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Etienne Green, au nom du Vert

Par Félix Barbé et Jérémie Baron
Etienne Green, au nom du Vert

Dans l'histoire de la Ligue 1, il est peut-être le joueur avec le nom qui s'accorde le mieux avec son club. À vingt ans, Etienne Green a revêtu pour la première fois le maillot de l'équipe fanion de l'AS Saint-Étienne dimanche dernier à Nîmes. Un baptême du feu rêvé pour le gardien qui a sorti un penalty, été élu homme du match et vu les siens repartir des Costières avec une précieuse victoire dans les bagages (0-2). Ce bizutage aurait pourtant été difficile à imaginer en début de saison, alors que le Franco-Anglais, qui évolue chez les Verts depuis la catégorie U10, n'était que quatrième dans la hiérarchie des portiers stéphanois. Portrait d'un garçon qui respire la fraîcheur.

« Tu ne peux rien contre le destin. J’ai joué 386 matchs avec les Verts et je n’ai pu porter que quatre fois le maillot vert. Il était statistiquement quasi impossible que pour son premier match en pro, Etienne Green joue avec le maillot vert… Et pourtant. » La citation de Jérémie Janot, légende de Geoffroy-Guichard et installé au panthéon des gardiens de l’ASSE, traduit la puissance que revêt le privilège de pouvoir enfiler la tunique verte, surtout pour un portier. Ce maillot, Etienne Green semblait – de par sa carte d’identité – fait pour l’enfiler et a simplement accompli son destin ce dimanche 4 avril, profitant d’un concours de circonstances chez les goals stéphanois pour plonger dans le bassin professionnel aux Costières. Un clean sheet, un peno de Renaud Ripart stoppé et un succès crucial plus tard, le voilà propulsé homme du week-end avec sa jolie trogne et potentiellement le blase le plus adapté de l’histoire de ce championnat.

Des Chambost aux Green

Catapulté dans la lumière dimanche à Nîmes, le jeune portier a pourtant démarré son histoire de l’autre côté de la Manche à plus de 1200 kilomètres du Gard. Précisément à Colchester (Essex), au nord-est de Londres, où le bambin voit le jour au milieu de l’année 2000. Richard, son papa britannique qui lui a donné ce fameux patronyme, et Marlène, sa maman française, n’hésitent pas bien longtemps au moment de décider du prénom de leur progéniture : en hommage à la préfecture de la Loire, il s’appellera Etienne. Quatre ans plus tard, toute la petite famille débarque d’ailleurs dans le département. Leurs valises se posent à Veauche, commune d’à peine 10 000 âmes située à une vingtaine de kilomètres au nord de Saint-Étienne. Nouveau clin d’œil du destin, les Green rachètent la maison des parents de Dylan Chambost (génération 1997), qui ira lui aussi faire ses classes à l’ASSE avant de filer vers Troyes, où il évolue toujours aujourd’hui. L’habitation se trouve à vingt mètres à peine du stade Irénée Laurent, et c’est naturellement qu’Étienne traverse la route à six ans et demi pour enfiler ses premiers crampons. « Je me souviens d’un gamin très discret et introverti, plutôt réservé dans son caractère », pose Éric Viricel, son premier éducateur qui l’a connu en U7, U8 et U9 à l’Étoile sportive de Veauche.

En bas au centre, Etienne Green, portier avant l’heure. ©ES Veauche

Avec un français déjà parfait malgré quatre années passées outre-Manche, le garçon ne tarde pas à enfiler les gants : « Quand les enfants démarrent le foot, on ne les focalise pas sur un poste, puisqu’on souhaite qu’ils touchent un peu à tout, poursuit Viricel. Mais Étienne était tout de suite très attiré par la cage, c’était un souhait dès le départ. » Benjamin Rioux, qui a commencé le foot avec lui, confirme : « Il a toujours été meilleur que les autres dans les buts. C’était l’un des rares qui, dès les débutants, savaient plonger et sortir dans les pieds. » Ses bonnes performances attirent rapidement l’œil des Verts et de leur horde de scouts qui, dès les U9, l’invitent à une détection un mercredi après-midi : « Il avait déjà des grosses qualités, et était assez grand pour son âge, souligne Éric Viricel. L’ASSE l’a donc repéré et l’a sollicité pour l’année suivante. » Une aubaine, pour le jeune Green qui vibre… pour les Verts.

À partir des U16, il n’a jamais été le premier choix. Il n’était pas dans le groupe en Gambardella et faisait des matchs de championnat, mais pas les grosses rencontres.

Toujours placé, rarement gagnant

Pendant son parcours stéphanois, le jeune portier aura un covoitureur tout trouvé pour faire les trajets entre Veauche et la capitale de la Loire : il a à ses côtés son acolyte Baptiste Gabard, qui a lui aussi fait ses premiers pas à l’ESV, débarque à l’Étrat au même moment que son ami et fera toute sa formation de milieu de terrain chez les Verts avant de signer son premier contrat pro il y a deux mois et demi, six mois après Green. « Ils se sont facilité la tâche mutuellement, en partant tous les deux, explique Benjamin. C’est plus facile à vivre, quand on est jeune, que de partir tout seul. » Chez les Verts, ce n’est pas l’adaptation qui va lui poser problème, mais la concurrence accrue d’année en année. « À partir des U16, il n’a jamais été le premier choix, témoigne Mathis Mezaber, latéral gauche d’Andrézieux-Bouthéon FC, également né en 2000 et qui a fait toutes ses classes à l’ASSE avec le gardien. Il y avait quand même Nathan Crémillieux, Ryan Bouallak, qui étaient devant lui dans la tête des coachs. En U17 Nationaux, c’était toujours le deuxième gardien, derrière Nathan, qui était en équipe de France. En U19, Stefan Bajic était titulaire et Nathan numéro deux. Etienne n’était pas dans le groupe en Gambardella et faisait des matchs de championnat, mais pas les grosses rencontres. Mais à l’ASSE, il y a vraiment de bons gardiens. Dans un autre club en U19 Nationaux, il aurait joué tous les matchs ! »

Etienne, à droite, en compagnie de son pote Baptiste Gabard pour les débuts des deux Veauchois à l’ASSE.

