- C1
- Quarts
- Bayern Munich-Real Madrid (1-2)
La nouvelle démo de Ronaldo
Quoi ? Encore des lignes sur CR7 ? Oui. Parce que vu son énorme prestation contre le Bayern Munich, qu’il a battu quasiment à lui tout seul, et son excellent rendement malgré ses 32 ans, le Portugais le mérite.
Certains diront qu’il n’y a rien d’étonnant. Que ce n’est pas surprenant. Qu’on parle quand même d’un des deux meilleurs joueurs de la planète. Mais ceux-là ont tort. Car personne ne pouvait raisonnablement prévoir que Cristiano Ronaldo continuerait d’avoir une telle influence à 32 balais passés. À titre de comparaison, Philipp Lahm n’en a connu qu’un de plus et il s’apprête à tirer sa révérence en fin de saison. Alors qu’une annonce de fin de carrière concernant le Portugais ferait aujourd’hui l’effet d’une bombe. Pourquoi ? Parce que le Madrilène a actuellement autant la dalle et offre autant de sueur qu’un candidat de Koh Lanta durant l’épreuve des poteaux.
Alors, qu’a fait le Ballon d’or en titre pour mériter autant de louanges ? Il a tout simplement sorti l’un des meilleurs matchs de sa longue carrière en ce mercredi soir. Ni plus ni moins. Ses faits d’armes se trouvent aussi bien dans les statistiques du match que dans son scénario. Ronaldo contre le Bayern Munich, c’est tout d’abord les deux buts de son équipe, qui placent le Real Madrid en ballottage très favorable avant le retour au Santiago-Bernabéu. Une volée du droit tout en maîtrise sur le premier inscrit juste après la pause, une semelle moins esthétique sur le second marqué à un quart d’heure du terme.
Plus fort que le robot
Pourtant, rien ne lui a été offert. Auteur de huit tirs au total (plus gros bilan parmi les 22 joueurs alignés sur la pelouse), Cricri avait notamment vu son concurrent direct stopper d’une main d’extraterrestre sa tentative d’égalisation juste avant la pause. Avant de faire trembler les filets, tout le monde croyait donc que Manuel Neuer, aussi humain qu’Optimus Prime, l’avait définitivement dégoûté. Tout le monde, sauf lui. Sans jamais rien lâcher, l’ancien Mancunien a toujours cru pouvoir faire craquer un portier robotisé qu’on croyait en état de grâce. Mieux : il s’est nourri de ses échecs pour triompher. Et ce n’est pas un hasard s’il a atteint la barre des cent buts sur la scène européenne (98 en Ligue des champions) contre un adversaire de ce calibre.
C’est aussi lui qui a provoqué les deux cartons jaunes et l’expulsion de Javi Martínez, entraînant encore davantage le déséquilibre défensif munichois. En allant chercher à l’expérience deux fautes en quelques minutes, il a clairement fait basculer la balance de la confiance. Sans oublier qu’il n’a pas renié son travail défensif, quand le Bayern tentait de s’entraîner au toro en première période. L’expérience et le poids des années expliquent d’ailleurs certainement pourquoi il reste toujours aussi fort : en traversant les saisons, Ronaldo a appris et a conscience qu’il apprend toujours. Il dribble beaucoup moins (un seul dribble tenté face au Bayern, soit moins que son nombre de duels aériens gagnés) – ce n’est pas nouveau –, mais compense par un positionnement incroyable. Ce qui lui permet, en partie, de rester l’homme-clé de son club. À 32 bougies, donc. Ce constat amène une question interdite que personne n’aurait osé poser auparavant : dans quelques années, de quel Ronaldo se souviendra-t-on en priorité ? Du gros ou de l’affamé ?
Par Florian Cadu