même à quarante ans.

Malgré ta très longue carrière, tu n’as connu que quatre clubs. Ce qui démontre une certaine fidélité. Tu as par exemple passé sept ans à Dijon, et huit à Nice. Tu penses que ce genre de parcours va se raréfier encore davantage avec le temps ?On voit encore des joueurs en activité qui n’ont connu qu’un seul club, hein. Il y en aura toujours. Après, on ne peut pas en vouloir à un jeune de viser plus haut et de souhaiter partir dans une équipe plus huppée. En tant que footballeur, tout le monde a cette ambition. Chacun tente de repousser ses limites au maximum et d’atteindre le niveau le plus haut possible. Chacun désire jouer les premiers rôles en championnat, chacun désire connaître la Coupe d’Europe… Lorsqu’on aime ce métier, c’est tout à fait normal d’avoir de l’ambition et d’espérer rejoindre des entités à plus gros pedigree. Et pas seulement pour l’aspect financier, même si le foot reste un business avec des carrières courtes.

Tu as dépassé la trentaine depuis un petit moment, maintenant. As-tu senti que ton corps peinait ?C’est clair que le physique est vachement important. Il y a énormément de joueurs, et donc beaucoup de concurrence. Par conséquent, tu te dois d’être performant même à quarante ans. Notre corps, c’est notre outil de travail. Forcément, il faut être le moins blessé possible. Mais tout est fait pour qu’on dure plus longtemps, aujourd’hui. La technologie nous aide. Il y a quinze ans, le froid n’existait pas par exemple. Les séances d’entraînement sont désormais individualisées et adaptées à chaque caractéristique alors qu’on évolue dans un sport collectif. Les diététiciens font leur trou, on nous fait travailler au niveau mental… On se rend compte qu’aucun détail n’est laissé de côté, et que tout compte. Chose dont on avait moins conscience auparavant. On est devenu hyper perfectionniste.

Jamais je n’aurais pensé faire cette carrière.

À titre personnel, comment expliques-tu ton impressionnante longévité ?Je crois qu’il faut savoir présenter un équilibre sur le terrain comme en dehors, qu’il est nécessaire d’être assez complet et à l’aise au niveau physique et mental. Il faut avoir conscience de la chance qu’on a. On fait quand même un boulot extraordinaire… Vivre de sa passion, ce n’est pas donné à tout le monde. Il est aussi fondamental de se sentir bien dans la ville où on habite, dans le groupe qu’on côtoie. Moi, je me suis toujours éclaté au sein des effectifs dans lesquels je jouais. Cela permet de t’investir dans des projets collectifs à plus ou moins long terme.


Pas seulement sur la pelouse, donc…Le foot, c’est bien, mais il n’y a pas que ça. Même quand c’est ton gagne-pain. Je veux dire par là que c’est toujours enrichissant de connaître le club dans sa globalité, de comprendre son fonctionnement, de donner des idées pour qu’il évolue… Avec l’environnement médiatique, on est rapidement soumis à une pression du résultat, c’est clair. Mais si on arrive à prendre un peu de recul, on se rend compte que d’autres choses existent.

Il faut toujours garder le plaisir en tête.

Si on t’avait dit que tu serais encore en train de taper la balle à près de quarante ans, tu l’aurais cru ?Ah non… J’ai connu le groupe professionnel de Nice à 18 ans, j’ai disputé mon premier match à vingt, donc c’est vrai que c’est allé assez vite. Mais je n’ai signé mon premier contrat pro qu’à 21 ans, et je trouvais déjà ça énorme ! Après, j’ai eu la chance de monter en Ligue 1 et tout s’est enchaîné… Mais jamais je n’aurais pensé faire cette carrière. Surtout que quand on dépasse la trentaine, c’est un peu compliqué en France… Les effectifs sont de plus en plus jeunes, et de plus en plus réduits. Donc on se dit que ça va être de moins en moins facile pour les anciens. Raison pour laquelle il ne faut pas se fixer de limites et prendre les choses comme elles viennent. Et profiter, toujours. Mais c’est clair qu’arriver à 33-34 ans sans avoir raccroché les crampons, je trouvais déjà ça monstrueux.

En quoi le footballeur que tu es aujourd’hui est meilleur que celui de tes débuts ?Je n’ai pas connu de centre de formation. Je suis donc passé de deux entraînements par semaine à des séances quotidiennes. Niveau technique et physique, j’ai ainsi énormément progressé. Comme pour l’intelligence tactique. Surtout, j’ai appris à gérer la pression. Ce qui est loin d’être évident.

Pour ta dernière saison avec Dijon, vous avez cartonné. Avec une onzième place, un maintien largement acquis et 55 buts plantés.On a été une équipe vraiment spectaculaire. On a proposé du jeu, avec la cinquième meilleure attaque du championnat… Il s’est quasiment toujours passé quelque chose avec nous. Et je pense que c’est important d’avoir encore des équipes qui ne calculent pas malgré leur petit budget. Les gens ont pris du plaisir à nous regarder. De toute façon, il faut toujours garder le plaisir en tête et croquer chaque moment comme du bonus.

Dans cet article :
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