- France – Ligue 1 – 9e Journée – Rennes/Montpellier
On a retrouvé Erding
Secoué par l’écart de conduite de ses Bleuets Yann M’Vila et Chris Mavinga, qui ont d’ailleurs été écarté du groupe pro jusqu’à nouvel ordre, le Stade Rennais n’aborde pas la rencontre face au champion de France montpelliérain dans des conditions idéales. Au sein d’un groupe restreint par de nombreuses absences, un homme en forme se détache néanmoins : Mevlüt Erding, en bonne voie pour revenir enfin à son meilleur niveau.
« J’avoue avoir parfois douté. » Mevlüt Erding passe aux aveux. Et il choisit le soir de son premier doublé avec Rennes (à Nancy en Coupe de la Ligue le 25 septembre dernier). Les supporters bretons ont douté eux aussi. Erding est-il le crack récupéré au mercato de janvier ? Ou juste un attaquant déjà grillé avec sa carrière derrière lui ? Le doute était permis. Car le dernier doublé de Mevlüt Erding remonte à la saison 2009-2010 et ses débuts au PSG. Pour sa première, le Turc inscrit 15 buts en championnat exactement, 4 de plus que lors de ses deux dernières saisons, passées à Sochaux. Depuis, ses stats sont en chute libre : 8 buts en 34 matchs en 2010-2011 et 5 seulement en 25 matchs la saison dernière, avec deux équipes différentes : Paris et Rennes, où il a donc débarqué pendant l’hiver pour se relancer. « J’avais des offres de l’étranger où j’aurais gagné plus d’argent, mais j’ai privilégié l’aspect sportif » , justifie-il à l’époque.
La drague de Sunderland, de Fulham et de Galatasaray a été gentiment déclinée, Mevlüt veut montrer qu’il reste une valeur sûre de la Ligue 1. Mais les débuts en Bretagne sont difficiles. En manque de condition physique, peu trouvé par ses nouveaux partenaires, Erdin galère, vendange devant les buts et gamberge dans sa tête. Et avec un avant-centre, on sait quand la crise de confiance commence, jamais quand elle se termine.
Libéré de la concurrence
Heureusement, il y a les vacances et la préparation d’avant-saison. Et elle va s’avérer « idéale » , selon l’intéressé. Interrogé par L’Équipe fin juillet, il dit « se sentir fort » . On ne demande alors qu’à le croire. Autant par obligation budgétaire que par confiance en ses qualités, le Stade Rennais décide de ne pas recruter dans ce secteur et dégraisse : départs d’Hadji, de Boukari et même finalement de Jirès Kembo, le meilleur buteur de la saison passée, fin août. Cette saison, Erding n’est pas emmerdé par la concurrence : Pitroipa évolue sur l’aile, Montano et Sané ne montrent pas grand-chose et sont actuellement sur le flanc et Cheikh Diarra paraît encore un peu tendre (quand il ne se fait pas expulser comme un con). En attaque, les espoirs rennais reposent donc beaucoup sur les épaules d’Erding. Et le garçon apprécie ce statut qui lui rappelle sa douce période sochalienne. On a pu le constater à Paris, l’international turc vit mal la concurrence.
Voici donc où en est le bon Mevlüt, quatre fois buteur en club depuis fin septembre – et une fois cette semaine en sélection. Pas des buts pour du beurre en plus, puisqu’ils ont permis de ramener le point du match nul à Toulouse – ça aurait même pu faire victoire sans l’exploit d’Ahamada –, la qualif en Coupe de la Ligue et les trois points à Bonal. C’est aussi lui qui inscrit le précieux troisième but des Rouge et Noir face à Bastia en août pour la première victoire de la saison (3-2). Très en jambe, ses nombreux appels trouvent désormais preneurs et son jeu de tête fait mouche. Avec un Erding retrouvé, Rennes a peut-être déjà réglé un de ses problèmes. Reste à régler les autres. À commencer par le cas Yann M’Vila. Mais ça, ce n’est pas l’affaire de Mevlüt.
Par Régis Delanoë, à Rennes