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Maxime Gonalons : « Je trouve que l’OL a perdu son âme »

Propos recueillis par Léo Tourbe

Revenu en Ligue 1 il y a un an, Maxime Gonalons est un des leaders de la séduisante équipe clermontoise. À 34 ans, il aborde sereinement les dernières saisons de sa carrière. Entretien avec un homme qui fait le bonheur de Clermont et qui analyse les malheurs de l'OL.

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Comme l’année dernière, Clermont montre de belles choses. Mais en ce moment, ça ne paie pas. Que se passe-t-il ?

À part contre Reims, où on était un peu moins bien par rapport à eux, on a montré ce qu’on faisait la saison dernière en matière de jeu, de possession. Il nous a manqué de l’efficacité dans le dernier geste. On s’est créé des situations, mais on a payé cash les erreurs qu’on a commises. À Toulouse, on a bien su réagir mentalement. (Mené 2-0, Clermont a arraché le nul, NDLR.)

Ça t’inquiète de bien jouer mais de ne pas gagner ?

Non, c’est notre philosophie. Il ne faut pas paniquer, parfois ça ne tourne pas comme on veut. Le coach ne va pas changer de tactique. Les choses vont revenir, mais il faut inverser la dynamique parce que le football va très vite. Il ne faut pas penser que les choses vont se passer comme la saison dernière.

Ça va encore plus vite cette année avec le passage à 18 équipes…

En plus ! On est dans une configuration que personne ne connaît. Je trouve que cette année, le championnat est très homogène. Il l’était déjà la saison dernière, mais on sent que chaque week-end, tout le monde peut gagner contre tout le monde.

Que penses-tu de ce changement ?

On va voir, mais pour les clubs, c’est mieux d’un point de vue financier. C’est ce que les présidents des grands clubs veulent, donc on verra. Nous, on n’a qu’un objectif : pérenniser le club en Ligue 1.

Le jeu que j’ai connu à l’OL était basé sur la possession, la technique. C’est ce que j’ai retrouvé ici avec Pascal Gastien.

C’est cliché, mais même après votre bonne saison, vous visez d’abord le maintien ?

Oui, il faut que ce soit cet objectif-là. L’année dernière, on a fait une saison exceptionnelle. Tout le monde l’a vu. On avait l’impression qu’on pouvait gagner contre tout monde, surtout en fin de saison. Mais ça reste fragile. On est un des plus petits budgets de Ligue 1. Il faut qu’on fasse attention, ça peut aller vite dans les deux sens. Il faut qu’on reste humbles. D’abord le maintien et ensuite espérer mieux. On sait que pendant deux ans, on ne va pas avoir de tribune d’un côté. Ça ne nous aide pas forcément.

Tu as 34 ans, tu en es où dans ta carrière ?

Franchement, je prends beaucoup de plaisir ! La fin est plus proche que le début. Personnellement, la saison dernière a été top, malgré quelques pépins physiques. J’ai pris beaucoup de plaisir sur le terrain et en dehors. C’est pour ça que j’étais venu là. À mon âge, je ne vais pas me prendre la tête.

Tu sais déjà ce que tu veux faire après ?

J’ai déjà des idées, oui. J’aimerais bien travailler en tant que consultant à la télé. Ou travailler pour un club.

Parmi tous les coachs que tu as côtoyés, où situerais-tu Pascal Gastien ?

Il est très serein et calme. Comparer avec tous les entraîneurs que j’ai eus, c’est délicat. Mais si je pouvais le comparer à ce que j’ai connu, ce serait avec la formation à Lyon. Le jeu que j’ai connu à l’OL était basé sur la possession, la technique. C’est ce que j’ai retrouvé ici avec Pascal Gastien. C’est aussi pour ça que j’ai signé ici et que je m’y plais énormément.

Ça tombe bien, l’OL cherche un coach !

Ouais, mais il est aussi en fin de carrière ! (Rires.) Du moins, c’est ce qu’il dit à tout le monde. Je ne sais pas ce qu’il fera l’année prochaine, mais c’est un coach avec qui il est très facile de travailler.

Tu es revenu l’année dernière après quelques années en Espagne. Tu ne te voyais pas jouer en D2 avec Grenade ?

