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Tactique : un PSG peu précis devant le pressing ?
Battu par le Bayern Munich en début de semaine, le PSG s’est avoué vaincu à son propre jeu : celui du pressing incessant et de l’intensité physique. Une conséquence directe de la fatigue de bon nombre de joueurs, dans l’incapacité de répéter constamment les mêmes efforts. Un handicap pouvant être exploité tactiquement par les adversaires, et qui pourrait finir par avoir les Parisiens à l’usure.
Vincent Kompany pouvait parader sur la pelouse du Parc des Princes, en cette nuit du 4 novembre. Son Bayern Munich, insatiable depuis le début de saison, enquille une seizième victoire consécutive toutes compétitions confondues (record absolu dans l’histoire des cinq grands championnats). Une juste récompense pour cette équipe ayant réalisé une véritable démonstration au cours des 45 premières minutes. Animés par une pression s’exerçant sur tout le terrain, les Bavarois ont su comment ébranler les champions d’Europe, pourtant si sereins balle au pied habituellement. Adepte des batailles acharnées au milieu de terrain, Joshua Kimmich le concédera lui-même après match : « C’était un des matchs les plus intenses de ma vie. » De son côté, Luis Enrique, jurant ne pas se chercher des excuses, a appuyé sur l’hécatombe de blessures frappant le PSG : « Je n’ai pas le souvenir, cette saison, de voir évoluer mon équipe avec tous les joueurs en forme. »
Lorsque tu laisses deux mètres d’écart à un joueur, il va avoir beaucoup de facilités. Quand tu ne lui laisses que 75 centimètres, très peu vont réussir ce qu’ils faisaient à l’origine.
Quand les Bavarois deviennent Bosch
Cette justification n’est pas exagérée, au vu des forfaits qui s’accumulent au fil des semaines (incluant Ousmane Dembélé et Achraf Hakimi, sortis au cours de la soirée). Ces conséquences d’un rythme intenable mettent hors de lui Didier Domi, ancien latéral gauche du club : « Leur préparation physique est extrêmement grave, c’est grave que l’UEFA n’ait rien fait pour les laisser préparer la saison. N’importe quel préparateur physique va te le dire : ils ne seront pas prêts pour le reste de l’exercice. Certains vont avoir une période de repos forcé à cause des blessures, mais leur corps va être déséquilibré, notamment du côté des sprinteurs. Alors que Dembélé s’était blessé à la cuisse, voilà qu’il se fait le mollet contre le Bayern. »
Ce manque de fraîcheur, déjà handicapant, a une conséquence plus problématique : il offre l’opportunité de créer un plan de jeu assez pertinent pour enrayer la domination parisienne. Acclimatés à presser haut, les hommes de Vincent Kompany pousseront le curseur un cran encore plus haut en harcelant leurs adversaires pour provoquer des pertes de balle. Selon Didier Domi, « le pressing permet de battre ce PSG, un peu comme n’importe quelle équipe. Lorsque tu laisses deux mètres d’écart à un joueur, il va avoir beaucoup de facilités. Quand tu ne lui laisses que 75 centimètres, très peu vont réussir ce qu’ils faisaient à l’origine. » Un travail de sape individuel, dont la première victime fut nul autre que Vitinha.

(1/2) Très tôt dans le match, l’opération prend place : Kimmich effectue un pressing individuel anormalement haut sur Vitinha pour accélérer sa prise de décision.

(2/2) Trouvant Ousmane Dembélé après que ce dernier a dézoné, Jonathan Tah va à son tour monter sur son attaquant à 70 mètres de ses cages en obligeant Dembélé à jouer plus bas sur Willian Pacho en une touche : devant la pression, l’Équatorien tente une passe pour casser une ligne de pression qui est interceptée et convertie en but par le Bayern.
À son avantage pour réguler le tempo de l’équipe et servir de « troisième central » à la relance lorsque cela est nécessaire, le Portugais va trouver Kimmich constamment collé à ses basques. De ce fait, le numéro 17 n’aura que trop rarement le champ nécessaire pour distribuer vers l’avant ou permettre à ses coéquipiers de respirer. Cette configuration avait déjà offert une récupération haute et l’ouverture du score au FC Barcelone, le mois dernier. Même lorsque Vitinha va tenter de se rendre disponible sans ballon avec ses courses en profondeur, impossible de se défaire de son garde du corps. Une situation complexe, à laquelle s’ajoutent les marquages sur Fabián Ruiz et Warren Zaïre-Emery, annulant le surnombre que peut avoir le PSG dans l’axe. Or, puisque le Bayern aligne un double pivot composé de Joshua Kimmich et Aleksandar Pavlović, Vincent Kompany va prendre le risque de faire monter Dayot Upamecano.

(1/3) Déjà précieux lors du premier but bavarois en montant sur Nuno Mendes, Dayot Upamecano va enchaîner les montées afin d’empêcher tout surnombre au milieu de terrain.

(2/3) Même lors des phases où Vitinha va tenter de se rendre disponible en dézonant sur le côté gauche, ce même Upamecano va se charger de relayer Joshua Kimmich et presser le milieu portugais.

