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De guerre Blas

Par Jérémie Baron

Après quatre ans à choisir ses matchs mais surtout porter le FC Nantes dans la lutte pour le maintien, en Coupe de France et même en Ligue Europa, Ludovic Blas quitte la Maison jaune pour son rival géographique, le Stade rennais. Une progression qui devenait nécessaire pour le gaucher, et un déchirement pour certains supporters.

Sport director Florian MAURICE and Ludovic BLAS of Stade Rennais during the Press conference of Stade Rennais at Roazhon Park on July 6, 2023 in Rennes, France. (Photo by Philippe Le Brech/Icon Sport)
Sport director Florian MAURICE and Ludovic BLAS of Stade Rennais during the Press conference of Stade Rennais at Roazhon Park on July 6, 2023 in Rennes, France. (Photo by Philippe Le Brech/Icon Sport)

Sans arme, ni violence, mais avec tout de même un peu de haine. Dans la journée de jeudi, ou peut-être un peu plus tôt dans la semaine, des supporters du FC Nantes ont fait le déplacement à Sautron (bourgade de 7500 âmes située juste au nord-ouest de Nantes, entre Orvault et la bien nommée Saint-Étienne-de-Montluc), mais ce n’était pas une envie de s’envoyer un shot d’adrénaline dans les roller coasters du Parc des Naudières qui les guidaient. À la place, ils s’étaient préparé un petit stock de stickers estampillés « Brigade Loire » – le groupe ultra qui enflamme la Beaujoire chaque week-end – à placarder sur le portail d’un homme qui avait sauvé leur club moins d’un mois plus tôt. Jeudi, donc, en découvrant une petite dizaine d’autocollants jaunes décorant l’entrée de son domicile (ce qui a donné lieu à une plainte selon France Bleu), Ludovic Blas a eu la confirmation que le choix de son nouveau club ne se ferait pas sans remous.

Ce coup de pression sous forme d’affichage sauvage n’est sans doute pas l’œuvre de la BL elle-même, ces stickers ayant dépassé depuis bien longtemps le strict cadre de l’association(1). Mais il traduit le sentiment de trahison qu’ont pu ressentir les supporters locaux quand le gaucher a décidé de poursuivre sa carrière chez le voisin : le Stade rennais. Du moins une partie de ces supporters, comme l’explique le cinquantenaire Thierry Tissot, tout juste réélu à la tête du groupe d’aficionados jaune et vert « Activ Nantes » : « Pour la jeune génération, qui n’a connu qu’un seul titre avec Nantes, avec Blas en tant que capitaine, et qui est entré dans le jeu d’une rivalité qui n’est pas vraiment historique avec Rennes, ça pique. Moi qui suis plus vieux, je m’en fous. Je suis presque plutôt content : il était temps que son aventure au FC Nantes se termine. À Nantes, on a une culture du collectif et du QI foot plus que du talent pur. »

Retenu contre son gré un an plus tôt, alors qu’il devait s’engager avec un LOSC sortant d’une épopée jusqu’en huitièmes de Ligue des champions, le champion d’Europe U19 (en 2016, avec Kylian Mbappé) savait qu’une porte de sortie lui serait ouverte en 2023, à un an de la fin de son bail dans le 44. Lors de cette dernière saison, le spécialiste des penaltys aura continué d’écrire sa légende à Nantes en nouant une relation de proximité sur le terrain avec Mostafa Mohamed et en se contentant de briller lors des grandes occasions : en Ligue Europa (Olympiakos à l’aller et au retour, Qarabağ à la Beaujoire, 16e de finale aller à Turin), en Coupe de France (avec un bijou face à l’OL en demies, même si le FCN s’est fait laver en finale) et en championnat comme à Paris, contre Monaco, mais surtout lors du sauvetage du club (face à Angers lors de la 38e journée, avec sa passe décisive pour Ignatius Ganago). Son chef-d’œuvre restera son exercice 2021-2022 : cette alchimie avec Randal Kolo Muani, ces 15 pions toutes compétitions confondues, dont 5 en Coupe de France avec le but vainqueur lors du sacre contre Nice (1-0), brassard autour du biceps. Il quitte la Loire-Atlantique après 159 rencontres, pour 49 caramels et 18 offrandes.

