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Top 1000 : les meilleurs joueurs du championnat de France (160-151)

Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF

Quel est le meilleur joueur de l'histoire du championnat de France depuis sa création en 1932 jusqu'à 2022 ? Statistiques, palmarès, trajectoires personnelles, classe, dégaine, empreinte laissée : autant de critères qui nous ont permis d'établir notre classement très subjectif des mille joueurs les plus marquants de Division 1 et de Ligue 1. Le credo d'un feuilleton qui va durer précisément 100 jours.

#160 - Gernot Rohr

Gernot Rohr
Bordeaux (1977-1989)

Un Rohr peut en cacher un autre. Avec un papa et un oncle tous les deux footballeurs professionnels, Gernot avait une voie toute tracée. Après avoir lancé sa carrière dans son Allemagne natale, il a imité Oskar, poursuivant sa carrière en France et posant ses valises à Bordeaux. Lui n’est pas là pour faire trembler les filets, mais plutôt les défenseurs adverses, qui ont rapidement appris à découvrir ce petit bonhomme coriace de 1,75 mètre. Un joueur dur sur l’homme, rugueux et capable de galoper dans son couloir gauche. En Gironde, il dispute plus de 350 matchs de D1 et écrit la grande histoire de Bordeaux aux côtés de Giresse, Tigana, Trésor ou Battiston. Bilan : en plus de remporter deux Coupes de France, il est sacré champion à trois reprises et marque les esprits un soir de 1985 en donnant du fil à retordre à Platini lors d’un match contre la Juventus. Gernot n’était pas le plus spectaculaire, mais il était précieux.

#159 - Bernard Gardon

Bernard Gardon
Nantes (1969-1974), Lille (1974-1977), Monaco (1977-1980), Saint-Étienne (1980-1982)

Successivement pilier de Nantes, Lille, Monaco et Saint-Étienne, Bernard Gardon s’est montré incontournable lors des trois campagnes au bout desquelles il est devenu champion de France, avec les Canaris en 1973, l’ASM en 1978 et les Verts en 1981. Il fait partie, avec Alain Roche et Patrick Battiston, du cercle ultra sélect des joueurs sacrés avec trois clubs différents. « Taillé dans le roc » selon The Vintage Football Club, le défenseur auvergnat est « à l’image de Rocky Balboa, un mec qui prend des coups, mais qui sait en rendre sur le ring comme sur le pré. L’archétype du défenseur au caractère entier et fonceur qui joue sur son physique » . Raoul Noguès, qui l’a côtoyé sur le Rocher et dans le Forez, se souvient de lui comme d’ « un excellent stoppeur, (…) très intelligent. Il formait avec Rolland Courbis une charnière centrale très difficile à manœuvrer. J’aimais sa faculté à jouer très simple, à sortir proprement le ballon. Il donnait souvent l’impulsion depuis l’arrière pour faire un premier décalage. » Toujours là pour aller au charbon, et frais comme un Gardon.

#158 - Amara Simba

Amara Simba
PSG (1986-1990 et 1991-1993), Cannes (1990-1991), Monaco (1993-1994), Caen (1994-1995), Lille (1995-1996)

N’en déplaise à Steve Savidan, le roi de la bicyclette a bien joué à Caen, mais pas à Valenciennes, n’a pas été éboueur par le passé, mais mécanicien. Et surtout, il s’appelle Amara Simba. Il faut dire que l’international français (3 capes, 2 buts) a fait de ce geste sa spécialité, ce qui lui a permis notamment de remporter le trophée du plus beau but de la saison en 1990 et 1991. Ce qui ne veut pas dire que celui qui a découvert le monde pro à 25 ans a arrêté de planter des bicyclettes après 1991. Juste que la France entière s’était habituée à ce geste et qu’il était devenu normal de voir Amara Simba envoyer un retourné au fond des filets. Car si l’attaquant ne plantait pas des buts à la pelle, il faisait en sorte que toutes ses réalisations restent dans les mémoires en raison de leur beauté ou de leur importance. Un amour du beau geste qu’il cultive depuis qu’il a tapé dans un ballon dans son Dakar natal comme il le confiait à SoFoot : «  Cette liberté de création, je l’avais en moi naturellement. Mais quand j’arrive à Paris à ce moment, j’avais déjà une certaine maturité. J’étais aussi libre dans la façon de m’exprimer, parce que quand tu viens du monde amateur, tu n’es pas habitué au monde professionnel. Et à partir de là, tu entres dans des règles… Mais ma technique était arrivée bien avant. Donc oui, mon style de jeu était aussi dû au fait que je n’avais pas fait de centre de formation. C’est évident. » Et ce n’est pas Steve Savidan qui va le contredire.

