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Didier Domi : « Le PSG n’a toujours pas de style »

Propos recueillis par Maxime Brigand
5 minutes
Didier Domi : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Le PSG n&rsquo;a toujours pas de style<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Latéral gauche formé au Paris Saint-Germain et passé par le club de la capitale de 1994 à 1998, puis de 2001 à 2003, Didier Domi décrypte le nul du PSG à Leipzig (2-2).

Ce jeudi matin, le PSG a huit points après quatre journées et est toujours invaincu en C1, mais il y a un fait : ce PSG n’avance toujours pas collectivement. Que retiens-tu à chaud de ce nul à Leipzig (2-2) ?Deux choses. D’abord, on a retrouvé le même Leipzig qu’au Parc des Princes. Un Leipzig qui a pressé très haut, qui a rapidement récupéré les ballons, qui a été très agressif. Ensuite, au milieu de terrain, sans Marco Verratti, Danilo et Gueye ont été mis à mal dans la sortie du ballon. Globalement, collectivement, ça a de nouveau été insuffisant, mais ce qui est inquiétant, c’est aussi certaines prestations individuelles. Je pense à Presnel Kimpembe, qui n’a pas été au point dans ses couvertures. Encore une fois, on a eu un PSG à réaction ,et finalement, tout ce match ne tient qu’à un tournant : le penalty d’André Silva arrêté par Donnarumma. C’est dommage de toujours être au bord du précipice avant de réagir.

Presnel Kimpembe n’a pas été au point dans ses couvertures.

Mais finalement, le PSG, même s’il concède un grand nombre de tirs, réussit toujours à s’en sortir et à rebondir psychologiquement, comme s’il avait la conviction de toujours pouvoir faire tomber la pièce du bon côté. À défaut d’avoir un projet de jeu clair, de savoir comment sortir le ballon ou qui déclenche le pressing, c’est vrai que ce PSG a quand même un esprit. En même temps, quand tu es presque mené 2-0, tu dois forcément réagir et appuyer sur l’accélérateur. Tu n’as aucune autre alternative, surtout quand dans ton onze, tu n’as que des internationaux. C’est une bonne chose de toujours voir l’équipe rebondir, être en capacité de répondre aux difficultés, mais il faut reconnaître qu’à Leipzig, on a craint le pire.

Tu as évoqué le match difficile de Presnel Kimpembe. Tu as été étonné de le voir à un tel niveau ?Non, je n’ai pas été étonné, parce que dans les gros matchs, il a du mal à rester concentré, à tenir sa rigueur dans la couverture, la lecture de jeu, l’agressivité… Il perd énormément de duels dans la surface. Il a la vitesse, mais il a des manques dans l’anticipation et la compréhension de certaines situations. On le voit : parfois, il sort alors qu’il ne doit pas sortir. Sur le but, il est en retard, mais s’il lit un petit peu mieux le jeu, il peut revenir. Son match est à l’image de son début de saison et même de sa fin de saison dernière. Je trouve qu’il a du mal à passer le cap supérieur.

Dans l’animation avec ballon, on a vu le PSG avancer avec un duo Neymar-Di María très à l’intérieur, ce qui a notamment été visible sur le but du 1-1, où on a aussi vu un Wijnaldum capable de se projeter. En quoi le carré offensif de ce match peut offrir de nouvelles pistes pour le futur ?Effectivement, déjà, le PSG n’a existé que lorsque les offensifs se sont rapprochés pour dialoguer ensemble. Dans cette configuration, c’est la seule option, car avec Gueye et Danilo pour sortir les ballons, c’est compliqué, étant donné que ce sont deux joueurs qui ont du mal à vivre sous pression et à faire progresser le jeu vers l’avant. Sur le but, c’est d’ailleurs pour ça que Neymar décroche très bas. Après, dès qu’il arrive à accélérer, à s’extraire de la pression, que Mbappé vient lui apporter une solution et peut ensuite faire parler sa vitesse, que Di María n’est pas loin, que Wijnaldum traîne dans le même coin, il y a un tel Q.I. football sur un petit périmètre que ça fait forcément des étincelles. Quand Messi et Neymar se rapprochent dans d’autres rencontres, ça fait aussi mal. Le problème, c’est qu’on ne l’a pas vu énormément. Finalement, on va garder deux ou trois séquences des 45 premières minutes. Ensuite, le PSG a surtout joué le contre, fait le dos rond…

Que retiens-tu de la soirée de Wijnaldum ?Ce n’est pas facile de s’exprimer dans une équipe où il n’y a pas de grande fluidité dans le jeu. Après, quand tu marques deux buts, il faut quand même le souligner. J’ai aussi beaucoup aimé ses courses dans le dos de la défense de Leipzig. Deux buts en Ligue des champions, plus cette passe presque décisive en deuxième période, ça va lui faire du bien. Mais je le répète : ce n’est pas simple d’intégrer une équipe comme ça.

À défaut d’avoir un projet de jeu clair, de savoir comment sortir le ballon ou qui déclenche le pressing, c’est vrai que ce PSG a quand même un esprit.

Comment expliques-tu que Mauricio Pochettino ait attendu 85 minutes avant de bousculer un peu son plan initial ?C’est toujours tentant de redonner du souffle à son milieu, surtout quand tu souffres et concèdes autant de terrain. Mettre du sang neuf à la récupération, à la place de Gueye ou Danilo, voire de Wijnaldum, un peu plus tôt dans la rencontre, ça aurait pu booster un peu l’ensemble. Les jambes et le sang frais, c’est essentiel pour tenir un score, accompagner les actions, enchaîner les efforts, mettre Kylian sur orbite. Après, le PSG jouait très bas, coulissait bien, donc Mauricio a voulu tenir son onze le plus longtemps possible… C’est un parti pris.

C’est quand même la première saison où il y a un tel écart entre les points pris et la qualité des performances. Es-tu inquiet pour la suite ?J’ai plutôt de l’espoir. (Rires.) Si tu joues comme ça et que tu arrives à prendre huit points en Ligue des champions, à être largement leader en Ligue 1… Aujourd’hui, le PSG n’a toujours pas de style, mais mentalement, tu vois une équipe capable de répondre aux événements, des individualités capables de s’énerver et de briller lorsque les espaces s’ouvrent au fil des rencontres. Certaines choses ne bougent pas : l’œil de Neymar, la vitesse de Mbappé… Le PSG est dans un mode où il ne maîtrise pas tout, où il est souvent sur un fil, mais il a beaucoup de qualités sur les côtés, quelques individualités qui commencent à retrouver la forme comme Neymar… C’est le PSG de 2021 pour l’instant, mais on le dit et on le répète : la progression est très très très lente.

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