- C1
- 8es
- Dortmund-Lille (1-1)
Lille, la classe européenne
Malgré un début de rencontre timoré, le LOSC a ramené un bon nul de son match aller à Dortmund. Et s’ils auraient presque pu espérer mieux, les hommes de Genesio prouvent qu’ils ont déjà beaucoup appris durant cette campagne européenne. Au point de délivrer très prochainement une nouvelle masterclass ?

Tentons un parallèle qui peut parler au grand nombre. Imaginez un car rouge avec les jantes un peu cabossées et des sièges élimés. Le même qu’on a tous pris pour un voyage scolaire. Là, juste derrière le chauffeur, le sémillant professeur M. Genesio tient le micro et distille ses petites anecdotes sur les bleds traversés. Derrière, une classe de garçons tous aussi enthousiastes les uns que les autres à l’idée de sortir de leur quotidien du championnat – parfois impitoyable, en témoigne la dernière sortie au Parc des Princes – pour découvrir les grands espaces. Il y a notamment le délégué Benjamin André, le redoublant Thomas Meunier, les Brésiliens en échange Ismaily et Alexsandro, la star du collège Jonathan David, les bons copains Lucas Chevalier et Bafodé Diakité et tout un tas de petits surdoués prénommés Ayyoub, Ngal’ayel, Hákon ou Ethan. Leur but ? Rider sur l’Europe.
Ce mardi, cette joyeuse troupe a fait un arrêt à Dortmund pour y défier les finalistes de la dernière Ligue des champions mais aussi rescapés des derniers barrages. Le LOSC y disputait seulement son cinquième match à élimination directe, après avoir déchanté contre Manchester United en 2007 (0-1 ; 0-1) et Chelsea en 2022 (0-2 ; 1-2). Et dans ce Signal Iduna Park aux barrières jaunes, rarement accueillant pour les clubs français (le PSG n’y a gagné aucun de ses quatre déplacements), le onze lillois a récité la leçon studieusement apprise pendant toute sa campagne européenne : jouer avec ses atouts et sans complexe. La recette avait fonctionné à la maison contre le Real Madrid (1-0), mais aussi chez l’Atlético (1-3) et la Juventus (1-1). Un peu moins face au Sporting (0-2) et à Liverpool (1-2), mais puisque les devoirs avaient été faits contre Bologne (2-1), Graz (3-2) et Feyenoord (6-1), ça avait suffi pour finir le premier trimestre dans les huit meilleures formations du continent.
Le cas pratique de Dortmund
Une fois ces scores mis sur le tableau, le plus dur maintenant est de trouver une constante, celle qui permettrait de comprendre puis d’expliquer ce succès Lillois sur la scène continentale. Dans ces excursions, c’est sûrement la capacité des Nordistes à faire preuve de solidarité et d’équilibre qui saute aux yeux. Chose qui permet de faire le dos rond quand les manœuvres ne se déroulent pas exactement comme prévu pour mieux se redresser ensuite. D’un match à l’autre ou – plus fort – au cours d’un même match. À Dortmund, les premiers pas ont été balbutiants, les individualités comme Jo David ou Haraldsson ayant du mal à se mettre en relation. Mais l’activité d’André, le génie de Bouaddi (toujours plus bluffant alors qu’il a encore 17 ans) ou les efforts du cadet Mbappé ont permis aux Dogues de reprendre leur brouillon pour rendre une copie plus que correcte.
Quand on fait les efforts et qu’on se lâche, voilà, on a la bonne équipe.
0,86 xG contre 0,26 ; 57% de possession ; 9 tirs. Voilà les Flandres bien représentées. « On a été timides dans la première demi-heure, après on a pris le temps, on les a aspirés, on les a fait courir, décryptait le capitaine André pour Canal+. C’est dommage parce qu’il y avait de la place. Quand on fait les efforts et qu’on se lâche, voilà, on a la bonne équipe. » Même constat de son N+1, Bruno Genesio, partagé entre la satisfaction et la peur de regretter plus tard de ne pas avoir profité de la dynamique de fin de match : « En deuxième période, on a eu plus de maîtrise, de dangerosité et d’équilibre en seconde parce qu’on n’a pas concédé grand-chose. Le plus dur reste à faire, il faudra absolument gagner chez nous, mais on a peut-être pris un petit ascendant psychologique. » Là est l’essentiel, puisqu’au-delà des capacités techniques et tactiques, la force de ce LOSC est tout simplement la confiance. En un projet, en ses ressources, en un groupe, et c’est justement ça qui lui permet d’envisager le retour à Pierre-Mauroy avec sérénité.
Ayez tous un Alexsandro dans vos vies ❤️ pic.twitter.com/m4vBwceJSt
— Le Petit Lillois ⚜️ (@LePetitLillois) March 4, 2025
Dans une séquence qui pousse à pointer systématiquement le rôle de l’arbitrage, les Lillois eux n’ont même pas pris la peine de relever les petites erreurs de M. Sánchez Martínez. Pas la peine de ressasser ce contact de Schlotterbeck, surtout quand on sait qu’André Gomes a échappé au rouge en fin de partie : tout finira par s’équilibrer. Au contraire, on soigne son karma, comme lorsqu’Alexsandro a préféré régler son accrochage avec Karim Adeyemi avec un bisou et un large sourire plutôt qu’avec un coup de front. On ne sait pas ce que cette pierre ramenée d’Allemagne représentera sur l’édifice européen que sont en train de construire ces Dogues, mais, définitivement, ces voyages forment autant leur jeunesse que leurs ambitions.
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