#157 - Bruno Martini

Bruno Martini
Auxerre (1981-1983), Nancy (1983-1985), Auxerre (1985-1995), Montpellier (1995-1999)

Bruno Martini, c’était un 10/10 dans L’Équipe après un match avec les Espoirs, un carton plein avec les Bleus lors des éliminatoires de l’Euro 1992 et un tas de distinctions individuelles venant rappeler quel monument du football français et du championnat il aura été. Ce fan de Jullion et de Curković se chauffe les gants à Auxerre, où il fait partie de la première génération des poulains icaunais sortis tout droit d’un centre de formation tout neuf. Il a fallu un peu de patience au jeune portier prometteur pour se faire une place, surtout quand le concurrent se nomme Joël Bats. Son prêt à Nancy, sur les conseils de Guy Roux, lui permet de revenir plus mature et prêt pour succéder à Bats, parti au PSG. C’est le début d’une très belle histoire d’une décennie pendant laquelle il passe par toutes les émotions avec l’AJA, disputant des centaines de matchs dans l’élite et quelques-uns en Coupe d’Europe. À son palmarès : une Coupe de France et une Coupe des Alpes, pendant laquelle il voit Cantona lui lâcher un coup de boule après l’avoir vu refuser de déblayer la neige du terrain avant un match contre Neuchâtel. Des blessures et la concurrence de Lionel Charbonnier poussent la légende à quitter le nid pour mettre le cap au sud, à Montpellier, où il s’impose comme titulaire pendant quatre saisons. Il manque la saison historique de son AJA, mais il gagne le cœur des supporters du MHSC. Ce qui comptait avant tout, pour Bruno Martini, disparu en octobre 2020. Trop tôt, évidemment.

#156 - Jean-Marc Ferreri

Jean-Marc Ferreri
Auxerre (1980-1986 puis 1991-1992), Bordeaux (1986-1991), OM (1992-1993), Martigues (1993-1994)

Fort de ses 423 matchs en première division et de ses 37 capes en équipe de France (il était présent lors du sacre européen en 1984 et au Mondial 1986), le milieu offensif d’origine transalpine sent bon le foot français des années 1980. Figure de l’AJA (troisième en 1984, quatrième en 1985) cajolée et façonnée par Guy Roux, auteur d’un passage glorieux chez les Girondins de Claude Bez avec qui il fait le doublé coupe-championnat en 1987 et termine co-meilleur buteur de C1 en 1987-1988 avec quatre unités, Ferreri se hissera également sur le toit de l’Europe en 1993 avec l’OM.

#155 - Pancho Gonzalez

Pancho Gonzalez
Nice (1951-1961)

L’une des plus grandes légendes de l’OGC Nice n’est pas française, mais bien argentine. César Héctor González, dit « Pancho » , est effectivement le symbole des plus belles heures de l’OGCN, dans les glorieuses 50s. Formé et révélé à Boca Juniors, le Portègne, qui réalise une pige au Peñarol de Montevideo entre 1949 et 1950, quitte l’Argentine en 1951. Un peu au hasard. Désireux de tenter l’aventure européenne, González fait en effet la connaissance d’Arthur Boghossian, un agent de joueurs franco-arménien, expatrié en Amérique du Sud. Ce dernier s’arrange pour que le joueur trouve un essai avec le RC Paris, et le fait embarquer sur un bateau direction Villefranche-sur-Mer. Entre-temps, González a pris contact avec son ancien coéquipier à Boca et au Peñarol, installé à Nice : Yeso Amalfi.

