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Cherki : son œuvre a sonné
À nouveau buteur et sauveur de l’OL contre Manchester United, Rayan Cherki n’en finit plus de se montrer décisif sans renier son football cette saison. À l’aube d’une fin de campagne plus qu’excitante pour les Lyonnais, il est définitivement temps de prendre un moment pour apprécier le numéro 18 des Gones.

Buteur dans les derniers instants du quart de finale aller de Ligue Europa entre Lyon et Manchester United, Rayan Cherki a une nouvelle fois démontré qu’il était bel et bien en train de faire basculer sa carrière dans une autre dimension cette saison. Déjà brillamment sorti du loft lyonnais en septembre, après avoir provoqué les excuses mi-décembre, il force désormais tout le monde à le constater : il est l’un des meilleurs joueurs du continent cette saison. Que ce soit avec Lyon, comme avec le maillot bleuet, lui qui attend toujours d’être appelé par le double D, le natif du 3e arrondissement de la ville des Lumières a trouvé le footballeur qu’il voulait être, pour notre plus grand bonheur.
Un air de Matisse
Qu’il était bien, debout, les bras en croix, sur un panneau publicitaire du Groupama Stadium, faisant face à une tribune qui n’avait d’yeux que pour lui et sa réactivité pour aller au-devant d’Andre Onana. Jeudi soir, il a porté à 5 buts et 10 passes décisives son total sous Paulo Fonseca. Avec un coach aussi haut en couleur (et haut en tribune), le mélange est épatant et Cherki reprend vie après un vrai creux à l’hiver. Dans son sillage, et celui d’un Georges Mikautadze sous son meilleur jour, Lyon tout entier peut se prendre à rêver d’une fin de saison pleine de promesses. Si loin à l’automne, la deuxième place du championnat n’est plus qu’à quatre petits points et l’ambition de remporter la Ligue Europa est toujours vivace après le nul de jeudi soir. Mais tout ça ne doit pas faire oublier le fait que le plaisir que procure Cherki va au-delà des résultats bruts : il est là question de sensibilité artistique.
Mdr il est trop fort c’est nimp’ @rayan_cherki pic.twitter.com/Q2LjmLvcYH
— Today It’s Football (@todayitsfoot) April 6, 2025
Un représentant du fauvisme à Lyon ? Ça ne s’invente pas, et Mathis Rayan Cherki en est un fier étendard. À l’image du peintre Matisse, qui s’est attaché à utiliser la couleur dans ses œuvres, en opposition au dessin, le Lyonnais de 21 printemps prend goût à mettre de la couleur dans son football, loin des carcans tactiques rigoristes. Il suffisait de le voir lors d’un échauffement maradonesque pour se rendre une nouvelle fois compte du plaisir qu’il peut procurer ballon au pied. Des grands coups de pinceau sur une toile aseptisée qui doivent lui donner une place particulière dans le cœur des suiveurs du rectangle vert. En avril 2024, il déclarait à So Foot qu’il travaillait pour ne pas juste devenir un joueur de highlights, il est plus qu’en train de gagner son pari, sans pour autant se renier. Cherki continue d’enchaîner les gestes délicieux, mais y a trouvé une certaine efficacité et sait désormais s’en servir pour se montrer décisif. Le peintre qui finit par vendre une toile, puis deux, puis trois et qui casse le marché deux ans plus tard en quelque sorte.
Artiste engagé
Le propre d’un artiste n’est pas seulement de créer et produire des œuvres. Non, les artistes, les vrais, prennent position, portent un message, ne font pas dans la langue de bois. Autant d’éléments que Cherki prend de plus en plus de plaisir à s’approprier. À l’aise devant les micros, il s’amuse de taquineries envers les journalistes et surtout, n’hésite pas à faire passer des messages si l’envie lui prend. Encore jeudi, il n’a pas balbutié pour dézinguer des Red Devils qui n’effrayent plus grand monde à la sortie du terrain, puis en zone mixte. « Quand on voit qu’ils viennent avec deux milieux défensifs, c’est qu’ils nous craignent particulièrement, a-t-il ainsi lâché, sans sourciller, avant de poursuivre, presque donneur de leçon. J’espère que là-bas, ils ne vont pas faire la même chose, parce que nous, on va y aller pour jouer offensivement et pour prouver qu’on a un très bon football et avoir une seule idée en tête : la victoire ». Il en faut du cran, pour balancer à 21 balais que United ou pas, insert < Claude Makélélé versus Brésil >. « On n’a jamais eu peur d’eux et on n’aura jamais peur d’eux ». Des propos qui claquent et qui montrent surtout la confiance du gamin, pas vraiment là pour s’embêter avec les formalités.
Rayan Cherki en héros de la dernière seconde pour l’Olympique Lyonnais ! #OLMUFC| #UEL pic.twitter.com/UrmZOLoK57
— CANAL+ Foot (@CanalplusFoot) April 10, 2025
Si besoin était, il en a aussi remis une couche pour câliner les supporters lyonnais, et l’on se demande s’il ne serait pas parti pour un long séjour à Lyon, lui qui a déclaré : « Je suis né à Lyon et je mourrai lyonnais » dans la semaine. Et les fans de foot dans tout ça, rhodaniens ou pas ? Fidélisés eux aussi, par un discours qui pue le beau jeu et le ballon qu’on aime : « Je veux faire rêver les gens et mes coéquipiers. J’aime les actions belles et spectaculaires. Marquer un but est toujours superbe, mais faire une passe que personne n’a vue, que moi seul peux faire, rend le choix entre les deux plus facile. » Début juin, ce sera certainement à notre tour de pleurer la fin d’une saison qui l’aura définitivement fait passer dans la case des joueurs qui comptent et qui nous régalent. Heureusement, il y aura l’Euro Espoirs !
Cherki estime que les Mancuniens craignent les LyonnaisPar Julien Faure