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Coupe du monde 2026 : le gros prix d'Amérique

Par Nicolas Kssis-Martov
Mondial 2026 : le gros prix d'Amérique

La FIFA n’a de cesse de déconstruire le football, guidée par son sens affirmé du marketing et avec comme principale boussole de rentabiliser la marchandise à l’extrême. Et le format adopté pour le Mondial 2026 aux USA-Canada-Mexique illustre une fois de plus, après le Qatar, le cynisme absolu de la multinationale du ballon rond.

Le Mondial 2026 ne vous laissera guère de temps libre : 12 groupes de 4 équipes, 104 matchs en tout (64 lors de l’édition 2022 au Qatar), qui s’étaleront sur 39 jours. Il faudra songer à accumuler deux ans de RTT pour pouvoir y assister en entier. Avec au départ six matchs par jour, il sera de toute façon impossible, humainement, de tout regarder. En débarquant sur le continent nord-américain, la Coupe du monde de la FIFA passe donc en option XL. Une sorte de syndrome du « menu fast food » : nous en aurons davantage sous les yeux, pas certain en revanche que nous soyons davantage rassasiés, notamment si on se met à parler de qualité. La décision d’accueillir désormais en phase finale 48 équipes, contre 32 depuis 1998, répondait soi-disant à une noble nécessité universaliste. Il était temps, paraît-il, d’élargir l’horizon mondialisé de la compétition, en assurant davantage de tickets d’entrée aux confédérations africaine, asiatique et même océanienne. Évidemment derrière le beau discours, et les promesses de Gianni Infantino afin d’assurer sa réélection auprès des petites fédérations,  il s’agissait surtout d’agrandir le fonds de commerce sans toucher aux quotas européens (l’UEFA gagne même 3 représentants) et sud-américain. Bref, augmenter les parts de marché sans néanmoins échauder ses plus fidèles, et solvables, clients.

Jouer plus pour gagner plus

Les revenus de la FIFA étaient pourtant déjà pour le moins confortables. 7,6 milliards de dollars sur l’ensemble du cycle 2019-2022 (celui de la Coupe du monde au Qatar) et 1,2 milliard de bénéfices. Apparemment insuffisants. Il fallait accroître l’offre et stimuler la demande. Avec un nombre record de pays, et donc d’audimat, directement concernés, le pactole promet d’être hors norme. Le choix en outre de privilégier une formule dite « classique » par groupe de quatre – contrairement à la première idée évoquée de 16 groupes de 3 dans la perspective de 32es de finale – évitera également de mauvaises surprises ou des éliminations trop rapides de nations attractives, qui auraient pu rater leurs débuts dans la compétition. La qualification des meilleurs troisièmes garantit un beau filet de sécurité. On se souvient que le Portugal en avait largement bénéficié en 2016 avant de remporter l’Euro en France. Étrangement, le parcours du Maroc ou même du Cameroun en 1990 en deviennent moins probables. Cette fuite en avant se comprend aisément, du moins sa logique purement économique. Elle n’est surtout peut-être qu’une étape dans le cerveau de Gianni Infantino, qui n’a certainement pas renoncé à imposer une version bisannuelle et qui poursuit en même temps son projet d’une Coupe du monde des clubs avec 32 concurrents.

Imaginée afin de contrer les JO par Jules Rimet, soucieux d’asseoir la puissance de son sport, attendue et si difficile d’accès, la Coupe du monde risque de connaître la lente déchéance de l’anodin, noyée dans la multiplication des rencontres.

Et le football dans tout cela, au-delà des bilans comptables ? Son histoire, son patrimoine, son héritage, sa portée sociale et culturelle ? L’accroissement sensible du nombre de qualifiés, et l’organisation même de l’épreuve, atténuent fortement, voire édulcorent, en la banalisant, la présence en phase finale. N’aurait-il pas été plus intéressant ou respectueux de redéfinir l’universalisme de la compétition sans bouleverser sa cohérence et son exceptionnalité sportive, quitte à remettre en question la surreprésentation du Vieux Continent ? La valeur d’une accession au dernier cercle, y compris pour les petites nations (la Nouvelle-Zélande en 1982 et 2010 ; ou la Jamaïque en 1998) sombrera dans la banalité et l’ordinaire. Imaginée afin de contrer les JO par Jules Rimet, soucieux d’asseoir la puissance de son sport, attendue et si difficile d’accès (même l’Italie pouvait rater la dernière marche), la Coupe du monde risque de connaître la lente déchéance de l’anodin, noyée dans la multiplication des rencontres. Sur le terrain strictement sportif, l’exploit de sortir des poules, en particulier pour les plus modestes prétendants, y perdra de sa saveur. Enfin dernier point, très pragmatique, cette fois, alors que le sport est censé passer au vert et aux vertus de la sobriété, personne n’ose encore s’amuser à prédire l’empreinte carbone d’une pareille foire, avec ses milliers de kilomètres à parcourir pour les fans des 48 sélections présentes…

Par Nicolas Kssis-Martov

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