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Fanny Ruwet : « Dans ma chambre, j’avais des posters de Lorie et d’Anderlecht »

Propos recueillis par Brice Bossavie
8 minutes
©Céline Nieszawer/Leextra/L’Iconoclaste
©Céline Nieszawer/Leextra/L’Iconoclaste

Entre la scène, la radio, un podcast et la sortie de son roman, Fanny Ruwet trouve aussi le temps de suivre les résultats de l’Union saint-gilloise, des féminines de Manchester United et des Diables rouges. De quoi discuter avec l'humoriste belge d'un univers qui pourrait bien lui donner quelques idées de vannes.

Tu as déjà parlé par le passé de ton amour pour Anderlecht. D’où te vient cette passion ?

Ça vient de mon père qui aimait beaucoup le foot. On ne s’est pas trop vus jusqu’à ce que j’aie huit ans, puis je suis allée chez lui tous les week-ends. Tout le monde aimait le foot là-bas, je suis arrivée, et la première fois on m’a dit : « T’aimes le foot ? » Et j’ai dit : « Oui, oui. Bien sûr évidemment ! » (Rires.) On a commencé à aller aux matchs, on avait un abonnement à Anderlecht, on suivait beaucoup l’actu. Ce qui fait que dans ma chambre, j’avais des posters de Lorie et d’Anderlecht.

Tu gardes des bons souvenirs des matchs au stade Constant Vanden Stock ? (Aujourd’hui Lotto Park, NDLR.)

Oui c’était cool, on était juste derrière le goal, donc il y avait une ambiance assez sympa. Et puis j’ai vécu des moments assez particuliers, je ne sais plus quelle année c’était, mais je les ai vus devenir champions, ils avaient ramené la coupe au stade. J’ai aussi vu le dernier match de Pär Zetterberg, qui est un joueur vraiment important pour le club, il est resté 1000 ans là-bas, a intégré la direction ensuite (305 matchs répartis en 1989 et 2006, NDLR). On avait tous des panneaux avec écrit « merci » en suédois. C’était très beau comme moment. J’ai ensuite un peu lâché le foot pendant mon adolescence, avant de rencontrer une fille qui avait un abonnement à l’Union saint-gilloise. J’ai commencé à aller au stade avec elle, et tu te prends vite au jeu. Donc maintenant, je suis ce que fait l’Union.

C’est l’ambiance un peu “familiale” qui te plaît à l’Union ?

Oui complètement. Le club a un stade de 9000 places et ils sont en Ligue Europa. Les matchs ne peuvent pas se jouer là-bas parce qu’il n’est pas aux normes. Donc ils sont obligés d’aller jouer chez Anderlecht pour avoir un stade de 25 000 places ! C’est un tout petit club, mais qui a une histoire de fou. Ils sont venus de D2, ils ont presque gagné le championnat de D1 l’année dernière… C’est une équipe très familiale, au stade tout le monde est gentil, c’est trop mignon. Je suis en tournée en ce moment, donc j’ai moins pu aller au stade, mais j’ai mon abonnement. Et dès que je peux, je regarde les matchs. Il y a des joueurs que je trouve individuellement incroyables, comme Victor Boniface cette saison. Et puis ils appartiennent à Brighton, qui leur prête souvent des joueurs super intéressants. C’est un club avec des trajectoires personnelles qui sont assez cool.

À la fin de ton nouveau livre, tu fais une référence aux Red Flames, l’équipe féminine de Belgique. Pourquoi ? Parce que j’avais envie de mettre un peu de Belgique là-dedans ! Je me suis vraiment mise à regarder le foot féminin durant l’Euro l’été dernier et j’ai eu un coup de cœur pour l’équipe anglaise. J’ai alors cherché où elles jouaient et la majorité sont à Manchester United, donc je regarde pas mal leurs matchs depuis quelques mois. Pareil pour l’Olympique lyonnais. D’ailleurs, j’ai fait une date dimanche là-bas juste pour aller voir l’OL le samedi. J’avais l’impression d’être à Disneyland ! (Rires.)

Comment ça s’est organisé d’ailleurs ?

C’est ma production, Olympia, qui a organisé ça pour me faire un cadeau de fin de tournée. Ils m’ont fait un petit rébus pour me faire comprendre que j’allais voir un match de l’OL, puis rencontrer les filles après le match. J’ai été prise en charge par le coordinateur de l’OL qui m’a fait tout visiter. On a même pu aller dans le vestiaire après le match, avec les filles qui faisaient leur cri de victoire et le résident et Sonia Bompastor qui ont fait un speech pour motiver les joueuses, en mode « Prochain match, Chelsea ! » Ça me donnait vraiment l’impression que j’allais jouer contre Chelsea, donc j’étais là : « Ouais ! C’est notre moment ! Il faut pas baisser les bras ! » J’étais avec ma copine et on se disait : « Wahou on est dans la télé ! » Ils m’ont aussi offert un maillot floqué Ruwet, donc j’ai fait ma petite photo comme si j’étais transférée à l’OL. Dans mon cœur, je le suis en tout cas.

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Dans ton livre, ton personnage stalke sur les réseaux sociaux une fille. Lorsqu’elle regarde son profil Instagram, elle apprend alors qu’elle visite des stades de foot, va voir des matchs de basket… Ton personnage, qui est bisexuel, se demande alors si elle aime aussi les filles comme elle. C’est un cliché en 2023 ?

