- Match amical
- Italie/Russie (0-3)
Faut-il s’inquiéter pour la Squadra ?
Dérouillée par la Russie (0-3), ce soir, en Suisse, la Squadra Azzurra inquiète. Non seulement, elle vient de perdre son troisième match amical consécutif sans marquer le moindre but, mais en plus, elle semble totalement déboussolée par tout cette affaire Calciopoli.
Trois défaites consécutives. Cela n’était plus arrivé à l’équipe d’Italie depuis 1983. 0-1 face à l’Uruguay. 0-1 contre les États-Unis. Et 0-3, ce soir, contre la Russie. Inquiétant ? Un peu. Déjà, une lourde défaite à une semaine du début de l’Euro, où la Squadra doit affronter l’Espagne en match d’ouverture, n’est jamais très rassurante, même s’il ne s’agit « que » d’un match amical. Ensuite, ce revers arrive vraiment au mauvais moment : il survient en effet au terme d’une semaine plus que mouvementée, au cours de laquelle l’équipe nationale a été plongée dans l’affaire du Calcioscommesse. La semaine a commencé par le blitz de la police à Coverciano, pour venir perquisitionner Criscito, puis a continué avec les polémiques sur Bonucci, la proposition du premier Ministre d’arrêter le football italien pendant deux ou trois ans, les révélations sur les paris de Buffon et enfin le coup de gueule de Prandelli. Un coup de gueule fort, où le sélectionneur azzurro a affirmé que « si l’Italie devait rester à la maison pendant l’Euro, elle le ferait sans problème » . Visiblement, son équipe a assimilé le message. Mais pas de la bonne manière. Contre la Russie, elle est restée à la maison, effectivement.
Balotelli, trop égoïste
À une semaine de l’Euro, c’est donc à un double problème qu’est confrontée l’équipe italienne. Un problème sportif, et un problème psychologique. Les deux vont de pair, et sont en même temps totalement dissociables. Le problème de jeu, d’abord. Le match contre la Russie, ce soir, a semblé trop moche pour être vrai. Rien n’a fonctionné, et les buts russes, tous inscrits en seconde période, sont nés d’incertitudes de la défense ou de mésententes entre défenseurs et gardien de but. Les deux derniers pions, inscrits par Shirokov, portent d’ailleurs la patte du Napoli : Maggio et De Sanctis ont fait n’importe quoi, permettant au joueur du Zénith de scorer. Mais au-delà de la défense (Ogbonna et Bonucci à côté de la plaque), c’est tout le système mis en place par Prandelli qui a foiré.
Le duo Cassano-Balotelli, entre autres, n’a pas du tout marché. L’attaquant du Milan AC a semblé très limité physiquement, tandis que Supermario a surtout essayé de tout faire tout seul. En vain. Alors que l’équipe, malgré les errances, avait réussi à tenir le 0-0 pendant près d’une heure, les innombrables changements de Prandelli en seconde période n’ont contribué qu’à ébranler les quelques certitudes restantes. Finalement, 3-0. Le score est sévère, mais reflète bien la physionomie du match. Et ce n’est pas le sélectionneur qui va dire le contraire, même s’il tente tout de même de voir le bon côté des choses. « Paradoxalement, c’est mieux d’avoir perdu aujourd’hui, comme ça, on peut avoir les pieds sur terre. C’est notre troisième match en huit mois. Nous avons désormais 5-6 jours pour travailler, corriger des choses. Eux étaient prêts. Mais nous le serons aussi à temps » , a-t-il assuré aux micros de la Rai à la fin du match. On a envie de le croire. Même si…
Un climat dégueulasse
L’autre problème, qui sera plus dur à corriger en 5-6 jours, c’est l’aspect psychologique. En plus des vrais tremblements terres qui frappent actuellement la Botte, et qui ont d’ailleurs entraîné l’annulation du match amical contre le Luxembourg, le pays est plongé dans un séïsme médiatique avec l’affaire des matches arrangés. En début de semaine, Criscito en a fait les frais, en étant tout bonnement exclu de la liste des 23. Pas d’Euro pour le meilleur latéral de la Squadra, c’est quand même con. Du coup, on a entendu tout et n’importe quoi au cours des derniers jours. L’agent du joueur du Zénith a demandé publiquement pourquoi Criscito avait été exclu du groupe et pas Bonucci, lui aussi impliqué dans le Calcioscommesse. Ça a énervé le capitaine de la Nazionale, Gigi Buffon, qui s’est insurgé en conférence de presse contre le traitement médiatique de l’affaire, l’intervention « évitable » de la police à Coverciano, et tout le toutim. Comme un boomerang, dès le lendemain, une source de la Guardia di Finanza de Turin affirme que Gigi aurait misé plus d’un million et demi d’euros sur des matches. Bah quoi ?
C’est dans ce climat dégueulasse que Prandelli a préparé le match contre la Russie, et a donné une conf’ retentissante au cours de laquelle le coach, d’habitude très calme, se lâche. « Si on me disait que, pour le bien du football, la Nazionale ne devait pas aller à l’Euro, ce ne serait pas un problème. Il y a des choses que je juge plus importantes » , affirme-t-il. Et pan ! Oui, sauf que ce n’est pas le cas, Cesare. L’Italie va bien aller à l’Euro. Et la compétition commence dans 9 jours pour la Squadra. En Italie, de nombreux comparatifs ont été faits par la presse entre la Squadra de 2006, plongée dans le scandale Calciopoli, et celle de 2012. Grosse différence : l’équipe de Marcello Lippi avait déjà ses certitudes. Avant le Mondial, elle venait d’enchaîner 18 matches sans défaite, et avait une équipe-type bien définie. Ce n’est pas le cas de la formation de Prandelli, qui, après une bonne année 2011, connaît un vrai passage à vide. Et se cherche. Oui, sauf qu’il ne reste plus que quelques jours pour se trouver. Et ce n’est pas l’Espagne qui va attendre…
Eric Maggiori