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Last action Herault
Un point, c'est ce qu'il manque à Montpellier pour embrasser l'Hexagoal. Une manière de dire que le plus dur est fait. Sauf que, et la Premier League peut en témoigner, une dernière journée de championnat est tout sauf anodine.
13e budget de Ligue 1 en début de saison. Maillot jaune 37 journées plus tard. Finalement, la Ligue 1 a une logique qui lui est propre. Et c’est tant mieux. Pendant longtemps, « l’épopée montpelliéraine » a fait sourire. On se disait que la bande à René Girard allait finir par craquer. Puis janvier est arrivé. Février a pointé son nez. Mars a rappliqué. Avril s’est invité et, enfin, mai a confirmé l’impensable : Montpellier n’est pas le tube d’une seule saison. Cette équipe est capable de tout. Et même de durer, de perdurer, défiant toute logique sportive. La faute à un collectif, au sens premier du terme. Sans véritable star – si ce n’est Loulou Nicollin – mais avec un schéma de jeu cohérent, le MHSC se retrouve en tête avec trois bonnes minutes d’avance sous la flamme rouge. Et dans cette dernière ligne droite, les Héraultais ont la chance de jouer une étape de « transition ». En effet, les ouailles de René Girard se déplacent à Auxerre, déjà relégué. Le premier contre le vingtième. Hasard ou pas, Montpellier ira probablement chercher son premier titre de champion de France sur la pelouse de l’Abbé-Deschamps. Là où Paris l’a sans doute perdu (1-1, égalisation de l’AJA dans les derniers instants). Un joli pied de nez.
Même sans Bedimo et Belhanda (suspendus), les Pailladins sont capables de valider une treizième victoire sur la plus petite des marges. Sans trop forcer. D’ailleurs, ils ont déjà parfaitement su gérer des situations beaucoup plus complexes qu’un simple match chez la lanterne rouge. Mieux, un nul leur suffit. Autant dire que personne ne voit comment cette équipe pourrait se prendre les pieds dans le tapis du rush final. Chuter à la 38e journée n’aurait aucun sens. Mais le football en-a-t-il ? Pas vraiment. Et ça, les Montpelliérains la savent. Dans les colonnes du Nouvel Observateur, Olivier Giroud l’a affirmé. Son escouade ne lâchera rien, alors que la plèbe estime que tout est déjà bouclé : « Ce serait une grave erreur professionnelle de croire que c’est arrivé. On a peur de passer à côté de quelque chose de grand. Ce serait prendre un risque de se dire que, même en cas de défaite, on peut être champion. On veut prendre au minimum ce point. C’est le dernier match, ce serait dommage de prendre cela à la légère. » Mine de rien, l’actuel maillot jaune sait qu’un seul coureur a réussi à suivre son rythme.
Paris veut y croire
Du côté de la capitale, on tente de garder la tête haute malgré tout. Mais, en interne, le but d’Aït-Fana claqué à la 94e minute contre Lille, la semaine dernière, a douché les ambitions parisiennes. Avec trois points de retard, le titre est loin. Quasiment inaccessible. Il faudrait un concours de circonstances assez improbable pour voir les Franciliens coiffer les Montpelliérains sur le poteau (une victoire à Lorient et une défaite de Montpellier). En sont-ils capables ? Difficile à dire. Cette équipe est insondable. D’autant qu’elle devra faire sans son meilleur joueur, Jérémy Ménez, suspendu. Le trappeur sera remplacé par Kevin Gameiro (qui connaît parfaitement le synthétique de Lorient pour y avoir enfiler les perles pendant trois ans). Mais l’attaquant français, qui vient de dire adieu à l’Euro, a-t-il suffisamment de mental pour exister dans un match comme ça ? Pas certain. C’est bien beau tout ça, mais ce PSG-là peut-il s’imposer à Lorient qui joue encore sa survie ? On en doute. D’une, parce que le PSG d’Ancelotti a toute les peines du monde hors du Parc des Princes. De deux, parce que Lorient est l’une des bêtes noires du club qatari. Ça fait beaucoup d’obstacles.
Une chose est certaine, la probable seconde place du Paris-SG fera naître une flopée de critiques. Pourtant, le club parisien réalise une bonne saison pour une entité qui a tout bouleversé. Du président au staff, en passant par le directeur sportif et l’entraîneur. Sur le XI type de Carlo Ancelotti, huit joueurs n’étaient pas au club en mai dernier. C’est sans doute sur ce terrain que les Parisiens ont perdu le titre. Là où Montpellier façonne son collectif depuis plus de deux ans, Paris, lui, a tout changé. Même si rien n’est joué officiellement, on se dit que les Franciliens ont laissé passer leur chance pour cette année. Ils retrouveront la Ligue des Champions (un moindre mal), l’objectif initialement annoncé. Ce contrat rempli servira sans aucun doute de cache-misère quand viendra le temps du bilan. Surtout, au sein du groupe parisien, on se dit que Montpellier aura du mal à maintenir ce niveau de performance sur le moyen terme. Mais pour l’heure, les Héraultais feront un vrai beau champion de France. Et Paris un séduisant dauphin. Finalement, tout le monde est content, non ?
Pronostic : Montpellier 97%, Paris-SG 3%.
Par Mathieu Faure