L’héritier d’Olivier Monterrubio

« Même si mon choix n’a pas été simple et suscite de l’incompréhension pour certains d’entre vous, j’espère que la plupart le comprendront », a-t-il écrit (du moins, son community manager) sur Instagram dans un post adressé aux supporters des Canaris. Nantes, où il avait débarqué à 21 berges, n’aura été qu’un tremplin comme un autre, au même titre que son club formateur, l’En Avant Guingamp, qui entretient d’ailleurs lui aussi un antagonisme avec le SRFC. « Les joueurs ne sont pas forcément attachés au club, à la ville, déplore Tissot. Dès l’instant où tu as une direction qui n’est pas amoureuse de la ville, comment veux-tu que les joueurs l’aiment ? De là, ça ne pose pas plus de problème que ça au vice-capitaine du FC Nantes de se barrer chez le rival. » « Quand j’arrive dans un endroit, c’est pour laisser quelque chose, a de son côté lâché l’intéressé avec son nouveau maillot sur les épaules. Je ne viens pas pour rien, c’est ce que j’ai fait à Guingamp et Nantes. Je veux prouver à Rennes. » Florian Maurice l’imagine occuper le flanc droit des Rouge et Noir (à la place de Jérémy Doku ?). Avec ses futurs compères d’attaque que sont l’autre recrue Enzo Le Fée, mais aussi le revenant Martin Terrier, Benjamin Bourigeaud, Amine Gouiri, Arnaud Kalimuendo et le crack Désiré Doué, pour ne citer qu’eux, ça risque encore une fois de jouer au ballon, cette saison, route de Lorient.

Il faut aussi penser foot et essayer de me comprendre, mais c’est sûr que ça ne va pas plaire à tout le monde.

Ludovic Blas

Quid du retour de flamme lié à cette signature ? « Je m’y attendais un petit peu, a confié le joueur de 25 ans lors de sa présentation. Je connais la ville, je connais les supporters, j’ai envie de dire que c’est le jeu, ils ne sont pas contents. J’ai passé de bons moments là-bas, j’ai connu beaucoup de joie. Ils peuvent être déçus, c’est sûr. Il faut aussi penser foot et essayer de me comprendre, mais c’est sûr que ça ne va pas plaire à tout le monde. » Le dernier joueur à avoir emprunté la N137 depuis la cité des ducs de Bretagne pour rallier le chef-lieu de l’Ille-et-Vilaine s’appelait Olivier Monterrubio (« et on connaît la carrière du joueur et ce qu’il a fait dans les deux clubs », a souligné Blas). C’était en 2001. Une époque où le FCN empilait encore les trophées et où son voisin peinait à se stabiliser en première partie de tableau de Ligue 1. Aujourd’hui, le tableau a bien changé : le Stade a pu rouvrir son armoire à trophées 48 ans après, en 2019, a découvert la Ligue des champions, vient d’enchaîner quatre saisons à la table des puissants (troisième, sixième, quatrième, puis quatrième), n’a laissé que deux victoires aux Nantais sur les vingt derniers derbys disputés en compétition, et entamera en 2023-2024 sa sixième saison de suite sur la scène européenne.

Alors quand Blas, l’un des plus beaux acrobates de notre Ligue 1 qui a pourtant passé sa fin de saison à lutter dans les bas-fonds du championnat, déclare : « C’était une chance que je ne pouvais laisser passer, et un nouveau challenge à la hauteur de mes ambitions », on peut difficilement lui donner tort. « Si tu veux être objectif, il a raison de faire ce choix-là, concède Tissot. Il y a quelques années, notre cher président disait  “Où est-ce qu’il est Rennes aujourd’hui ?”, eh bien il a la réponse : notre meilleur joueur aujourd’hui préfère se barrer chez le voisin. Et tu ne t’attaches pas à des joueurs qui ne sont pas attachés à toi. » Ainsi va le football d’aujourd’hui. La patte gauche de Ludovic Blas a donné ce qu’elle avait à donner pour le Football Club de Nantes ; son cœur, en revanche, ne semble avoir jamais vraiment épousé le jaune et vert.

Dans cet article :
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Par Jérémie Baron

Propos de Thierry Tissot recueillis par JB, ceux de Ludovic Blas recueillis par CG à Rennes ou tirés d'Instagram et staderennais.com

(1) Contactée, la Brigade Loire n'a pas souhaité communiquer publiquement.

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