(3/3) Derrière un milieu moins disponible, certains vont être poussés à l’erreur et perdre des balles très basses sur le terrain : en l’absence de solution, Marquinhos va offrir le ballon à Luis Díaz (auteur d’un doublé).
Si ce Paris Saint-Germain porte une grande menace de par la qualité de son milieu de terrain, il ne faut pas non plus occulter les côtés (véritables rampes de lancement pour Nuno Mendes, Bradley Barcola ou encore Khvicha Kvaratskhelia). Puisque les montées d’Upamecano font perdre en présence défensive, les ailiers vont mettre la main à la pâte. Aussi bien Michael Olise, auteur d’une prestation remarquable sur son côté droit, que Luis Díaz (en dépit de son excès d’engagement). Si certaines incursions sont à noter durant ces 45 minutes dans la moitié de jeu bavaroise, le contrôle des courses en profondeur était trop bien huilé pour qu’elles puissent être dangereuses.
Ne restait plus qu’une autre source à tarir par le pressing : Lucas Chevalier. Souvent critiqué pour son début de saison en dents de scie, le natif de Calais reste inébranlable dans ses relances au pied. Cette amélioration (comparé à son prédécesseur Gianluigi Donnarumma) permet au PSG de prendre davantage de risques dans son jeu, d’être plus vertical et de casser les lignes de pression. Des facilités moins visibles, lorsque ses coéquipiers sont pris d’assaut tout au long de la rencontre et quand on a toujours un joueur à nos trousses.

(1/2) À l’origine au pressing sur Nuno Mendes, Michael Olise va continuer son effort en pressant Lucas Chevalier à la relance : les deux défenseurs centraux étant eux aussi pris d’assaut, Marquinhos va sans succès reculer d’une dizaine de mètres afin d’avoir du temps face au jeu et envoyer sa passe en touche.

(2/2) Même constat à la demi-heure de jeu : au pressing sur Fabián, Konrad Laimer continue son effort en pressant Lucas Chevalier dans sa relance alors qu’il se trouve latéral droit sur la feuille de match (moins maladroits sur cette séquence, les Parisiens arriveront à sortir le ballon de la pression grâce à un Lee Kang-in redescendu de 30 mètres).
Tout ou (Astu)rien pour Luis Enrique
Si Vincent Kompany a eu le courage d’aller presser le champion d’Europe en terrain ennemi, le Belge n’est pas le premier à avoir pris l’initiative. Pour cela, il faut revenir le 13 juillet dernier au MetLife Stadium d’East Rutherford. Alors que Luis Enrique s’apprêtait à célébrer un quatrième trophée dans la saison, le Chelsea d’Enzo Maresca viendra casser ses rêves d’hégémonie (0-3). Encore une fois, les circonstances sont atténuantes entre la fatigue accumulée et la suspension de Willian Pacho. Et encore une fois, l’adversaire profitera de ces failles, avec un pressing tout-terrain.

Sans mettre la même intensité que le Bayern, le procédé reste le même : un joueur va se charger de resserrer continuellement Vitinha en phases de possession (ce qui était le rôle d’Enzo Fernandez) tout comme les autres milieux de terrain, et derrière, un défenseur central va monter d’un cran pour annuler le surnombre du milieu de terrain (ici, Trevoh Chalobah).
S’il n’y a pas besoin de tirer la sonnette d’alarme côté PSG, ce genre de leçons tactiques pourrait bien donner des idées à d’autres coachs, français comme européens. À savoir profiter de ce manque de fraîcheur physique pour les prendre à la gorge, et ainsi récupérer des ballons pouvant devenir des occasions de but. Ce plan de jeu nécessite néanmoins une condition physique optimale. « En ce début de saison, les joueurs du Bayern courent environ 125 kilomètres par match en moyenne. C’est un chiffre absolument exceptionnel, surtout pour une équipe qui n’a pas spécialement besoin de courir pour s’imposer », précise Didier Domi. Des statistiques vertigineuses, qui ne trouveront peut-être pas d’égal durant le reste de l’exercice.
De plus, dans le cas où ce genre de scénarios viendraient à se répéter, il ne faudrait pas oublier la capacité de remise en question de Luis Enrique. Une faculté ayant déjà fait ses preuves, au lendemain de rencontres de Ligue des champions. « Il y a deux ans, en huitièmes de finale contre la Real Sociedad, on voyait pas mal de joueurs basques arriver à presser et contenir le milieu parisien, se remémore le conseiller de la PSG Academy. À la pause, Luis Enrique décide d’intervertir les positions de Vitinha et Fabián Ruiz : l’un en 6, l’autre en 8. Depuis, les deux n’ont plus jamais changé de place. » Un remaniement faisant penser à un autre match contre le Bayern (1-2) en phase de ligue de l’édition précédente où, après le match, Lucho avait demandé à Nuno Mendes et Hakimi de presser toujours plus haut et à Willian Pacho de les couvrir. Des consignes devenant le ciment d’un sacre historique, quelques mois plus tard.
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