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Benalouane : « Je suis dans une forme de renaissance »

Propos recueillis par Gaspard Manet
8 minutes
Benalouane : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Je suis dans une forme de renaissance<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Arrivé à Leicester à l’été 2015, Yohan Benalouane aura du mal à s’imposer dans une équipe qui tournait alors à plein régime. Parti au mercato hivernal suivant pour retrouver du temps de jeu du côté de Florence, l’ancien Stéphanois n’aura pas pu le faire, la faute à des blessures. Revenu à Leicester depuis, le défenseur a su faire preuve d’un grande volonté pour revenir à son meilleur niveau jusqu’à se faire une place chez les Foxes depuis le début de l’année. Du plaisir pour lui, forcément, après une année et demie délicate. Interview renaissance, en quelque sorte.

Revenons plus d’un an et demi en arrière, à l’été 2015, comment tu te retrouves à signer pour Leicester après ta grosse saison avec l’Atalanta ? C’est vrai que je sortais d’une grosse saison avec l’Atalanta et j’avais vraiment envie de découvrir le championnat anglais, car c’est le football qui me faisait vibrer étant jeune. Et quand j’ai eu l’opportunité de venir ici, à Leicester, je n’ai pas hésité. Le club et le coach m’ont appelé et tout s’est fait très vite, car ils ont fait une offre intéressante que ce soit pour moi ou pour l’Atalanta. J’étais vraiment très excité de vivre une expérience que je désirais depuis très longtemps.

Ranieri t’a donc appelé en personne ? Oui, je lui ai parlé au téléphone. Il m’a dit qu’il me suivait beaucoup en Italie et que mes caractéristiques correspondaient exactement à ce qu’il voulait. Donc il m’a convaincu assez rapidement.

Comment se passe le début de saison ? Il y avait une équipe en place et il s’avère que cette équipe réalise un début de saison excellent. Elle gagnait sans cesse, il y avait une bonne atmosphère, donc le coach ne voulait pas forcément changer les joueurs. Et je le comprends, hein, car on ne change pas une équipe qui gagne. D’autant que le résultat final lui aura donné raison. Il faut parfois savoir reconnaître quand les partenaires font le boulot et juste les féliciter.

Il n’y avait pas un côté frustrant de voir l’équipe aussi bien jouer sans toi ?C’est toujours difficile pour un joueur de ne pas jouer. Quand tu es un compétiteur comme je le suis et que tu ne joues pas, il y a inévitablement de la frustration. Après, comme je venais d’arriver il y avait aussi le côté plaisant de découvrir quelque chose de nouveau, que ce soit un championnat, un pays, une langue. Avant d’arriver en Angleterre, je jouais tous les matchs dans mon club, donc forcément ça a été difficile. Mais je m’y attendais, car je sais que l’adaptation est parfois difficile quand il faut apprendre un nouveau football, découvrir une nouvelle langue. Après, j’ai essayé de donner le meilleur de moi-même pour pouvoir prétendre à jouer. Mais ce qui restera gravé dans mon esprit, c’est que le club a fait une saison remarquable et que l’on a été champion à la fin.

Justement, vous avez senti assez vite que vous aviez un véritable coup à jouer ?On l’a senti à la mi-saison, à peu près. On voyait que quand on était sur le terrain, il y avait la confiance, la réussite, l’atmosphère, tout nous était favorable. Du coup, on a commencé à se dire que ça pouvait être l’année du miracle.

Tu es devenu champion pour avoir disputé quelques matchs lors de la première partie de saison, mais à la trêve hivernale, tu files en prêt à la Fiorentina. Pourquoi ? J’avais la volonté de jouer. Quand tu ne joues pas, c’est quand même difficile. La Fio me suivait depuis un petit moment et ce challenge me paraissait intéressant sur le plan sportif. Malheureusement, tout ne s’est pas passé comme prévu puisque je me suis fait mal en arrivant, ce qui m’a empêché de jouer le moindre match, mais je reste persuadé que si je ne m’étais pas blessé, j’aurais pu retrouver le plaisir de jouer dans ce club et ce championnat.

Au moment de partir de Leicester, que te dit Ranieri ?On en a parlé ensemble, je lui ai fait part de mon envie de partir car j’en avais besoin pour mon plaisir, pour mon bien-être. Pour retrouver les terrains, tout simplement. Au début, il aurait voulu que je reste, mais il a vite compris ma situation et comme il y avait beaucoup de respect entre nous, il m’a laissé partir. En gros, il m’a dit : « Vas-y, fais six bons mois et on se retrouve à la fin de la saison pour un nouveau chapitre. »

Sauf que malheureusement, comme tu le disais, tu te blesses en arrivant.Oui, effectivement. Ça a été cinq mois difficiles. Très difficiles, même. Au club, ça se passait bien, j’étais bien intégré car je connaissais un peu de monde, les gens me connaissaient car j’avais joué en Serie A pendant cinq ans et je parlais bien la langue. Il y avait un très bon groupe. Mais le fait de se blesser d’entrée de jeu et de n’avoir pas pu jouer, ça a été dur à vivre.

