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Saivet, touche pas à mon poste

Henri Saivet a donc mis le cap sur Newcastle, après une moitié de vie passée à Bordeaux. Treize années lors desquelles il ne sera pas parvenu à marquer l'histoire du club girondin comme il était prévu qu'il le fasse. La faute à des blessures, mais aussi à une difficulté à trouver son poste.
Henri Saivet est aux anges. Après un peu plus de treize années passées aux Girondins de Bordeaux, dont neuf en tant que professionnel, entrecoupées d’un prêt de six mois à Angers, il a rejoint Newcastle. Dans le Nord de l’Angleterre, il vivra, si tout se passe bien, le rêve de tout pensionnaire de Ligue 1 : évoluer dans le Disneyland du football. Un monde merveilleux, dans lequel défendre n’est qu’un vague concept, où des stades toujours pleins vous applaudissent même si vous êtes nul, du moment où vous avez mouillé le jersey. Le tout pour un salaire qui vous permettra de « mettre votre famille à l’abri » , bien loin de la Ligue 1 et de ses schémas de jeu fermés, mis en place dans des stades à moitié vides. Une forme d’accomplissement, que l’international sénégalais a atteint grâce à des performances de haut niveau ces derniers mois où, replacé au poste de relayeur par Willy Sagnol, il semble enfin avoir trouvé son poste. À 25 ans.
Football manager et pieds cassés
De ces neuf saisons en tant que professionnel passées en Gironde, les supporters bordelais sont un peu embarrassés, lorsqu’il s’agit d’évoquer les souvenirs qu’ils gardent d’Henri Saivet avec le maillot au scapulaire. La plupart évoquent son potentiel dingue à Football Manager, ou son fameux « c’est intéressant d’avoir plusieurs arcs à son flèche » lâché au micro de beIN Sports. Côté terrain, les souvenirs se font plus rares. Les plus précis se souviennent de ce but en finale de Coupe de France, face à l’ETG en 2013. D’autres de ce coup franc dans la surface inscrit à Anfield, en novembre dernier. Mais tous sont d’accord sur un point : Henri Saivet aura traversé la première partie de sa carrière sans jamais confirmer les espoirs placés en lui.
Annoncé comme l’avenir du football français, celui qui signe son premier contrat professionnel à seize ans, tant il est déjà scruté par toutes les grosses écuries européennes, n’aura finalement été jusqu’ici qu’un bon petit joueur de Ligue 1. La faute à des blessures, d’abord. Deux fractures au pied, le gauche, puis le droit, en 2008 et 2009, le mettent sur la touche pendant de longs mois, freinent sa progression, et le forcent à changer son jeu. Au haut niveau, Henri ne sera pas cette pointe supersonique qui fit un malheur dans toutes les catégories de jeunes. Le poste d’avant-centre sera même celui où il sera le moins à l’aise. Baladé sur les ailes, dans l’axe de l’attaque ou en soutien d’une pointe, Saivet devient un titulaire indiscutable lors de la seconde saison de Francis Gillot sur le banc bordelais, en 2013-2014. Moulé dans un collectif homogène, il fait le boulot sans parvenir à surnager. Ailier peu rapide, attaquant rarement décisif, hormis sur coup de pied arrêté ou grâce à son excellent jeu de tête, il doit attendre ce début de saison, et la décision de Willy Sagnol de le faire reculer, pour enfin donner sa pleine mesure. En position de relayeur, voire de pointe basse dans le milieu à trois bordelais, Henri Saivet s’éclate. Sa vista fait merveille, ses ouvertures éclairent le jeu, son travail de récupération est précieux. C’est de cette période que les supporters bordelais se souviendront. Les six derniers mois d’un parcours de neuf années.
Gouffran et Obertan dans un train fantôme
Ses adieux au peuple bordelais qui l’a vu grandir, Henri Saivet les a faits sur Instagram, entre deux hashtags, comme un jeune homme de son époque. « Merci aux Girondins pour ces 13 belles années où je suis passé par la préformation puis le centre de formation avant d’arriver dans le monde professionnel. Merci aux supporters pour leur soutien dans les bons comme dans les mauvais moments. Encore merci aux Girondins d’avoir rendu ce rêve de jouer en premiere league possible. Sans oublier l’ensemble du club, les dirigeants, entraîneurs et joueurs qui sans eux je n’aurai jamais pu réaliser ce rêve. Encore merci pour tout. Je ne vous oublierai et vous suis de prêt (sic). » Sur les bords du Tyne, le nouveau numéro 23 des Magpies retrouve deux anciens coéquipiers bordelais, Gabriel Obertan et Yoan Gouffran, pour qui le Disneyland du foot s’est transformé en train fantôme de fête foraine de province. Henri Saivet s’est engagé au Newcastle FC pour cinq années et demie. En espérant qu’il n’attende pas les six derniers mois pour donner la pleine mesure de son talent.
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Par Mathias Edwards