Pourquoi partir ? Bien sûr, il y a Tito Vilanova et ses problèmes de santé. Son compagnon de route semblait fatigué de tant de déplacement et de pression. C’est sa parotide qui l’avait retenu en novembre sur un lit d’hôpital. Les proches de Guardiola racontent que c’est ce jour-là que Pep a pris conscience de la fragilité de sa mission au Barça. C’était la première fois que Tito n’était pas à sa droite depuis l’époque du Barça B. Il y a aussi sa petite fille, Valentina, née il y a quatre ans et qu’il n’a pas vu grandir. Et puis surtout il y a son groupe. Petit à petit Guardiola a perdu le contrôle sur ses joueurs. Être Guardiola est exténuant. Car là où la majorité des entraineurs se plaisent à répartir les rôles entres leurs adjoints, Pep lui est à la fois le papa et la maman. Celui qui câline et celui qui sanctionne. Messi est le chouchou, celui qui « décide quand il veut jouer » répétait Pep. Piqué, lui, est l’un de ses enfants capricieux: « Gérard est quelqu’un d’ouvert et qui s’intéresse à beaucoup de choses qui n’ont rien à voir avec le foot » . De la bouche de Guardiola, qui exige une attention totale et un dévouement complet à sa mission, c’est un péché. Pep est las. Un point c’est tout.
Dès lors, quel avenir pour le Barça ? Le FC Barcelone est un club qui a besoin de figures mythiques. Il y a eu Gamper, Kubala et Cruyff. Défaitiste par nature et pessimiste par essence, le club de presque toute la Catalogne ne supporte pas le départ d’une de ses idoles. Là où le Real est un club qui ne vit que par la victoire et l’épopée, le Barça est une institution qui transcende l’enjeu sportif. La tâche de Vilanova est immense. Car être socio du FC Barcelone a quelque chose d’identitaire. En 1996, la fin de l’ère Cruyff comme entraineur avait généré presque 10 ans d’engueulades, de prises de tête et de lose à la catalane. Malgré les titres (Liga 1998 et 1999), les ballons d’or et malgré Charly Rexach (légende du club et ex-adjoint del Flaco) le FC Barcelone hésitait entre influence hollandaise (Van Gaal, Rijkaard, Overmas, Cocu) et brésilienne (Ronaldo, Rivaldo, Ronaldinho). Guardiola semblait avoir étouffé les guerres de clans et les complexes identitaires. Catalan, Cruyffien et milieu, Pep était plus que le président. Vilanova c’est une idée de Zubizareta. Il sera toujours moins que Pep. Le futur du Barça, c’est Xavi. Mais ça c’est une autre histoire.
Thibaud Leplat
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