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Manchester City, la peur du vide
Dans la roue de Chelsea depuis le début de saison, Manchester City se déplace à Stamford Bridge avec l'obligation de gagner. En cas de défaite, les Citizens seraient relégués à huit points des hommes de Mourinho. Pourtant, les coéquipiers d'Agüero n'abordent pas ce tournant sereinement. La faute à Max-Alain Gradel, entre autres.
Et si Max-Alain Gradel avait décidé malgré lui de l’issue du championnat anglais cette saison ? Auteur du but de la qualif’ pour les Ivoiriens, d’une superbe frappe lointaine, l’ailier de Saint-Étienne a privé les Citizens des services de Yaya Touré et de Wilfried Bony pour le choc de ce week-end à Stamford Bridge. Une grosse épine dans le pied de Manuel Pellegrini. Preuve en est, à la nuit tombée, le jet spécialement affrété par les dirigeants mancuniens en Guinée équatoriale pour ramener les deux stars en cas d’élimination est reparti dans l’anonymat, sans passager.
En effet, devant l’importance du match, les dirigeants mancuniens avaient tout mis en œuvre pour récupérer leur deux pépites, malgré une cérémonie prévue à Abidjan par la Fédération ivoirienne, même en cas d’élimination. Il faut dire que depuis le retour de Mourinho dans l’Ouest londonien, les Citizens n’ont jamais trouvé la faille en championnat, concédant deux défaites l’an passé et un nul en début de saison à l’Etihad. Surtout, depuis le départ de Yaya Touré à la CAN, les Citizens n’ont pas remporté un seul match, avec un nul face à Everton, une défaite contre Arsenal en championnat et une piètre élimination en Cup le week-end dernier face au Middlesbrough d’Aitor Karanka… l’ancien adjoint de Mourinho au Real Madrid.
Sans Yaya, rien ne va
Au-delà des certitudes, c’est l’animation offensive qui inquiète en l’absence du géant ivoirien. En effet, face au collectif parfaitement rodé des Blues, et sublimé par les performances de la doublette Fàbregas-Matić, ainsi que la créativité d’Hazard dans les trente derniers mètres, la paire composée par Fernandinho et Fernando fait pâle figure. En perte totale de confiance en début de saison suite au cataclysme du Mondial brésilien, le premier cité a pourtant retrouvé des sensations durant les fêtes, pesant plus sur le jeu, et marquant quelques buts précieux, comme face à Everton lors de la 21e journée. Mais s’il a prouvé l’an passé qu’il excellait dans la récupération et dans la première relance, l’ancien du Shakhtar peine toujours à faire la différence aux abords de la surface adverse, malgré un passé de milieu offensif en Ukraine.
Pour Fernando, le constat est similaire. Surnommé « la pieuvre » lors de son passage au FC Porto, le numéro 6 est lui aussi un gratteur de ballon hors pair, plutôt limité lorsqu’il s’agit de se porter vers l’avant. Si l’on devait grossir le trait, c’est quelque part comme si Mourinho devait aligner Matić avec Obi Mikel plutôt qu’avec Fàbregas dans son entrejeu. Pourtant, Pellegrini a fait des pieds et des mains cet hiver pour prolonger le prêt de son seul milieu présentant un profil box-to-box hormis Touré : un certain Frank Lampard. Choix tactique, ou volonté de préserver son milieu pour les grosses affiches, toujours est-il que Lampard, 36 ans, n’a pas été titularisé depuis le 13 décembre et une victoire à Leicester. En cas de titularisation samedi, Lampard aurait donc, en plus d’un contexte difficile à gérer, un manque de condition physique à combler. Cela fait beaucoup pour un seul homme, même pour un joueur du pedigree de Lampard.
Bony, bombe à retardement
À côté de cela, Pellegrini ne pourra donc pas compter sur Wilfried Bony, sa recrue phare du mercato, arrachée à Swansea contre un joli chèque d’environ 38 millions d’euros. Une option de plus en attaque, et un profil différent. Car si Agüero, qui n’a pas retrouvé le chemin des filets depuis sa blessure, n’a pas son pareil pour rendre folles les défenses par ses appels en profondeur et sa technique dans les petits espaces, Bony excelle lui dans le jeu en déviation, tout en étant lui aussi adroit balle au pied, comme il l’a démontré avec sa superbe virgule face au Mali. Des qualités couplées à un physique imposant, une sorte d’arme fatale pour affronter une défense assez rugueuse, telle que la paire Cahill-Terry. Des qualités que possèdent également Edin Džeko.
L’international bosnien, qui a déjà manqué 9 journées de championnat cette saison pour cause de blessure, avait été déterminant l’an passé dans la conquête du titre avec 16 buts, couplés aux 9 réalisations de Negredo, parti l’été dernier à Valence. Car il faut dire que si Agüero n’a jamais paru aussi fort qu’en ce début de saison, il avait été soulagé aux avant-postes par les performances de ses deux compères. Résultat, après 22 journées l’an passé, les hommes de Pellegrini avaient déjà inscrit 18 buts de plus que cette saison. Ce samedi, les Citizens devront se débrouiller pour trouver le chemin des filets, coûte que coûte. S’ils échouent, ils accuseront un retard de 8 points sur Chelsea, un gouffre au regard de la régularité des hommes de Mourinho cette saison en championnat. Cette fois-ci, Max-Alain Gradel n’y pourra rien.
Par Paul Piquard