Comment as-tu vécu le sacre de Leicester de loin ?Bien, car en ayant joué des matchs en début de saison, je suis aussi devenu champion. Et d’ailleurs, ça a été quelque chose de merveilleux pour moi. Je n’aurais pas pensé avoir un trophée cette année-là, et à l’arrivée on a bien eu ce titre de champion, donc c’est magnifique.

Quand tu reviens à Leicester, l’été dernier, tu es dans quel état d’esprit ? Déjà, je suis heureux car je retrouve enfin les terrains. Après, dans ma tête, je me dis : « Bah mon gars va falloir pédaler pour que tu retrouves ta place, car tu ne peux pas vivre une saison comme l’année dernière. » Je suis donc dans l’état d’esprit de bosser, de donner le meilleur de moi-même pour prouver que je suis bien revenu.

Un début de saison que tu vis en tant que remplaçant, tu évolues même régulièrement avec les U23.Oui, mais il faut savoir que j’ai toujours fait partie du groupe pro, hein, je n’ai jamais été mis de côté. C’était ma décision personnelle, d’aller jouer avec les U23. Je m’entraînais avec le groupe pro, mais quand je voyais que le week-end je ne jouais pas, je demandais à l’entraîneur de pouvoir aller prendre du temps de jeu avec les jeunes pour rester compétitif.

Ce qui a d’ailleurs fini par arriver puisque depuis le début de l’année civile, tu enchaînes les rencontres avec notamment deux titularisations lors des deux matchs face à l’Atlético, en quart, de finale de C1. Tu n’aurais jamais imaginé ça en début de saison, non ? Si tu démarres une saison en te disant : « je n’imagine pas » , c’est que tu as déjà baissé les bras. Il faut toujours avoir des objectifs, garder des rêves plein la tête. Je ne suis pas du genre à abandonner, et même si je savais que ça allait être difficile pour moi, j’avais conscience qu’on allait jouer de belles compétitions et j’avais bien l’intention d’apporter ma pierre à l’édifice. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai travaillé si dur, autant que je le pouvais. Et le Bon Dieu m’a donné la possibilité de disputer ces deux matchs de Ligue des champions. C’est vrai que du point de vue de l’émotion, ça a été très fort. Vraiment magnifique. D’autant que c’était ma première fois en Ligue des champions… C’est une autre catégorie, un autre monde. Là, quand tu entres sur le terrain, tu n’as que le sourire. Et tu te dis que ça valait la peine de travailler aussi dur.

On parle de Ligue des champions et cette belle performance du club en atteignant les quarts de finale, mais d’un autre côté, comment tu expliques la saison difficile en championnat ? Déjà, il faut bien avoir conscience que ce qu’a fait l’équipe l’année dernière était vraiment quelque chose d’exceptionnel. Cette saison, sûrement que les gens nous connaissent un peu plus… Mais je ne pense pas que l’on soit en train de faire une mauvaise saison. On fait une saison honorable pour un club comme le nôtre. Il ne faut pas oublier qu’on est les petits de la catégorie en Premier League. On essaie de faire du mieux qu’on peut, mais ce n’est pas évidemment, notamment au niveau du rythme. Quand tu n’es pas habitué à avoir un match tous les trois jours, il faut s’adapter, ce n’est pas facile. Mais on est tout de même arrivé à faire bonne figure en Ligue des champions et quand on regarde aujourd’hui notre classement, on est pratiquement au milieu de tableau, et honnêtement ce n’est pas mal pour un groupe comme le nôtre.

Vous êtes quinzièmes, avec deux matchs de retard, donc il y a toujours un objectif maintien quand même ? Ouais, c’est sûr, mais il ne faut pas oublier que l’objectif du club a toujours été le maintien, et là, je pense qu’on est bien dans la course. Maintenant, il faut continuer à engranger des points comme on a réussi à le faire lors des derniers mois.
Comment tu te sens aujourd’hui d’un point de vue personnel après toutes ces galères ? Je suis un peu dans une forme de renaissance, car je joue, je m’épanouis. Je me sens encore mieux dans le groupe, car contrairement à l’année dernière, je parle désormais l’anglais, ce qui me permet de mieux communiquer avec mes coéquipiers. Je me suis également adapté à la vie anglaise, au football anglais. J’aime apprendre, j’aime les nouvelles expériences, et celle-ci m’a procuré beaucoup d’émotions.

L’ambiance dans le groupe est aussi bonne que l’année dernière ? Oh oui ! L’ambiance dans le groupe est vraiment top. Tous les gars sont formidables, que ce soit sur ou en dehors du terrain. On est tous soudés. Vraiment, on est une super équipe. Il faut également rendre hommage à la direction et au président qui sont parvenus à amener cette équipe jusqu’à des objectifs auxquels personne ne s’attendait. Il y a vraiment une super atmosphère à tous les niveaux. Le coach, Shakespeare, par exemple, est vraiment une super personne. Il communique vachement, que tu joues ou que tu ne joues pas, il te fait toujours te sentir important dans l’équipe. Aujourd’hui, je suis content pour lui que les résultats suivent.

Tu te vois continuer l’aventure ici ? Oui, j’espère. J’ai encore deux ans de contrat, donc j’aimerais continuer à m’épanouir et à progresser avec le club.

Dans cet article :
William Saliba défend la « Farmers League »
Dans cet article :

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