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Ligue 1 : Le Stade rennais en quête de croissance

Par Clément Gavard
Ligue 1 : Le Stade rennais en quête de croissance

Depuis cinq ans, le Stade rennais a grandi, s'installant de manière régulière dans le haut de tableau en championnat et enchaînant les qualifications européennes. En quête de croissance à tous les niveaux, notamment économique, les dirigeants rennais cherchent à activer des leviers pour compenser les écarts budgétaires avec certains concurrents.

Elle paraît loin l’époque où le Stade rennais était la réponse à la question « qu’est-ce qui est rouge et noir qui monte et qui descend ? » C’était un autre temps, un autre siècle et le club breton est aujourd’hui considéré comme une place forte du football français, après avoir longtemps soufflé le chaud et le froid. Depuis 2017, la santé sportive des Rouge et Noir est excellente. Il y a eu la conquête d’un titre, enfin, avec la Coupe de France en 2019, et surtout cinq qualifications d’affilée en Coupe d’Europe (1 en Ligue des champions, 3 en Ligue Europa et 1 en Ligue Europa Conférence), meilleure série en cours avec le PSG en Ligue 1. Après une quatrième place lors du dernier exercice, les dirigeants rennais et Bruno Genesio ont répété leur envie de « faire mieux » dès cette saison, une manière à peine masquée d’assumer l’objectif podium, qui pourrait un peu plus s’éloigner ce dimanche soir en cas de défaite face à Paris dans un début d’année déjà marqué par la grave blessure de Martin Terrier. Est-ce le signe que le nouveau plafond de verre sera difficile à briser pour les Bretons ? « On a besoin de temps. Il faut garder en tête cette notion : on peut monter très vite et chuter très vite, explique-t-on au club. Il faut continuer dans cette voie, on est dans une dynamique positive. Il y a cette volonté de construire et de poursuivre le développement du club. Mais plus tu veux monter, plus la marche supérieure est haute. »

On a 110 millions d’euros de budget, là où Lyon en a 250. Il y a une réflexion globale sur de nouveaux leviers, pour être européen de façon pérenne. On est visibles en Europe depuis maintenant cinq ans, mais évidemment, la Ligue des champions, c’est encore plus attractif.

Des limites et des leviers

Le sujet occupe une place primordiale dans les bureaux de la Piverdière, avec une éternelle question en toile de fond : comment aller encore plus haut ? Les réponses sont surtout économiques, « un principe de base » dans le foot aujourd’hui, où il est conseillé d’être pragmatique, voire cynique, plutôt que romantique. « On sait que la concurrence est vive. Lyon a été racheté, Nice semblerait vouloir encore investir. On a aussi des moyens, le propriétaire nous en donne, on essaie d’être cohérents dans le recrutement pour avancer dans cette dimension-là, on réfléchit pour continuer à grandir, augmenter le budget, posait le directeur sportif Florian Maurice le mois dernier dans L’Équipe. Il y a des pistes sur le sponsoring, le stade, le naming… La stratégie, c’est plus du ressort du président, mais on a 110 millions d’euros de budget, là où Lyon en a 250. Et il y a une réflexion globale sur de nouveaux leviers, pour être européen de façon pérenne. On est visibles en Europe depuis maintenant cinq ans, mais évidemment, la Ligue des champions, c’est encore plus attractif. »

Seulement, les limites sont nombreuses, et certaines sont difficiles voire impossibles à surpasser. La première est démographique : le recensement de 2020 (population légale en vigueur en janvier 2023) place l’unité urbaine/agglomération rennaise en dehors du top 10 dans l’Hexagone derrière Nantes, Toulon, Rouen ou Grenoble, et très loin derrière Nice, Bordeaux, Toulouse ou Lille. « Il y a une forme de logique : dans les grandes villes, il y a plus de moyens économiques et donc plus d’argent pour les clubs », complète-t-on au SRFC. Une autre est la capacité du Roazhon Park (29 778 spectateurs, 8e enceinte du pays), où plus de 600 000 personnes sont venues la saison dernière, un record pour le club breton, sans que cela ne suffise à rivaliser plusieurs concurrents en matière de recette les jours de match. « Lyon peut accueillir 60 000 spectateurs, soit le double. Même la Beaujoire est proche des 40 000, détaille un membre du Stade rennais. Il faut trouver d’autres leviers pour continuer à être encore plus compétitifs, sans compter que l’on peut voir arriver de nouvelles ambitions avec de nouveaux investisseurs. »

Cette quête de croissance économique doit permettre à Rennes de voir son budget grimper, alors que celui-ci avoisine les 110 millions d’euros pour la saison en cours. C’est plus ou moins celui de Nice et Lille, deux concurrents aux places européennes, mais c’est aussi moins de la moitié de ceux de Monaco, Marseille et Lyon (environ 250 millions d’euros). Comme la grande majorité des clubs de l’élite, le Stade rennais a vu son résultat net subir la crise de la Covid-19, avec une perte de 19,763 millions d’euros sur l’exercice 2020-2021, selon le rapport de la DNCG publié en mai dernier. Les recettes de billetterie ont logiquement chuté en raison des huis clos et des jauges (957 000 euros contre 7,1 millions d’euros la saison précédente). Ces derniers temps, les supporters bretons ont grondé contre les tarifs pour assister à un match au Roazhon Park, alors que le prix des places pour la réception du PSG ce dimanche allait de 29 à 170 euros, comme la saison dernière.