Le Brésilien accueille ainsi son compère à son arrivée dans l’Hexagone. Mais au lieu de le conduire à Paris, Amalfi décide de le présenter à son entraîneur chez les Aiglons, Numa Andoire. Les tests sont concluants, « Pancho » fait faux bond au Racing, et son destin bascule. Défenseur rugueux, l’Argentin est du doublé Coupe de France-championnat de 1952, dès sa première saison, avant d’être nommé capitaine en 1955. S’enchaîneront deux nouveaux sacres, en 1956 et 1959, ainsi qu’une nouvelle coupe nationale, en 1954. Lors de cette finale face à l’OM (remportée 2-1), « Pancho » réalisera un geste quelque peu inédit et de grande classe à la dernière minute, en dégageant le lob de Roger Scotti, d’un retourné acrobatique sur sa ligne. Le résumé finalement des 359 rencontres disputées par César Héctor González, jusqu’en 1961. L’Aiglon ultime.

Crédit photo : OGC NIce

#154 - Bernard Genghini

Bernard Genghini
Sochaux (1977-1982), Saint-Étienne (1982-1983), Monaco (1984-1986), OM (1986-1988), Bordeaux (1988-1989)

L’iconique moustachu est certainement le joueur le plus classe ayant porté les couleurs sochaliennes, qui plus est en tant qu’étendard de la formation doubiste. Membre du premier carré magique de l’équipe de France, au Mundial 1982, «  Ghini  » est aussi ce meneur de jeu générationnel qui a emmené Sochaux à une place de vice-champion (1980) et à une demie de C3 (1981) avant de briller par la suite du côté de l’ASM, avec qui il connaîtra également une deuxième place (1984) et un succès en Coupe de France (1985). Sans jamais oublier son premier amour : « Même quand je suis parti ensuite à Saint-Étienne, Monaco, Marseille ou Bordeaux, le premier résultat que je demandais en rentrant au vestiaire, c’était celui de Sochaux, nous confiait en 2017 celui qui facture 363 apparitions et 117 buts en D1. On s’identifie forcément à Sochaux. Quand je suis revenu au club en 1999 pour intégrer l’équipe dirigeante, c’est là que j’ai pris conscience que j’avais marqué les gens, parce qu’on m’a donné tout de suite beaucoup de crédit, alors que c’était un nouveau métier pour moi. […] Le public de Bonal, c’est beaucoup d’ouvriers avec l’usine Peugeot à côté, des gens qui viennent au stade pour passer un bon moment. Alors bien sûr, ils voulaient voir leur club gagner, voir leurs joueurs se bagarrer, mouiller le maillot, s’accrocher. Mais à côté de ça, ce n’était pas suffisant. Ils voulaient voir une équipe qui construise, qui se porte vers l’avant, marque des buts. À mon époque, c’était ça : ça partait de derrière, ça jouait au ballon. Ça a toujours été une marque de fabrique. »

#153 - Andrzej Szarmach

Andrzej Szarmach
Auxerre (1980-1985)

Avant de plonger dans l’alcool et d’être condamné pour violences conjugales, Andrzej Szarmach a malmené les défenses du championnat de France comme peu d’autres avant lui. Premier match contre Lyon, premier but. Et ça enquille. Triplés contre Metz, Valenciennes et Saint-Étienne, doublés face à Lille, Toulouse, Nancy, Strasbourg, Monaco ou encore Lens… Le Polonais plante 94 buts en 148 matchs de D1, devenant le meilleur réalisateur de l’histoire de l’AJ Auxerre. «  C’est le meilleur avant-centre que j’aie jamais entraîné, alors que j’en ai eu d’autres de très grande valeur, nous confiait Guy Roux. Il ne courait pas beaucoup, ça choquait un peu, mais je ne lui demandais pas du tout de travail défensif, sauf sur les corners. Mais quand il avait un ballon en profondeur, il n’y avait pas besoin de regarder, c’était but. » Privé du titre de meilleur buteur du championnat par Delio Onnis en 1982 et par Vahid Halilhodžić en 1983, Szarmach attrape en revanche celui de meilleur joueur étranger en 1981 et en 1982, décerné par France Football. « Quand j’étais minot, c’était Lato et lui au générique de Téléfoot le samedi soir, un truc mythique ! » , se rappelait Michel Rio dans L’Équipe. L’AJA remercie encore le ministre des Sports de l’époque, Jean-Pierre Soisson, pour avoir « négocié à coups de Chablis » le départ du joueur avec son homologue polonais.