J’ai passé des années assez incroyables à l’étranger. J’ai appris deux cultures différentes du foot, en Italie et en Espagne. Le foot espagnol me correspondait particulièrement bien. Malheureusement, ça ne s’est pas bien terminé à Grenade, avec cette descente inattendue. On sortait de deux saisons historiques. On a joué en Coupe d’Europe, on n’était pas loin d’une finale de Coupe du Roi… Quoi qu’il se serait passé, mon intention était de revenir en France, de terminer ma carrière ici. Que ce soit d’un point de vue sportif ou familial, quand Clermont est arrivé, tout s’est passé simplement et rapidement. J’avais envie d’une expérience ici avec ce club plus modeste.

Il n’y a que Clermont qui t’a sollicité l’an dernier ?

J’ai eu des discussions avec d’autres clubs, mais la proximité avec ma famille a beaucoup joué. La situation géographique de Clermont par rapport à Lyon a largement pesé dans la décision.

Au début de ta carrière, tu affirmais vouloir rester à l’OL à vie. Après ces expériences à l’étranger, revois-tu finalement ce désir ?

C’était mon objectif quand j’ai commencé en pro ! Mais je n’ai pas de regrets, au contraire, par rapport à ce que j’ai vécu. Ces expériences de vie, que ce soit sportives ou culturelles, m’ont énormément fait grandir et évoluer. C’est mon histoire, c’était mon destin et je n’ai aucun regret par rapport à ça.

Penses-tu que lorsqu’on n’est pas dans le milieu, on sous-estime la curiosité des joueurs à vouloir découvrir de nouvelles cultures ?

L’étranger, c’est toujours enrichissant ! On se découvre aussi. On sort de notre cocon familial, de notre club formateur. Je suis allé à l’étranger pour me mettre en danger et voir ce que j’étais capable de faire. Tout ça te fait grandir, même si c’est difficile. Ces épreuves-là te font évoluer. L’échec te fait avancer et c’est ce que j’ai ressenti. Ça te permet d’être une autre personne, de voir la vie autrement.

Que ce soit dans un grand club ou pas, j’aime être un leader.

Tu as connu tous les types de clubs, et tous les types de statut au sein d’un effectif. Que préfères-tu comme rôle ?

À l’étranger, il y a eu la barrière de la langue. Mais j’ai toujours été un leader sur le terrain. Je vais toujours tout faire pour le bien de l’équipe. Comme à Lyon, même si ça m’a parfois coûté un peu d’énergie dans le jeu. C’est ce que je fais ici à Clermont. Que ce soit dans un grand club ou pas, j’aime être un leader et me battre pour que tout aille bien. Ma priorité, c’est d’être bon sur le terrain, parce que sans ça, c’est difficile d’être un leader.

À l’OL, l’été 2017 marque ton départ, celui d’Alexandre Lacazette et celui de Corentin Tolisso. Vous étiez les symboles de cette génération qui a subi les coupes budgétaires liées au nouveau stade…

(Il coupe.) Pour moi, le grand tournant à Lyon, c’est quand on change de stade. Il y a eu une autre façon de voir les choses. J’ai trouvé à un moment donné que le business prenait le pas sur le sportif. Ce qui fait peut-être que le club en est là aujourd’hui. Je trouve que le club a perdu son âme. Le business c’est bien, mais ça ne fait pas tout. J’ai senti que les choses évoluaient dans ce sens, et forcément, les résultats en ont pris un coup.

Cette bascule, c’est donc le Groupama Stadium ?

Il y a de ça, mais, même si c’est compréhensible, quand vous vendez vos meilleurs éléments à l’étranger… au fur et à mesure du temps, j’ai trouvé que l’équipe s’affaiblissait, perdait de l’identité OL. Aujourd’hui, on ne sait plus où le club va. C’est dommage et ça fait de la peine quand on aime ce club.

Cette période entre 2012 et 2015 vous a quand même profité, dans le sens où les jeunes ont eu plus facilement leur chance.

Le club ne pouvait pas acheter à n’importe quel prix et nous a fait confiance. C’est vrai qu’on a vécu de grands moments. On se retrouvait à être 7 ou 8 joueurs formés au club sur le terrain. Ça, c’était quelque chose.

 

Tu aurais voulu rester à Gerland ?

C’est sûr que Gerland était un endroit très particulier. La Plaine des jeux, où on a été formés, Tola Vologe… C’est vrai que si le stade avait pu être modifié, ce qui n’était pas le cas à cause de normes architecturales, ça aurait été bien. Mais c’est l’évolution d’un club. Le président a donné toute son énergie pour faire un stade assez incroyable. Mais il y a eu une autre vision enclenchée, et les résultats n’ont malheureusement pas suivi.