Le bonhomme continue de taffer dans l’ombre – y compris en faisant des heures sup passées à stopper les frappes de Gabart au stade de Veauche – et reste « ce coéquipier qui s’entend avec tout le monde, qui ne se plaint pas, le genre de mec dont on a besoin dans une équipe », témoigne Jordan Halaïmia, autre produit stéphanois de cette cuvée 2000 ayant migré à Andrézieux. Et c’est donc sans lui que les jeunes Verts soulèvent la Gambard’ en 2019 contre le Toulouse de Manu Koné (0-2). Même s’il continue de passer les étapes dans son club formateur, ce statut le poursuit jusqu’au grand bain, celui des pros : pourtant de la classe 2001, Stefan Bajic est lancé avec l’équipe première en septembre 2019 contre Metz (0-1), un an et demi avant le premier banc de Green en Ligue 1 (le 31 janvier 2021 à Nice). « C’est un joueur que nous avons fait signer la saison dernière, mais qui avait énormément de manques, qui avait besoin de prendre confiance en lui et d’affirmer son caractère et sa personnalité, lâchait Claude Puel dimanche après la première de Green dans le onze. André Biancarelli, notre entraîneur des gardiens, l’a transformé. » Stéphane Ruffier parti, Jessy Moulin et Bajic sur le flanc, le Veauchois a enfin eu sa chance et ne l’a pas ratée, tout en sérénité. Avec, en prime, ce coup de pied de réparation (sévèrement) sifflé contre lui et repoussé sur sa gauche. « Il aime bien les penaltys. Moi à l’entraînement, il savait toujours où je tirais », se souvient Mezaber pour l’anecdote.

L’été, on se fait des après-midi piscine. On joue un peu au volley, au basket, on fait aussi de la pétanque, on se baigne… On chille, en gros. Franchement, c’est un mec super. Il ne prend pas la grosse tête ou ne nous prend pas de haut parce qu’il joue à l’ASSE.

Green Peace

Cette quiétude, qu’Etienne Green cultive sur le terrain, est finalement à l’image du bonhomme en dehors : simple, tranquille, la tête bien vissée sur les épaules. Comme lorsqu’il a dû donner quelques billes concernant son caractère, juste après son baptême du feu en Ligue 1 : « Je suis assez discret, j’aime bien travailler dans mon coin et être avec moi-même, a-t-il dévoilé sur le site internet du club, avant de rapidement embrayer. Avec un groupe comme celui-ci on peut s’épanouir, l’ambiance est incroyable, et je m’y sens vraiment bien. » La preuve qu’il ne faudra surtout pas compter sur le Franco-Anglais pour tirer la couverture à lui. « Il sait d’où il vient, et même s’il est amené à devenir un très grand gardien, il ne l’oubliera jamais. C’est ce qui est bien avec lui : il est vachement humble », confirme Benjamin Rioux, qui l’a connu dès l’école primaire. Aujourd’hui, ce grand amateur de vélo vit encore à Veauche, ce qui n’est pas pour déplaire à son pote de toujours : « On s’invite chez les uns, chez les autres. L’été par exemple, on se fait des après-midi piscine. On joue un peu au volley, au basket, on fait aussi de la pétanque, on se baigne… On chille, en gros. Franchement, c’est un mec super. Il ne prend pas la grosse tête, ou ne nous prend pas de haut parce qu’il joue à l’ASSE. » Et ça ne risque pas d’arriver de sitôt, le club prenant bien soin de verrouiller la communication autour de lui et de son cercle proche (famille, entraîneurs, coéquipiers, amis…).

Lundi, au lendemain de sa performance nîmoise, Green est revenu dans son premier club, où son père s’occupe encore de la section loisirs. Sourire aux lèvres (que l’on pouvait aisément deviner derrière le masque) et aussi tranquille que la veille sur le pré, il a ainsi assisté à l’entraînement des U16 et U18 de l’ES Veauche, pour le plus grand bonheur des gamins présents sur place. Une scène surprenante ? Pas vraiment, puisque le gardien est habitué à « vadrouiller de temps en temps aux alentours du stade, notamment quand il y a des matchs le dimanche, révèle Éric Viricel. C’est la preuve qu’il est resté très simple. » Une simplicité qu’il va désormais devoir garder pour confirmer les belles promesses entrevues lors de ses 90 premières minutes en Ligue 1 : « Le plus difficile commence peut-être maintenant pour lui, souffle son premier coach. Il va falloir renouveler ce très bon match et cette très belle expérience. » Ça tombe bien, il devrait justement avoir l’occasion de le faire ce dimanche, à l’occasion de la réception de Bordeaux, où il devrait selon toute vraisemblance figurer une nouvelle fois dans le onze de départ. Pour lancer définitivement sa carrière ? Tous les feux sont en tout cas au vert.

©ES Veauche

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Tous propos recueillis par FB et JB, sauf mention.

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