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Équipe de France féminine : Renard, Katoto et Diani mettent les pieds dans le plat

Par Anna Carreau
Équipe de France féminine : le début d'une crise ?

En publiant sur leurs réseaux sociaux un communiqué dans lequel elles dénoncent un système les poussant à se retirer de l'équipe de France, Wendie Renard, Marie-Antoinette Katoto et Kadidiatou Diani ont rappelé qu'avoir une sélection féminine n'était pas une finalité.

Fallait-il vraiment que la France en arrive là ? À moins de cinq mois de la Coupe du monde, Wendie Renard, Kadidiatou Diani et Marie-Antoinette Katoto ont dit stop à l’équipe de France pour dénoncer un « système », des « valeurs » et un « management » dans lesquels elles ne se retrouvent plus. Un timing qui oblige la Fédération française à réagir, alors que celle-ci est déjà sens dessus dessous depuis les dernières affaires et la publication de l’audit. Mais quelles réponses peuvent attendre celles qui à elles trois représentent 256 sélections chez les Bleues ? Lors des derniers épisodes de tensions entre Corinne Diacre et certaines joueuses, Noël Le Graët s’était contenté d’un commentaire sexiste pour balayer les problèmes d’un revers de main : « Aucun match perdu, voilà ce que je retiens. Donc elles peuvent se tirer les cheveux, ça m’est égal. » Moins de deux ans après cette phrase transpirant le mépris pour le football féminin, cette même sélectionneuse se retrouve face à un conflit d’une ampleur qu’elle n’aurait sans doute jamais imaginé.

« Je ne veux pas être championne du monde des matchs amicaux »

La culture sportive en France laisse assez peu de place aux états d’âme et aux mouvements collectifs tel que celui auquel nous assistons. Surtout dans le football. Le mot d’ordre semble plutôt être : « Soit heureux.se de porter ce maillot, tape dans un ballon et tais-toi. » Mais quand Wendie Renard, 32 ans et figure emblématique du football féminin français, voit des nations comme l’Angleterre rattraper peu à peu l’avance qu’avait jusqu’alors l’Hexagone, la compétitrice qu’elle est s’inquiète logiquement pour ses ambitions et plus globalement les ambitions sportives que doivent avoir les Bleues. Avant elle, Ada Hegerberg, sa coéquipière norvégienne à Lyon, avait déjà critiqué le retard de développement du football féminin français, qui semblait se satisfaire de l’organisation de la Coupe du monde 2019 dont la France sera éliminée dès les quarts de finale par les États-Unis. Le palmarès des joueuses de Corinne Diacre ? Trois Tournois de France, ce tournoi amical réunissant quatre des meilleures nations du football mondial chaque année et remporté encore une fois par les Françaises lors de la trêve qui vient de s’achever. Mais toujours rien en compétition officielle. « Je ne veux pas être championne du monde des matchs amicaux », avait déjà prévenu Wendie Renard à la veille de l’Euro, où les Bleues éliminées par l’Allemagne en demi-finales réalisent alors la meilleure performance de leur histoire.

Depuis, la défenseuse de l’OL traîne son spleen et rappelle dès qu’elle en a l’occasion que le football féminin « avance trop lentement » en France. Dans une interview pour L’Équipe en septembre, elle taclait la FFF, qui cherche à tout prix à garder le championnat féminin sous son aile, bloquant la création d’une ligue professionnelle et laissant donc la D1 Arkema être encore aujourd’hui considérée comme un championnat amateur : « On avait un peu d’avance, au moins à l’OL, et on a facilité l’émergence du football féminin en France, mais en Italie, en Espagne et en Angleterre, elles sont passées professionnelles, et pas nous. » La FFF s’obstine avec son fonctionnement, ses méthodes, quitte à voir l’équipe de France enchaîner les désillusions sportives avec à sa tête une Corinne Diacre qui divise pour mieux régner. Sarah Bouhaddi, Amandine Henry et Eugénie Le Sommer en ont déjà fait les frais. Et c’est ce « système actuel bien loin des exigences requises par le plus haut niveau » que Wendie Renard, Marie-Antoinette Katoto et Kadidiatou Diani dénoncent dans leurs communiqués, où elles laissent entendre qu’elles ne reviendront pas sans améliorations. Toutes évoquent un attachement à la tunique tricolore, mais se voient contraintes à de telles annonces pour espérer obtenir des garanties sportives, que ce soit en matière de staff, de compétences et d’exigence, qui permettront aux Bleues d’être réellement en mesure d’être compétitives lors des grandes compétitions.

