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PSG-Strasbourg, une certaine idée de la jeunesse en Ligue 1
Ce vendredi soir, le premier de Ligue 1, Paris, accueille le troisième, Strasbourg, avec une particularité : les deux équipes sont très jeunes. Et c’est un choix.

La Gen Z est là. Au Maroc, au Pérou, à Madagascar, au Népal, en France, les jeunes nés dans les années 2000 l’ouvrent et embêtent les élites. Puisque le foot n’échappe pas au monde extérieur, les fans de clics sont aussi sur les terrains. Les aînés ont découvert Désiré Doué, Bradley Barcola et les petits Parisiens quand ils ont gagné la Ligue des champions, ils vont découvrir Guela Doué, Diego Moreira et les petits Strasbourgeois ce vendredi au Parc des Princes.
Eh oui, les « zoomers » envahissent la Ligue 1. Avant la trêve, à Lille (1-1), Luis Enrique a titularisé un onze de départ de 22 ans en moyenne. Dans l’ensemble, son effectif dépasse à peine les 24 piges. Les Parisiens étaient déjà la plus jeune équipe des quarts de finale de Ligue des champions la saison dernière.
Ce soir au Parc des Princes, dans le vestiaire d’en face, Strasbourg affiche un effectif de moins de 22 balais. Seuls trois Alsaciens dépassent les 23 piges : le gardien remplaçant Karl-Johann Johnson (35 ans), le latéral remplaçant Eduard Sobol (30), et le dernier arrivé Ben Chilwell (28). Au classement des effectifs les plus d’jeuns du monde, les Strasbourgeois ne sont devancés que par les Lettons du FK Metta, selon le CIES. Et en ne prenant en compte que les effectifs des plus grands championnats européens, Paris et Strasbourg sont en tête.
2000 - Face à Metz, Strasbourg devient la première équipe de l'histoire des 5 grands championnats européens à aligner 11 titulaires tous nés en 2000 ou après. Pépinière. #FCMRCSA https://t.co/Y5milEn2Kg
— OptaJean (@OptaJean) August 17, 2025
Les sociologues de comptoir identifient la Gen Z par ses allers-retours entre individualisme et militantisme. S’ils peuvent être angoissés, notamment par le contexte politique et climatique, ils aspirent à plus de liberté et de bien-être au travail. Idem à Strasbourg et Paris. Si la multipropriété (ou le Qatar) les angoisse (ou pas), ils préfèrent leur liberté. La preuve : les deux équipes sont celles qui dribblent le plus de la Ligue 1. Paris et Strasbourg ne sont pas des projets tournés vers la jeunesse, puisqu’ils doivent obtenir des résultats rapidement, mais la jeunesse leur donne l’élan.
Le style « Be Water »
Quelques différences existent. À Paris, les jeunes sont déjà prêts pour le très haut niveau, en plus d’être malléables et capables de progresser sous Luis Enrique. En Alsace, la bande de jeunes prometteurs est cornaquée par Liam Rosenior, animateur de ces joyeux lurons. « On a un groupe jeune, mais j’adore ça. Je suis très confiant pour le futur vu ce qu’on a réussi à mettre en place en si peu de temps », justifie-t-il. L’ensemble de ses joueurs voit Strasbourg comme un moyen d’aller plus haut, un club pour progresser avant de partir ailleurs. Paradoxe : cette jeunesse dorée se régale en Alsace, vécue comme un Erasmus. Mieux : elle fait preuve d’expérience, comme contre Nantes ou en gagnant en fin de match au Havre.

Les deux vestiaires s’adaptent à leurs coachs, à leurs clubs, et à leur monde. Un concept de l’époque, très néolibéral, mais qui permet à ces jeunes de découvrir plusieurs postes : Ismaël Doukouré, Guela Doué, Diego Moreira d’un côté, João Neves, Warren Zaïre-Emery et Désiré Doué de l’autre. Le vestiaire de Strasbourg raconte la mode, les musiques et les pratiques culturelles de la modernité. Ils comprennent tout. « Les jeunes de maintenant sont plus précoces », théorisait Thierry Henry, grand frère pendant les JO.
Magie des algorithmes, leurs vidéos apparaissent naturellement sur les réseaux sociaux. Les danses d’Emmanuel Emegha deviennent virales. Avec du talent et une maîtrise parfaite de leur image, à l’instar de Dua Lipa ou de Billie Ellish, idoles de la Gen Z. À l’opposé, papy Giroud fait de la résistance, et privilégie le journal papier pour s’exprimer. Le contre-exemple est Marseille, où Roberto De Zerbi s’appuie sur des cadres vieillissants pour faire passer ses messages.
Des beatniks aux anti-FN, les mouvements de jeunesses ont toujours existé. Mais là, la génération née après 2000 est ambivalente : d’un côté elle conteste, de l’autre elle entre dans le moule du foot moderne. Côté strasbourgeois, les joueurs n’ont pas leur mot à dire. Ils constituent un retour sur investissement indispensable pour les clubs, quitte à délaisser la connaissance de l’histoire des cigognes et de la cathédrale. Dans les deux cas, il y a de l’argent. Plus que dans le reste de la Ligue 1, à Toulouse ou Nantes par exemple, qui font confiance aux jeunes, car ils n’ont pas le choix. Gulli et la Ligue 1 auront des audiences.
En direct : PSG-Strasbourg (0-0)Par Ulysse Llamas