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Le Sio en avant

Par Florian Cadu
4 minutes
Le Sio en avant

Double buteur à Caen dimanche dernier, Giovanni Sio réalise la meilleure saison de sa carrière au volant de l'attaque montpelliéraine. Une surprise ? Non, le résultat de progrès à faces multiples.

Dix : un chiffre rond, passe-partout, qui sonne bien et qui a une belle gueule. Une bonne note aussi, ou du moins la moyenne, ce qui est déjà pas mal au moment de négocier auprès de la délégation parentale une quelconque virée de fin de semaine. Dix, c’est aussi une chouette échelle. Pas vrai, Giovanni ? Ah, c’est son entraîneur, Michel Der Zakarian qui préfère intervenir : « Sio en est à 10 buts, j’espère qu’il va encore en marquer cinq ou six. » Dimanche dernier, l’attaquant ivoirien de Montpellier a en effet planté ses dents dans un doublé à Caen (3-1), remettant au passage son équipe sur la route de sa première victoire en Ligue 1 depuis près de deux mois, et en a profité pour affûter ses statistiques en glissant sur son chemin une passe décisive pour Ellyes Skhiri. Pas mal, non ?

On y est : pour la seconde fois de sa carrière, la première depuis sa saison 2010-2011 au FC Sion, Giovanni Sio, 29 piges, vient d’attraper la barre des dix buts sur un championnat. Entre les deux, on a vu le Montpelliérain alterner entre les exercices blancs (à Wolfsburg, à Augsburg) et d’autres plus réussis comme à Bâle, il y a cinq ans déjà. Depuis que l’Ivoirien est revenu en France, en janvier 2015, c’est tout simplement son meilleur exercice, mais surtout un repère de progrès (neuf caramels en 2016-2017, sept en 2015-2016, six en 2014-2015). Difficile de faire mentir les chiffres.

Que ce soit dit : Sio ne représente pas le formidable buteur au geste épuré faisant lever les foules. Non, on parle avant tout d’un joueur qui demeure un bon joueur offensif de Ligue 1 qui privilégie souvent le travail au talent. Plus bagarreur qu’artiste, l’ancien Rennais, arrivé à Montpellier l’été dernier pour un peu plus de deux millions d’euros, sait donc qu’il ne pourra s’élever au-dessus d’un plafond de verre. Mais il est également parfaitement conscient que ses efforts peuvent l’amener à un très bon niveau.

Sur la route de la sérénité

En souffrant, l’ancien Bastiais s’est donc d’abord endurci dans des pays qui ne voulaient pas forcément de lui. Au travers de ses expériences espagnoles ou allemandes, le bonhomme a grandi. Même quand le racisme s’est dressé sur son chemin à la Real Sociedad. Première étape de sa croissance. « Franchement, je suis parti hyper jeune, j’étais tout seul. Je n’avais personne sur qui m’appuyer. Pas de famille sur place. Ça m’a forgé psychologiquement, racontait-il il y a un an. Je ne pouvais compter que sur moi, donc j’ai mûri assez tôt. Mon côté guerrier, mon caractère de combattant viennent de là. »

Seulement, ces traversées du désert ne rendent pas Sio sage tout de suite. Lequel confond alors parfois combat et impulsivité. Après une belle aventure à Bâle (entre 2013 et 2015) et à la suite de son retour en France (en Corse), le Nantais d’origine écope de… 17 avertissements et trois cartons rouges en deux ans et demi passés dans l’Hexagone. Un constat qui rappelle ses onze biscottes croquées en une saison durant sa jeunesse avec Sion. Autrement dit, le garçon doit se calmer s’il souhaite collectionner plus de goals que de petites images. « J’ai tendance à avoir un comportement parfois chaud avec les arbitres, reconnaissait-il. C’est à cause de mon tempérament de gagneur… Mais maintenant, j’arrive à le gérer, à me contrôler. De toute façon, c’est quand tu es moins bien, quand tu marques peu que tu prends des cartons. Surtout quand, comme moi, ce sont des cartons vraiment évitables. Alors, j’ai appris à relativiser mes périodes de doute. »

Bien sûr, la colère ou la maladresse reprennent parfois le dessus. En août, Sio s’embrouille par exemple avec Christian Gourcuff après avoir été écarté du groupe professionnel. Et balance sur son club dans la presse. En septembre, il broie la jambe de Diego Carlos lors son quatrième match avec Montpellier, lui valant une expulsion logique.

Mais pour le reste, un soupçon de sérénité semble avoir gagné le corps du gaucher. Comment l’expliquer ? Peut-être par sa paternité, qu’il encensait il n’y a pas si longtemps : « J’ai énormément évolué sur moi-même, notamment parce que je suis père de famille. Ça, ça m’aide beaucoup. Depuis que j’ai mon garçon, j’ai le sens des responsabilités. Déjà, je dois gérer à la fois le côté sport et le côté famille. Du coup, j’ai un mode de vie bien différent. Je me couche tôt, par exemple… Des petites choses aussi simples, ça apporte de grandes modifications. » Il est sans doute là, le doux secret.

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Par Florian Cadu

Tous propos recueillis par FC.

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