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Liverpool-PSG : pourtant, que la montagne est belle
Six jours après avoir récolté ce qu’il n’avait pas semé, c’est-à-dire des regrets, en perdant à Paris (0-1), le PSG se présente à Liverpool avec l’espoir de renverser la table et à Anfield pour voir les quarts de finale de la Ligue des champions.

La vérité sort de la bouche des enfants et parfois de celle de Luis Enrique. C’est arrivé samedi, à l’issue de la vingtième victoire de la saison du Paris Saint-Germain en championnat, calée au milieu d’une double confrontation vertigineuse en Ligue des champions. « Je vous ai menti, lançait en toute honnêteté le technicien espagnol, après avoir dit bonsoir à l’assemblée, en réponse à l’une de ses sorties d’avant-match. Bien sûr que je pense à Liverpool. J’ai toujours pensé à Liverpool depuis le tirage au sort. » Il ne peut pas en être autrement quand on entraîne le PSG et que la fin de l’hiver approche. C’est comme ça depuis quinze ans, et cela ne peut plus changer : les mois de février et de mars décident de beaucoup de choses dans l’univers parisien, notamment de la réussite d’une saison ou non, même si on a le droit de croire, cette fois, qu’une élimination dès les huitièmes de finale ne pourra pas tout chambouler dans un club un peu plus tranquille et un peu plus stable.
Le champion de France connaît par cœur ces rendez-vous, dépassant ce stade des huitièmes une fois sur deux lors de la dernière décennie (5 qualifications, 5 éliminations). Les Parisiens seront peut-être rassurés en se rappelant qu’ils avaient renversé un adversaire à deux reprises après avoir perdu l’aller, contre Dortmund en 2020 avant le Final 8 et bien sûr à Barcelone la saison dernière (2-3 au Parc des Princes, 1-4 en Catalogne). Ils connaissent la recette, Luis Enrique aussi, même s’ils ne bénéficieront peut-être pas d’une supériorité numérique pendant plus d’une heure à Anfield, où aucun club français n’a gagné lors d’un match retour d’une confrontation à élimination directe (7 occurrences, 7 défaites), même si le PSG garde un bon souvenir de son revers d’avril 1997 (après un succès 3-0 à l’aller) et que d’autres équipes ont montré la voie pour régner sur ce stade mythique dans un passé récent (l’Atalanta en 2020 et 2024, l’Inter pour du beurre en 2022 ou le Real Madrid en 2023).
Faire bonne impression ne suffit plus
Il y a l’histoire et ce qui s’est passé la semaine dernière porte d’Auteuil, où le PSG s’est présenté comme une véritable équipe, du genre très redoutable, à une Europe du foot qui ne s’est jamais gênée pour moquer ses insuffisances malgré ses stars. La machine de Luis Enrique ne fait plus rire grand monde, pour l’instant, et cela aura le mérite de mettre en garde les Reds et Arne Slot, qui n’ont cessé de tresser des lauriers aux héros malheureux de la première manche ces derniers jours. « Des gens ont dit qu’on n’a pas bien joué la semaine dernière, mais je ne suis pas d’accord, c’est eux qui ont été très, très bons, répétait le successeur de Jürgen Klopp à la veille du grand soir. On n’avait pas encore rencontré une équipe avec autant de qualités et d’intensité, mais je pense qu’on peut faire mieux cette fois. C’est en tout cas l’équipe la plus complète contre laquelle on ait joué jusque-là. » Il paraît impensable, six jours plus tard, de voir le futur roi d’Angleterre (15 points d’avance actuellement sur son dauphin Arsenal) se faire marcher dessus à la maison comme au Parc des Princes ; Mohamed Salah, le meilleur joueur de la saison jusqu’à la semaine dernière, traverser une telle rencontre comme un fantôme (41 ballons touchés, 16 perdus à Paris) ; et, il faut l’espérer pour le PSG, Alisson sortir le deuxième match de sa vie.
Il n’y a aucun changement dans notre approche du match. Il n’y a qu’une option : entrer sur le terrain pour gagner, car nous sommes éliminés pour l’instant.
Les Parisiens se présentent à Liverpool avec un but de retard, mais avec des certitudes et une sérénité inhabituelle à cette période de l’année, loin des psychodrames vus et revus durant l’ère Neymar-Kylian Mbappé. Dès le coup de sifflet final du premier round, Vitinha, Achraf Hakimi et les autres ont diffusé cette croyance et cette confiance que le braquage n’empêcherait pas la qualification. Pour Khvicha Kvaratskhelia, ce sera « du 50-50 » au début de la rencontre de ce mardi soir pour laquelle le PSG peut compter sur un groupe au complet. « Il n’y a aucun changement dans notre approche du match. Il n’y a qu’une option : entrer sur le terrain pour gagner, car nous sommes éliminés pour l’instant. Mais il n’y avait pas d’autre façon de penser, disait aussi Luis Enrique lundi. Il ne faut pas être à 105%, car vous pouvez exagérer, mais ce n’est pas facile d’être à 100%. Ce ne sont pas des matchs faciles à préparer. » Le coach parisien sait que sortir l’ogre liverpuldien offrirait un chemin dégagé vers le dernier carré, avec le Club Bruges ou Aston Villa en quarts, mais il doit aussi savoir que le PSG n’a plus gagné à onze contre onze chez un cador européen à cette altitude depuis le succès à Munich d’avril 2021 et qu’à l’automne, sa bande avait été réduite au silence par Arsenal et le Bayern. Cette équipe parisienne donne envie d’en voir plus, parce qu’elle progresse, qu’elle est à l’image de son entraîneur et qu’elle écrase un peu trop facilement tout sur son passage sur la scène nationale. Il reste alors la vérité du terrain, à Anfield, et celle de la Ligue des champions, comme toujours.
Par Clément Gavard