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À vos marques, Peretz, partez
S’il remplaçait Manuel Neuer dans les bois face au PSG, l’Israélien Daniel Peretz pourrait vivre des débuts en grande pompe avec le Bayern, plus d’un an après son arrivée à Munich. One-shot ou premier aperçu du futur gardien du Rekordmeister ? Il est (sans doute) trop tôt pour le dire.
« Je vois comme un privilège le fait de travailler ici comme numéro 2. À travers le travail quotidien avec Manu et cette équipe de classe mondiale, j’ai pu apprendre énormément. Et s’il était clair que beaucoup ne voulaient pas le comprendre, pour moi c’était un énorme pas en avant. » Voilà ce que déclarait Sven Ulreich au début de l’année 2024 pour justifier son statut de remplaçant éternel au Bayern Munich, incapable de déboulonner l’indéboulonnable Manuel Neuer qui, à 38 ans, continue d’enchaîner les performances de haute voltige quand son corps ne le trahit pas, évidemment. Or, la semaine dernière, l’ancien international allemand a dû quitter la séance d’entraînement après seulement 12 minutes en raison d’une légère blessure aux côtes.
Seulement voilà : cela fait deux semaines que Sven Ulreich, lequel n’a jamais failli à remplacer son mentor au pied levé, a quitté le groupe bavarois « pour raisons personnelles et pour une durée indéterminée », selon un communiqué du club. Sacrée aubaine pour le numéro 3 de la hiérarchie, l’Israélien Daniel Peretz, 24 ans et qui, depuis son arrivée sur les bords de l’Isar contre 5 millions d’euros en août 2023, a dû se contenter de 16 petites minutes de jeu en Bundesliga, offertes par Thomas Tuchel face à Wolfsburg. En dehors de ça, comptez un premier tour de Pokal contre Münster et 90 minutes avec la réserve au mois d’octobre dernier. C’est peu pour un homme dont Benyamin Netanyahou a dit – comme le rapporte l’hebdomadaire Der Spiegel – qu’avec son transfert, « Israël vendrait un deuxième système de défense à l’Allemagne » après les missiles Arrow 3, mais c’est en somme le bilan classique d’un numéro 3. Si Neuer était visiblement apte, malgré sa blessure, à disputer la dernière rencontre du Bayern contre Augsbourg (3-0) vendredi dernier, ce match contre le PSG pourrait donner lieu à un coup de poker inattendu.
Concours de circonstances
Cela tombe bien, Daniel Peretz est prêt : « Il sort de deux très bons matchs », souriait son entraîneur Vincent Kompany en conférence de presse. Il faut croire que s’entraîner au quotidien avec Manuel Neuer donne effectivement des ailes en sélection, puisque, face à la France (0-0), l’homme du match a réalisé une performance XXL (54 ballons touchés, 10 duels remportés, 8 sauvetages dont 6 dans sa surface, on continue ?), répétée « malheureusement contre la Belgique » – dixit Kompany – trois jours plus tard (victoire 1-0 de la Nivheret Hatchelet). Après des blessures à répétition qui lui ont fait notamment rater les Jeux olympiques de Paris, l’ancien gardien du Maccabi Tel-Aviv a le vent en poupe, et pas seulement parce qu’il a récemment épousé la chanteuse Noa Kirel, superstar de la pop israélienne qui a terminé troisième de l’édition 2023 de l’Eurovision à Liverpool. Tellement qu’en Allemagne, on s’étonne qu’il n’ait pas été titularisé à la place de Neuer contre Augsbourg. En effet, après le défi parisien, le Rekordmeister aura deux autres gros morceaux à se farcir : le Borussia Dortmund, puis le Bayer Leverkusen. Dit autrement, il aurait peut-être été intéressant d’opérer lors de ce derby bavarois une rotation lors d’un match « facile » pour s’assurer la présence d’un gars sûr et en pleine possession de ses moyens ensuite.
Mais peut-être la surprise viendra-t-elle justement là où on ne l’attend pas : reléguer temporairement Manuel Neuer sur le banc afin de le relancer derrière en Bundesliga. Ce serait une première depuis que l’intéressé est gardien titulaire. Peut-être aussi un signe du fait que Vincent Kompany voit plus loin que 2025, année où prendra fin le contrat de Manu et – accessoirement – de son porteur d’eau Sven Ulreich. Celui de Daniel Peretz court quant à lui jusqu’en 2028 et, si les rumeurs d’un prêt pour s’aguerrir allaient bon train l’été dernier (l’Union Berlin, Anderlecht et Copenhague étaient notamment cités comme potentiels points de chute), on aurait du mal à comprendre la stratégie si celui-ci venait se confirmer la saison prochaine. Car, contrairement aux apparences, même un cyborg n’est pas éternel.
Par Julien Duez