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Le comte de Bouderbala : « Ibra a dû avoir une ablation de la gêne »
Avant de faire marrer des salles entières, le comte de Bouderbala faisait lever des gymnases. Basketteur international algérien, le natif de Seine-Saint-Denis a notamment joué à l’université du Connecticut. Pourtant, c’est bien pour causer football qu’il a pris le temps de nous répondre. Un sport qui le ramène à la fenêtre cassée de sa voisine et aux conseils de son frère.
Quel est ton rapport au foot ? On est très distant l’un envers l’autre. Je ne lui parle plus depuis mes douze ans, époque où je me suis tourné vers le basket. Mais j’aime bien regarder des gros matchs et des grands rendez-vous, autant pour le côté sportif que sociologique. Pour moi, un stade, c’est le reflet de la société. Tu vois vite les différences sociales entre celui qui voit le match en loge en sirotant du champagne, celui qui voit le match de tout en haut et le pauvre stadier qui ne voit pas le match, mais voit les gens le regarder…
On te sait grand joueur de basket, mais as-tu également joué au foot ?
J’ai joué au foot petit, vers mes 9-12 ans, avant de jouer au basket, avec mon grand frère et ses potes. Je ne jouais que sur des terrains dehors, j’étais persuadé d’être bon, alors que j’étais ultra mauvais, j’avais deux pieds bots. Une catastrophe. Puis quand j’avais neuf ans, mon grand frère m’a fait croire que le Paris FC s’intéressait à moi et qu’il fallait payer une cotisation de vingt francs pour faire les essais. J’ai payé comme un pigeon, je n’ai jamais vu l’essai et il s’est acheté une belle paire de baskets…
Quels sont tes plus grands souvenirs de joueur ? Moi, j’adorais jouer au foot avec les grands. J’avais l’impression d’exister et ça permettait de progresser très vite, mais je suis resté un joueur d’extérieur, jamais de club. Concernant mes exploits, je me souviens avoir cassé les carreaux de la voisine à Saint Denis avec mon ballon. Elle s’est vengée en me mettant un coup de balai. Mais j’ai définitivement pris ma revanche quelques années plus tard en chopant sa fille.
Quand on est né en Seine-Saint-Denis, on supporte le PSG ou le Red Star ? Perso, je ne calculais pas du tout ni le PSG ni le Red Star, mais c’est un peu plus tard que j’ai compris la hiérarchie des deux clubs, avec les palmarès, les budgets, etc. J’ai commencé à m’y intéresser et ce sont deux clubs que je respecte pour ce qu’ils font. Forcément, j’aimerais bien que le Red Star soit en première division un jour. Pour le PSG, je préférais quand Ibrahimović était là, parce que j’aime bien le personnage, son délire et son histoire. Il se la raconte beaucoup, mais il est assez fascinant de confiance. Petit, il a dû avoir une ablation de la gêne.
Tu n’allais donc pas au stade, plus jeune ?
Non, je n’allais jamais au stade. Je préférais jouer et m’entraîner que voir des gens jouer. Je ne suis allé au stade voir un match que très tard, vers 18 ans, quand mon pote d’enfance bossait à la régie publicitaire du Stade de France. Il nous avait incrustés dans une loge, c’était une première pour moi. C’est là que j’ai compris que le monde du stade était divisé : les loges et les autres.
Quels sont tes plus grands souvenirs liés à ce sport ? La Coupe du monde 98 avec l’équipe de France, forcément, c’est un moment d’anthologie. D’autant plus que ça se passe à Saint-Denis et que Zidane marque en finale, sachant que son père a travaillé à la Plaine Saint-Denis en arrivant d’Algérie. La symbolique est exceptionnellement forte. Autre souvenir merveilleux, l’équipe d’Algérie en 2014 au Brésil, malgré la défaite face à l’Allemagne, j’ai vibré. L’avantage, c’est que vu que je suis assez détaché du foot en général, je ne garde que les bons souvenirs…
Étant franco-algérien, tu as suivi les Fennecs un peu ? Je les suis comme je suis l’équipe de France, ce sont mes deux sélections préférées.
Qui était le joueur ultime pour l’enfant que tu étais ? J’en ai plusieurs. Maradona, un joueur d’un mètre cube d’une technique folle. Zidane, pour la maestria, le charisme et le côté précurseur. Aujourd’hui, j’aime bien Cristiano Ronaldo parce que c’est un « bonhomme » sur et en dehors du terrain. Il a un grand cœur.
D’ailleurs, tu connais personnellement des footballeurs ? Je ne balance jamais de noms… Mais oui, j’ai quelques camarades très sympathiques. Beaucoup sont venus voir mon premier spectacle, vu que je les taillais énormément… Entre leurs coupes de cheveux dégueulasses, leurs interviews avec des proverbes remasterisés, leurs sextapes et Zahia l’exploratrice, les mecs me donnent du boulot aussi… Je les attends pour le Spectacle 2 que je joue actuellement, mais c’est jamais évident avec leur calendrier.
Propos recueillis par Gaspard Manet
Retrouvez le comte de Bouderbala au théâtre Le République où il joue son Spectacle 2.