Tu sais que tu aimes Mourinho quand…

…la partie de ton costard la plus usée, c’est les genoux. Vivement les soldes chez Celio.

…le samedi après-midi sur synthétique, tu bascules de la pointe au latéral droit. Chaque match est une finale et toi, tu es Samuel Eto’o une fois par semaine.

…sous la douche, tu vas parler à ton pote Francky, le petit 8, qui doute en ce moment : « Pour moi, tu es le meilleur du monde, mais tu dois gagner des titres maintenant. » Et il en a gagné des titres, Lampard, lui.

…tu en veux à la presse : « Les journalistes cherchent toujours les embrouilles, franchement ça me dégoûte. » Mais sur ta fiche d’orientation, tu l’as bien écrit, ton projet professionnel : « journaliste sportif » .

…sur les forums, tu joues simple, mais direct : du muscle, de la sueur, des punchlines et jamais d’excuse. Tu n’es pas un troll, tu es un prophète.

…en deuxième mi-temps, tu préfères « attendre un peu » avant d’entrer et rester sur le banc. La montre en main, le survêt sur les épaules, tu bouges les bras en criant. Et si c’était ça, ton truc ? Gérer les changements.

…d’ailleurs cette semaine, tu ne vas pas au bureau. Tu vas superviser ton prochain adversaire. Avec ton carnet, ton stylo et ton imper, tu as trouvé un sens à ta vie. Dommage que tu n’aies pas trouvé le stade.

…tu as un problème et tu n’es pas le genre de mec qui se défile. Toi, tu dis les choses en face, d’homme à homme. Ce n’est pas une question d’argent. C’est une question d’honneur. Alors, quand enfin tu as réussi à te faire virer tu peux partir en vacances tranquille. Et prendre tes indemnités.

…toi, tu sais que faire des passes pendant des heures, ce n’est pas du foot. Ce qui compte, ce sont les duels et les buts. Ton équipe à FIFA, c’est le Real. Mais quand tu es tout seul, tu joues en 3-4-3 et ton avant-centre s’appelle Leo Messi.

…aux matchs de Champions League, tu ne ramènes jamais ta femme parce « qu’elle n’aime pas le foot » . Aux dîners en ville et aux vernissages non plus, elle ne vient jamais : « Elle n’aime pas sortir » . Personne ne l’a jamais vue, ta femme. Toi non plus, d’ailleurs.

…ton mois préféré, c’est mai, celui des titres. Alors, quand approche un Clásico en automne, tu prépares le terrain : « Ce qui compte, c’est le mois le mai. » Une grosse humiliation 5-0 ? « C’est la défaite la moins douloureuse de ma carrière. » Bien sûr.

…la seule récompense qui t’émeuve vraiment, ce n’est pas la Champions. Tout le monde peut le faire. Recevoir la médaille de Doctor Honoris Causa de la faculté de motricité de Lisbonne, en voilà une bonne raison d’être ému.

…toi, tu montres la Lune, mais les imbéciles regardent ton doigt tomber dans un œil. Ton chef-d’œuvre n’est pas encore achevé. Cette année, tu gagnes la Decima et tu rentres au pays. En Angleterre.

…avec peu de technique et beaucoup d’envie, tu peux faire d’un petit gros le meilleur milieu de terrain du monde pendant au moins une saison. Maniche, c’est ta chose.

…autour de toi, c’est le silence. Pas d’interview, pas de conférence de presse, pas de contact avec les journalistes. Le seul qui parle au monde, c’est toi. Tu es le centre des regards et de toutes les attentions. Personne pour te voler la vedette. Tu es Dieu, en mieux.

…tandis que certains perdent leurs cheveux à force de succès, toi, tu les coupes tellement tu en as. Gagner te rend beau, pas chauve.

…acteur, chanteur, écrivain, philosophe, comique, chef d’entreprise, mannequin, manager ou entraîneur. Dans la vie, tu peux tout faire. Tout, sauf joueur.

…tu ne supportes pas d’avoir à côté un type plus grand et plus classe que toi. Le Special One est aussi the Only One. Tant pis pour Valdano.

…tu dis que tous tes anciens joueurs parlent de toi comme d’un père ou d’un héros. Mais en en douze ans, il y en a eu près de 200. Et il y en a encore beaucoup qui n’ont rien dit.

…pour te marrer, tu fais un foot avec les journalistes en évitant à tout prix d’être pris en photo balle au pied. Du coup, ton poste, c’est gardien. Comme ton père et ton fils.

…tu ne respectes pas les mecs qui te respectent. Un soldat obéit, mais un grand homme se rebelle. Manolo Preciado n’a jamais gagné de Champions. Mais le jour où il t’a répondu, il gagné le seul titre qui, pour toi, importe. Ton respect.