#152 - Ali Benarbia

Ali Benarbia
Martigues (1993-1995), Monaco (1995-1998), Bordeaux (1998-1999), PSG (1999-2002)

Resté fidèle au FC Martigues (dont il est le troisième joueur le plus capé avec 269 matchs) pendant de nombreuses saisons, le petit milieu offensif algérien (1,71m) a passé plus de sept ans en deuxième division avant de découvrir l’élite à presque 25 printemps, ayant fait monter le club provençal pour la première (et toujours unique) fois. Le soyeux technicien, pas le dernier pour fournir des caviars, passera ensuite de club en club pour toucher les sommets pendant cinq exercices consécutifs : deux podiums et un titre de champion (1997) avec l’ASM, un autre sacre lors de sa seule saison en Gironde (1999), puis une place de vice-champion avec Paris (en 1999-2000), avec huit passes dé pour lui. En Principauté, Benarbia se souvient d’une grande famille : « On se retrouvait souvent au Café de Paris, au casino pour s’amuser, ou pour manger un bout ensemble, racontait-il en mars dernier au site de l’ASM. À la fin des matchs, pareil ! Personne ne rentrait chez lui après l’avion, on allait tous au restaurant Tip Top à Monaco. On regardait ensemble les résumés des matchs devant Téléfoot. On se retrouvait aussi à la Turbie pour prendre un croissant au petit-déjeuner, même si Jeannot Tigana n’aimait pas trop ça, je pense ! » Et de son passage ensuite dans la capitale, il gardera un amour inconditionnel pour le Parc des princes, lui l’ancien des Bouches-du-Rhône : « Plus que le club, c’était le fait de jouer au Parc, nous expliquait-il en 2016. C’est le plus beau stade de France. Il donne envie de jouer au foot et de faire du spectacle. J’avais pris l’habitude avec Martigues, Monaco et Bordeaux d’y jouer en tant que visiteur. Pouvoir y évoluer en étant à domicile, devant une moyenne de 42 500 spectateurs, avec les deux kops qui chantaient, c’était exceptionnel, il y avait une super ambiance, surtout qu’on a eu la chance d’avoir de bons résultats. » Ali, The Greatest.

#151 - Bram Appel

Bram Appel
Reims (1949-1954)

Dans la catégorie « attaquants prolifiques » , Abraham « Bram » Appel dispose d’une place de choix. En cinq saisons disputées au Stade de Reims, le Néerlandais n’en aura en effet passé aucune à moins de dix buts (115 réalisations en 169 apparitions), se muant en artisan majeur des conquêtes champenoises des années 1950. Lorsqu’il débarque à Reims, Appel est en réalité déjà un avant-centre confirmé. Après des débuts dans les ligues amateurs des Pays-Bas, il est en effet enrôlé de force par les contingents nazis, et envoyé à Berlin, en 1942, afin de renforcer la main-d’œuvre des usines allemandes, alors en pénurie. En parallèle, il y déniche une pige au Hertha et dispute quelques rencontres avec une sélection néerlandaise non officielle, formée par des travailleurs immigrés. Rebelle, Appel frôlera surtout la mort à deux reprises. D’abord en refusant de faire le « salut hitlérien » lors d’une visite d’inspection sur son lieu de travail (il sera sévèrement puni, sans plus de précisions), puis en survivant au bombardement de son usine, touchée par un éclat d’obus.

En 1945, l’attaquant est finalement autorisé à rentrer au pays, où il entamera définitivement sa carrière à l’ADO de La Haye, puis au Fortuna Sittard, lui permettant de glaner ses premières capes en oranje dès 1948 (douze sélections, dix buts). Suffisant pour séduire les Rémois, au sortir des JO de Londres, avec qui il signe son premier contrat professionnel. Aligné aux côtés de Raymond Kopa et Roger Marche, le Batave ne doit alors jouer que les seconds couteaux. C’était compter sans son sens du but. Dès sa première campagne (1949-1950), « Bram » plante 21 fois en 34 matchs et offre aux siens la Coupe de France. Idem au cours des éditions suivantes : 21 buts en 1950-1951, 15 en 1951-1952, 33 en 1952-1953 (avec un titre de champion de France en prime), et 25 en 1953-1954. Des statistiques énormes, qui ont fait d’Abraham « Bram » Appel une légende, parfois oubliée, du football hexagonal.

Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF

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