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La jeunesse et Castro, les paris des Canaris
Le FC Nantes lance sa saison sans Antoine Kombouaré, mais avec Luis Castro et un nouveau projet basé autour des jeunes de son centre de formation. Le pari est risqué, mais louable, à condition que la famille Kita fasse preuve de patience.

Sur les bords de l’Erdre, le FC Nantes a changé de cap. Antoine Kombouaré a hissé les voiles direction l’estuaire de la Loire. Pedro Chirivella et Alban Lafont sont partis au bord de la Mer Égée, alors que d’autres cadres du vestiaires comme Nicolas Pallois ont opté pour une croisière en Ligue 2. Sur le chemin inverse, Luis Castro est arrivé depuis la Manche. Un entraîneur avec une philosophie ancrée sur le jeu offensif et l’éclosion de jeunes joueurs. Soit une rupture avec son prédécesseur, davantage déterminé à rester solide défensivement et à s’appuyer sur des joueurs expérimentés. Après deux saisons d’affilée à jouer le maintien jusqu’au bout du bout avec cette tactique morne, les Kita ont (encore une fois) décidé de changer de stratégie.
Si les jeunes comprennent ce qu’on veut mettre en place, ça va fonctionner.
Fragilisés par la conjecture économique actuelle, les propriétaires du FCN ont fait ce que d’autres ont pu faire avant eux : jouer la carte jeune, avec toujours l’objectif de conserver sa place dans l’élite, où les Canaris évoluent depuis douze ans maintenant. Un petit miracle au vu de l’instabilité chronique du club. Avec un budget passé de 80 à 50 millions d’euros, Nantes devrait donc beaucoup plus s’appuyer sur les joueurs de son centre de formation. Un risque, forcément, au niveau sportif ; mais peut-être aussi une façon de valoriser un effectif et de réaliser de grosses ventes, à l’instar de Nathan Zézé, parti à Neom cet été contre une vingtaine de millions d’euros, après seulement deux saisons dans le groupe professionnel.
La jeunesse à l’abordage
Comme Louis Leroux (19 ans), Dehmaine Tabibou (20 ans) et Herba Guirassy (18 ans), le défenseur central appartient à la génération talentueuse qui avait brillé pendant la Youth League 2023-2024. Qualifiés d’intransférables par Franck Kita au début du mercato, ces trois joueurs se retrouvent donc au cœur du nouveau projet. Deux autres gamins défenseurs centraux, Tylel Tati (17 ans) et Sekou Doucouré (20 ans), ainsi que le meilleur joueur de National 1 la saison dernière à Aubagne, Yassine Benhattab, désormais sous contrat avec les Canaris jusqu’en 2028, seront aussi de la partie. Dès son premier jour à la Jonelière, l’ancien entraîneur de Dunkerque avait d’ailleurs eu des petits mots pour cette bande : « Les jeunes qui sont avec nous sont des joueurs de qualité. S’ils comprennent ce qu’on veut mettre en place, ça va fonctionner.»
Yassine prolonge avec les Jaune et Vert 👊 #OnEstNantes pic.twitter.com/HhZSyjRMCx
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Sur ces six jeunes joueurs, au moins trois devraient être titularisés face au PSG ce dimanche soir, à la Beaujoire. L’un d’eux, Leroux avait déjà commencé son éclosion dans l’entrejeu nantais avec Kombouaré la saison dernière. Désormais sous les ordres de Castro, il doit apprendre à évoluer dans un système aux antipodes de ce qu’il a connu avec AK. À l’aube de cette saison, l’international U20 repart presque de zéro. Avec très peu de matchs de Ligue 1 au compteur, ses coéquipiers foncent aussi dans l’inconnu. Après un mois et demi de préparation, marqué par des matchs amicaux en dents de scie, ces jeunes Canaris ne semblent pas encore offrir toutes les certitudes pour performer sur 34 matchs de Ligue 1. Ce qui rend les choses à la fois excitantes (assister à la progression de jeunes du FCN) et inquiétantes (envoyer au feu ces poulains trop tôt).
On voulait un homme d’expérience, qui connaît la France, avec le projet des jeunes dans son idée de jeu.
Surtout que les joueurs expérimentés pour les accompagner se comptent sur les doigts d’une main. Dans le onze nantais, seul Anthony Lopes, Kelvin Amian et Mostafa Mohamed évoluent dans le championnat depuis plusieurs saisons (en attendant de savoir ce que fera Matthis Abline). En dépit de leur bonne volonté pour faciliter l’adaptation des jeunes sur le terrain, ces trois cadres du vestiaire risquent d’avoir un impact limité. Tout d’abord parce que Lopes est un gardien, un poste où il est parfois difficile de communiquer (d’ailleurs, Castro n’a pas souhaité lui donner le brassard pour cette raison). De son côté, le latéral moyen par excellence Amian doit gagner en légitimité. Enfin, Mohamed ne parle pas couramment français. Dans ce drôle de contexte, un seul guide : Castro.
Rester fidèle à Castro
Sur le papier, le technicien a le profil idéal pour mener à bien son entreprise. Avec des principes de jeu bien identifiés, Castro peut facilement emmener dans son sillage une bande de jeunes, prête à l’écouter et à suivre ses préceptes. Son passif parle d’ailleurs pour lui. En Ligue 2 à Dunkerque, le Portugais a amené une jeune équipe censée jouer la maintien en haut du classement. Ce pedigree a instinctivement séduit la famille Kita au moment de son choix. « On a suivi les performances de Luis depuis deux ans, indiquait le fils Franck lors de sa présentation. Les caractéristiques qu’on recherchait étaient simples : on voulait un homme d’expérience, qui connaît la France, avec le projet des jeunes dans son idée de jeu. »
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Pour que cette collaboration devienne un succès, Castro a besoin de temps. Peut-être encore plus que ses prédécesseurs, tant le chantier au cœur de la Jonelière semble immense. Installer des principes de jeu et amener des jeunes vers le succès demande de la patience. À l’accoutumée, les Kita n’en ont pas vraiment (demandez à Pierre Aristouy), surtout si Nantes végète à proximité de la zone de relégation après une dizaine de journées. Une raison de plus de s’inquiéter, le calendrier nantais pour lancer cette nouvelle saison, avec la réception du PSG en ouverture, un déplacement à Strasbourg, puis trois rencontres face à Auxerre, Nice et Rennes. Aujourd’hui, il n’y aucune raison de penser que la méthode Kita ne s’appliquera pas à ce nouveau coach et à ce projet risqué, mais louable. À moins que la FC Nantes ne décide d’enfin vivre une saison dans la tranquillité et la patience.
La sortie de très mauvais goût de Waldemar Kita en marge de Nantes-PSGPar Mathis Blineau-Choëmet