Les affluences donnent raison à la stratégie contestée du SRFC, même si les dirigeants assurent vouloir préserver l’image d’un club populaire et familial à travers des initiatives comme les journées des abonnés. Pas sûr que ces attentions ou la diffusion d’un dîner réunissant des anciens Rennais suffisent à convaincre les fans de débourser plus pour payer les salaires mirobolants de leurs idoles, qu’ils ne peuvent quasiment plus voir ailleurs qu’au stade depuis que les entraînements à huis clos sont devenus la norme pour le groupe de Bruno Genesio. « Si on veut continuer d’avancer, il y a des choses que l’on va devoir concéder, assume-t-on sur les bords de la Vilaine. Le naming du stade est un levier comme un autre pour pouvoir augmenter le budget, avoir de très bons joueurs et essayer d’être encore plus compétitifs. » Il n’y a cependant pas encore de piste pour nouer un partenariat pour que le Roazhon Park devienne un nouveau Groupama Stadium ou Orange Vélodrome, alors que la construction d’une nouvelle enceinte ou son agrandissement n’est pas du tout d’actualité.

La Piverdière 2 pour un meilleur horizon

Plus concret et validé par le conseil municipal, le projet de la Piverdière 2, qui consiste en un agrandissement et une rénovation du centre d’entraînement et de vie du Stade rennais en trois phases (professionnels, centre de formation et bureaux adminsitratifs), est considéré comme « un élément majeur pour que le club continue sa progression ». Les travaux doivent débuter dans les prochains mois, entre mai et septembre, pour une livraison espérée fin 2025. Le site historique du club breton doit ainsi être étendu à 15 hectares (soit 3,6 hectares en plus) quand la direction en espérait plutôt une vingtaine avant d’être confrontée à des problématiques écologiques et une forte opposition. Il était temps pour le SRFC, très en retard au niveau des infrastructures quand l’on sait que le domaine de Luchin représente 45 hectares pour le LOSC ou que des clubs comme Lorient, Montpellier ou Reims sont également devant. Des chiffres qui sont bien sûr à des années-lumière du futur centre du PSG, prévu sur 74 hectares. Rennes espère maintenant une modernisation de ses bâtiments et notamment de son centre de formation, au cœur de la stratégie sportive depuis de nombreuses années. Un projet qui pourrait permettre au club de grandir aussi dans les bureaux, où le manque de personnel peut parfois se ressentir dans certains domaines : les Rouge et Noir comptent actuellement environ 250 salariés, effectif professionnel compris, contre un peu plus du double à l’OL à titre de comparaison. Les futurs locaux devront s’accompagner d’une évolution à ce niveau pour se rapprocher d’un standing européen dont le club breton semble encore loin. Le coût de l’opération de la Piv 2 ? 35 millions d’euros au minimum, un investissement entièrement pris en charge par le Stade rennais et la famille Pinault pour que cela ne coûte rien au contribuable.

Une place de plus en C1, ça changerait beaucoup de choses pour les droits commerciaux et les droits TV qui rapportent tellement. On supporte les clubs français pour le bien de notre foot, et les autres sont aussi supporters du Stade rennais sur la scène européenne.

Dans le sillage du football français

Voilà pour la perspective d’avenir au Stade rennais, où les dirigeants insistent sur l’importance de voir plus loin que le bout de la saison en cours, ce qui peut paraître anachronique à une époque où la culture du résultat immédiat prime sur tout le reste dans le monde du ballon rond. Pour cela, Rennes rêve de miser sur la stabilité des hommes, le triumvirat composé d’Olivier Cloarec, Florian Maurice et Bruno Genesio fonctionnant très bien. Dans un contexte économique délicat et dans un championnat où les investisseurs étrangers se multiplient, la famille Pinault, propriétaire du club depuis 1998, apporte au SRFC une sécurité financière et renforce la fibre locale. Grandir demande du travail et du temps, même si Rennes a pu se réjouir dernièrement de se retrouver dans le deuxième groupe, aux côtés de Lyon, Marseille, Lille, Monaco et Nice, pour la répartition du milliard et demi d’euros apporté par le fonds CVC, signe de la progression du club.

Il faudra compter sur soi-même, mais aussi sur les autres, dans cette quête de croissance. Pour Rennes comme pour toutes les autres écuries hexagonales, l’horizon 2024 sera déterminant pour la Ligue 1 avec la nouvelle formule de la Ligue des champions, un potentiel ticket supplémentaire pour les clubs français et l’appel d’offres pour les futurs droits TV. Pour cela, la France doit impérativement conserver sa cinquième position au classement UEFA (59,497 points actuellement contre 56,700 pour les Pays-Bas et 53,716 pour le Portugal), alors que le SRFC est le troisième meilleur pourvoyeur de points ces cinq dernières années (44,000) derrière Lyon (61,000) et le PSG (112,000). « Ce serait une catastrophe pour le foot français, car une place de plus en C1, ça changerait beaucoup de choses pour les droits commerciaux et les droits TV qui rapportent tellement, développe-t-on chez les Rouge et Noir. On supporte les clubs français pour le bien de notre foot et les autres sont aussi supporters du Stade rennais sur la scène européenne. » Ce dimanche, cette ambition à moyen et long terme disparaîtra le temps d’une soirée, comme à chaque fois, au profit du résultat d’un match contre le PSG qui, au fond, ne changera rien aux ambitions rennaises. Puis, il sera temps de se remettre à rêver plus grand.

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