Une « institution » qui ne tient pas la route

De son côté, la FFF dit avoir « pris connaissance » des déclarations des trois joueuses et « se saisira de la question » à l’occasion du comex exécutif prévu mardi prochain. Avant de conclure par un cinglant : « La FFF tient à rappeler qu’aucune individualité n’est au-dessus de l’institution Équipe de France. » Mais est-ce vraiment de la faute des joueuses si la fameuse institution n’est elle-même pas à la hauteur de ce que doit être l’équipe de France ? Quels arguments permettent aujourd’hui de prolonger pour deux ans de plus Corinne Diacre à la tête d’une sélection qu’elle dirige depuis bientôt cinq ans sans avoir glané le moindre trophée ? Peut-on encore parler d’institution quand celle-ci ne fournit même pas à ses athlètes les conditions nécessaires à la performance ? Avant Wendie Renard, Marie-Antoinette Katoto et Kadidiatou Diani, de nombreuses sélections féminines ont malheureusement dû passer par ce genre d’annonces fracassantes pour espérer être entendues. Lors de cette trêve internationale, les joueuses canadiennes avaient entamé une grève pour dénoncer le manque de moyens alloués à leur préparation (5 millions de dollars) quand les garçons avaient disposé du double avant de s’envoler au Qatar. 

Coéquipière de Wendie Renard à l’OL, la Chilienne Christiane Endler, la « meilleure gardienne du monde », a elle aussi critiqué le manque de soutien de sa fédération à l’issue d’une élimination aux portes du Mondial en cette fin février : « Nous avons tout laissé sur le terrain, mais nous n’avions plus de ressources. Cela fait longtemps qu’on le dit et qu’on ne l’entend pas. » L’été dernier, ce sont quinze joueuses de la sélection espagnole qui décidaient comme Wendie Renard, Marie-Antoinette Katoto et Kadidiatou Diani de sécher les rassemblements tant que les conditions n’évolueraient pas. En 2023 donc, les joueuses semblent encore obligées d’employer des moyens si radicaux pour que leurs paroles et leurs demandes soient considérées. « Combien de temps devrons-nous passer par ces moments pour que nous soyons respectées ? s’interroge Ada Hegerberg, ayant elle-même refusé la sélection norvégienne pendant cinq années pour dénoncer des inégalités femmes hommes. Je suis avec toi, Wendie, et avec toutes celles qui traversent le même processus. Il est temps d’agir. » 

Le changement ou la mort

En attendant une réponse à la hauteur des demandes de ces trois joueuses, toutes peuvent compter sur une formidable solidarité d’un football féminin bien trop habitué à ces combats. Dans les commentaires de leurs posts Instagram annonçant leur décision se compile le gratin du football féminin actuel : Daniëlle van de Donk, Lucy Bronze, Sara Däbritz, Virginia Torrecilla, Lindsey Horan, Sara Björk Gunnarsdottir, Signe Bruun, Jessica Silva, Janice Cayman, Vanessa Gilles, Alex Greenwood, Ellie Carpenter, Ashley Lawrence… Et même quelques internationales françaises, encore en sélection aujourd’hui, comme Delphine Cascarino, Griedge Mbock, Aïssatou Tounkara, Grace Geyoro, Perle Moroni ou Selma Bacha. Verrons-nous dans les prochains jours d’autres tricolores rejoindre elles aussi ce cri d’alarme plus que nécessaire ? Ou bien la 3F s’empressera de sanctionner les contestataires et de faire un tri entre celles qui acceptent sans broncher des conditions de travail déplorables et les autres qui osent parler ou soutenir leurs camarades ? Alors que le Mondial féminin débutera le 20 juillet prochain, les dirigeants du ballon rond français ont là une passe décisive pour permettre au football féminin d’enfin passer un cap.

Par Anna Carreau

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