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Qui es-tu, l’équipe à la mode ?

Swann Borsellino
4 minutes
Qui es-tu, l’équipe à la mode ?

Ces derniers temps, on porte le Borussia Dortmund dans son cœur comme Kate Moss porte le dernier sac Chloé : pour faire genre, par amour de la mode. Nouvelle « it-team » européenne, le BVB n'est pas la première équipe que l'on supporte sans vraiment avoir de raison. Ni la dernière. Mais c'est quoi, exactement, une équipe à la mode ?

« Popopo, t’as vu Marco Reus ? Il est trop fort, hein ? Ballon d’Or en puissance. Et Matt Hummels, t’as vu ce niveau ? Cannavaro avec des cheveux, mon pote » . Certaines personnes manquent cruellement de personnalité et à vrai dire, il n’y a aucune raison que cela ne touche pas un seul de vos potes. Oui, celui-là, celui qui vous tanne avec les joueurs de Borussia Dortmund depuis le début de la saison, alors qu’il ne connaît ni Mathias Sammer, ni Karl-Heinz Riedle et qui supportait la Juve le 28 mai 1997 parce que Bobo Vieri, parce que Alen Boksic, parce que Marcello Lippi. Mais comment le blâmer ? Parce que tant qu’il y aura des humains, il y aura des girouettes et que tant qu’il y aura des girouettes, il y aura des équipes à la mode, beaucoup de personnes se sont découvertes, à l’occasion de la saison 2012-2013, une passion pour le Borussia Dortmund. Et tant pis s’ils n’ont vu qu’un bout match de leur nouveau club préféré dans la saison.

Démonstration d’une fois, amour « éternel »

Parce que même les cœurs d’artichaut ont une raison de tomber amoureux, une équipe à la mode sort toujours le grand jeu le premier soir. 24 octobre 2012, Götze, Lewandowski, Reus et les autres, brillants devant le mur jaune – ah, ça mur jaune, le truc le plus fou d’Europe, non ? – dominent le Real Madrid en sortant un match de haut niveau et prennent la première place du classement des équipes à la mode devant le Shakhtar Donetsk, l’autre star du hit parade. Dès lors, le Borussia Dortmund devient partie intégrante de la panoplie bonnet Carhartt – pantalon retroussé – barbe naissante, des gens qui vont dans le sens du vent. Et le plus malheureux dans tout ça, c’est qu’il existe des vrais supporters de ces équipes à la mode, ceux qui osaient porter les couleurs de ces clubs quitte à passer pour des pestiférés. Alors aujourd’hui, ils se sentent un peu comme ces types fidèles, client récurrents d’un excellent restaurant un peu caché, qui deviennent des idiots parmi tant d’autres au moment de faire la queue, après que leur QG gastronomique a été découvert par tous. Comme ce petit coin de paradis pour le palais, la réputation de Dortmund est méritée. Le jeu est léché, les joueurs sont des joueurs frisson et l’équipe pourrait bien créer la surprise. Une équipe brillante qui rejoint le ciel étoilé de l’Europe comme l’a fait le Porto d’une époque, la Roma de Montella, le Deportivo de Diego Tristan, le Valence de Kily Gonzalez ou encore le magnifique Leeds « Strongbow » de Harte, Kewell et Viduka. Au fond, il y a une recette de l’équipe à la mode : un maillot, des gueules, des résultats et un côté un peu « indé » , pour se différencier des grosses écuries historiques du football.

Vague de victoires, bande de surfeurs

Car il y a aussi les suiveurs. Les moutons. Et là, à chaque génération son club et ses malheurs. En France, les enfants nés après 1998 sont en grande majorité pour Lyon et ça, ce n’est pas par passion pour le Whisky-Coca où par amour pour Paul Bocuse. C’est grâce à Juninho, à Coupet et surtout, grâce aux victoires. « On est sept fois champions de France » . Ta gueule. Et ces types sont les mêmes qui commencent à être pour Paris ou qui se sont sentis marseillais au début des années 90 ou sénégalais en 2002. Des requins. Mais comme la mode est la mode et que la mode est éphémère, les joueurs qui font de ces équipes des équipes qui marchent désertent et partent renforcer les vraies grosses équipes, celles qui ne font pas la mode mais qui font le football. Alors on peut toujours s’amouracher des « autres Barça » , qui pullulent ça et là, en Ligue 1 et ailleurs, baver sur Gaël Danic, ne jurer que par Jérémy Aliadière et Julien Féret. Et avoir raison. Car après tout, c’est aussi ça, la mode. On fait ce qu’on veut. Quitte à changer d’avis jusqu’à trouver ce qu’on aime vraiment. On serait les vrais supporters du Bayern Munich, on se méfierait. Un nouveau courant est en train de naître.

Dans cet article :
Pardon d’avoir douté, Rayan Cherki
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Swann Borsellino

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