Les supporters sont importants dans un club, mais le club ne leur appartient pas. On sait qu’ils sont amoureux, qu’ils mettent toutes leurs économies dans les places, dans les déplacements, qu’ils sont à fond au quotidien. Mais ça ne donne pas tous les droits.

En tant que joueur, un tel marasme en coulisses vous touche-t-il forcément ?

Oui ! Bien sûr que les joueurs sont responsables de la situation, mais pas que. C’est une dynamique du club, il y a moins de sérénité. L’Américain (John Textor, NDLR) a repris le club, on ne sait pas ce qu’il se passe. Et quand vous êtes joueur, vous le ressentez. C’est humain. Ce n’est pas un environnement sain. Pour en avoir discuté avec certains, l’environnement n’est pas propice.

Qu’as-tu pensé de la remontrance du capo des Bad Gones après la claque contre Paris ?

J’étais au stade. Je le connais bien, on a eu un certain nombre de discussions par le passé. C’est vrai qu’on peut comprendre le message, mais ce n’est pas son rôle, pas sa place. Un supporter, il est là pour supporter. Que ce soit dans les bons moments, ce qui est plus facile, et dans les mauvais aussi. Quand vous êtes joueur, il y a des choses que vous pouvez entendre… mais il y a des choses qui m’ont gêné dans son discours. Il ne faut pas croire que sur le terrain, on n’est pas là pour se battre pour le blason. Chacun doit rester à sa place. Les supporters sont importants dans un club, mais le club ne leur appartient pas. On sait qu’ils sont amoureux, qu’ils mettent toutes leurs économies dans les places, dans les déplacements, qu’ils sont à fond au quotidien. Mais ça ne donne pas tous les droits.

On sait que tu avais eu des discussions en 2022 pour éventuellement revenir. Est-ce que la situation actuelle te donne encore plus envie d’y retourner pour aider le club, ou au contraire tu es content de ne pas être revenu dans ce bourbier ?

Il y avait des discussions oui, j’avais rencontré les dirigeants, mais ça ne s’est pas fait. Je n’ai pas de regrets par rapport à ça, même si j’aurais voulu revenir. Parce que c’est mon club de cœur. Mais je n’ai pas été très déçu non plus de ne pas retourner à Lyon.

Penses-tu que Jean-Michel Aulas a une responsabilité dans la spirale négative du club ?

Ce sont des choix qui ont été faits, et je les ai toujours respectés. Jean-Michel Aulas, je lui ai assez dit, c’est le plus grand président du foot français. Il faut le respecter et lui dire merci. Quand il faisait ses choix, il les faisait pour le bien du club, mais quand le business prend le pas sur le sportif, ce n’est pas toujours gagnant. Dans tous les clubs, il y a des passages difficiles. Lyon ne peut pas rester comme ça. J’espère que les choses s’inverseront.

J’ai eu quelques offres saoudiennes, mais ce n’est pas là-bas que je veux terminer. L’argent c’est bien, mais je suis à un moment de ma vie où ce n’est pas le plus important.

Quand tu le vois en guerre ouverte avec le nouveau propriétaire, tu n’as pas l’impression de voir quelqu’un qui refuse de lâcher son bébé ?

Après, on ne sait pas tout, on ne maîtrise pas tout. Je pense que ça ne sert pas le club, en tout cas. Ça n’amène pas de sérénité. On ne sait pas ce qu’il s’est passé. Peut-être qu’il a très mal vécu le fait d’avoir été écarté rapidement au lieu de faire ses trois ans. Pour le bien du club, il faut que les choses s’apaisent.

Petit, tu as commencé le foot à Villefranche-sur-Saône (N1). Te vois-tu finir ta carrière là-bas ?

Je ne sais pas ! C’est vrai qu’ils ont loupé deux fois la montée en Ligue 2 ces trois dernières années. Le président Philippe Terrier me demande souvent de venir finir ma carrière là-bas. Je suis leurs résultats, et le club travaille bien, mais je ne me pose pas encore la question.

Tu ne considères pas un départ vers l’Arabie saoudite ?

J’ai eu quelques offres saoudiennes, mais ce n’est pas là-bas que je veux terminer. Je suis épanoui ici, et c’est le plus important pour moi. L’argent, c’est bien, mais je suis à un moment de ma vie où ce n’est pas le plus important. Sinon, je ne serais pas à Clermont !

Propos recueillis par Léo Tourbe

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