Je n’ai pas mis ça uniquement par rapport au sport, il y a d’autres choses. Mais pour répondre à ta question, je dirais que ça dépend. Vu que maintenant le foot féminin se démocratise de plus en plus, il y a vraiment toute sorte de meufs. Et le fait de voir énormément de profils différents fait que je pense qu’on va moins avoir tendance à associer « meuf qui aime le foot = lesbienne ». Après, c’est vrai que je me suis pris une remarque du genre il n’y a pas longtemps. Je rencontre une fille que je ne connais pas, on discute de ce qu’on fait dans la vie, et j’avais une bière en main tout en lui disant que j’aime bien le foot. Et elle m’a dit un truc du style : « Tu aimes bien le foot, tu bois de la bière, tu es un vrai petit mec ! » Et j’étais là : « Mais va bien niquer ta grosse daronne notamment. » (Rires.) Je me suis rendu compte que ce genre de pensées existait encore. Parce que dans ma bulle de gens un peu citadins, privilégiés, ça n’existe plus. Mais je suppose que c’est un peu plus compliqué dans les endroits où le foot est un peu moins démocratisé.

Il y aura toujours un peu de regret de ne pas avoir essayé, mais en vrai je ne suis pas bonne au foot, c’est juste que j’adore ça.

Ruwet dans les brancards

Le foot, ce n’est pas un milieu qui peut t’inspirer des vannes ?

J’ai commencé à écrire des trucs sur le sport et sur le foot féminin justement ! Sur le fait que c’est la première fois que je suis autant confrontée au fait que mes idoles sont plus jeunes que moi, et au fait que c’est la première fois où je dois me dire : « Ok, cette carrière c’est trop tard pour moi. » Alors que j’ai même pas 30 ans ! Il y aura toujours un peu de regret de ne pas avoir essayé, mais en vrai je ne suis pas bonne au foot, c’est juste que j’adore ça. Et de toute façon, je n’aurais peut-être pas pu parce que je voulais en faire quand j’étais gosse, mais il n’y avait pas d’équipe féminine, parce que ce n’était pas pour les filles. Donc je n’ai pas été poussée à aller là-dedans. Donc là, j’ai commencé à écrire là-dessus. Sur pourquoi j’aime le foot, alors que c’est un peu la quintessence de plein de trucs que je déteste…

Comme quoi ?

Si tu prends du recul, c’est énormément d’argent investi juste pour des gars qui shootent dans un ballon. Tu as les questionnements sociaux et écologiques qu’il y a derrière chaque grande compétition. Il y a aussi des supporters qui deviennent zinzins, qui se tapent dessus, qui sont homophobes. Mais cette énergie, elle peut aussi être extrêmement positive. Il y a ce truc vraiment d’intensité de foule, de communion, qui est très belle. Le truc des émotions devant le foot, ça m’ouvre des vannes. Autant je peux ne pas pleurer à un enterrement, autant devant une finale, mais ça part, quoi…

La Belgique vient de faire un très bon premier match avec son nouveau sélectionneur (victoire 3-0 contre la Suède vendredi, NDLR), mais ces derniers temps, c’était beaucoup moins ça. L’échec de la dernière Coupe du monde, c’était une surprise, ou pas du tout ?

Franchement, non. En 2018, on avait vraiment un bon groupe, avec un enthousiasme général. C’était vraiment la génération dorée. Et puis une fois qu’ils ont commencé à partir un par un, c’est devenu plus compliqué. Pour la dernière Coupe du monde, vu que ça commençait déjà à partir en sucette avant la compétition, il y avait moins d’espoirs. Donc on regardait les matchs, mais on sentait que ce n’était pas la même ferveur. Il n’y avait pas du tout le truc de « cette année, c’est notre année ». On les soutenait, mais on savait que ça allait s’arrêter assez vite.

Je crois par contre que tu as été marquée par Belgique-Japon en 2018.

Putain, incroyable ! C’est avec des matchs comme ça que j’aime le football, quand tu te dis : « Mais c’est pas possible, c’est un épisode d’Olive et Tom, c’est pas un match en fait. » J’étais avec mon mec de l’époque, on regardait, ils se font mener 2-0. On se dit : « Bon bah tant pis », donc on était sur nos téléphones en checkant plus qu’à moitié. Puis ils commencent à marquer. On était là à se dire : « Mais qu’est-ce qu’il se passe en fait ? » Eh ouais, c’était magique. Quand Chadli marque et que le commentateur dit :« Je l’ai dit bordel, je l’ai dit ! », c’est devenu culte chez nous. C’est sur des T-shirts. On est des fous en Belgique ! (Rires.)

 

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Dans une de tes chroniques sur France Inter, tu avais inventé des sports. Si tu pouvais changer une règle dans le foot pour rendre ça plus marrant, tu ferais quoi ?

S’il faut que ça soit marrant, j’interdirais qu’on joue avec les pieds ! Tu te démerdes, tu fais ce que tu veux, mais plus les pieds. Tu aurais des gens qui se roulent par terre… Mais ils feraient des fautes comment ? Ce serait marrant, je pense ! Bon, après, il faudrait peut-être un plus petit terrain. Sinon ça serait très long… (Rires.)

Johan Bakayoko, le contre-Doku

Propos recueillis par Brice Bossavie

Photo de couverture : Céline Nieszawer/Leextra/L’Iconoclaste

A écouter : "Les gens qui doutent" sur toutes les plateformes de podcast.
A lire : "Bien sûr que les poissons ont froid", Editions de L'Iconoclaste, sortie le 30 mars 2023

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