Monaco, l'heure de la détente
En désignant les visiteurs comme favoris, Leonardo Jardim ne se mouille donc pas trop, mais aurait-il pu faire autrement ? Clairement pas. Le ciel s'éclaircit sur le Rocher, les sourires commencent à marquer les visages des uns et des autres à la Turbie, les vannes fusent, les médias font leur apparition pour s'imprégner de cette bonne atmosphère et l'infirmerie se vide petit à petit. Les récents résultats contre le Zénith, Paris et Évian ont apporté calme et sérénité à un entraîneur dont on ne disait que du mal il n'y a pas plus tard qu'un mois. Pourquoi, donc, prendre le risque de se jeter dans une partie de poker dangereuse ? D'autant que si les résultats commencent à apparaître, si les chiffres sont encourageants, l'ASM est toujours assez loin du niveau auquel on l'attendait avant le début de saison. Face à Évian, les chiffres disent que João Moutinho a encore trouvé le chemin des filets, que Ferreira Carrasco a réglé la mire et que les défenseurs gagnent en sérénité. Que dit le jeu ? Que le vice-champion de France a bénéficié d'un pénalty généreux et d'une offrande du gardien adverse pour l'emporter au terme d'un match qui aura vu les attaquants gâcher et la défense fléchir à de nombreuses reprises. À défaut d'offrir du spectacle pendant 90 minutes, Monaco sait souffrir, et c'est peut-être là le plus important. L'équipe de Jardim a des fulgurances, oui, il lui arrive de bien jouer par phases, c'est vrai, mais elle demeure avant tout pragmatique. Elle se replie quand l'adversaire connaît un temps fort et joue plus haut quand l'orage passe. Comme contre Leverkusen et le Zénith. Comme contre Paris, aussi. Pour le moment, c'est ce qui lui permet de remonter la pente en L1 et de faire bonne figure en Ligue des champions. C'est a priori comme ça que Jardim fera jouer ses hommes ce soir. Attendre Benfica, s'adapter à son système et riposter le moment voulu. Bref, Monaco est une équipe à réaction. Le beau jeu peut encore attendre. Il viendra petit à petit, une fois la confiance accumulée et les victoires engrangées.
Quand la route s'élève, Benfica lâche prise
Tout le contraire de Benfica, donc. Jorge Jesus a un plan et un seul et il s'appelle jouer au football, aller de l'avant, bouger, jouer en première intention, tenter de trouver la faille à gauche, à droite, au centre, par la voie aérienne, de près ou de loin... Quand le SLB joue, on ne s'ennuie jamais, il y a des buts, beaucoup de buts. D'ailleurs, le champion du Portugal n'est resté muet que contre le Zénith de Villas-Boas depuis le début du nouvel exercice. Sauf que le point fort de la méthode Jesus est aussi celui qui lui a coûté cher lorsque la route s'est élevée en Ligue des champions. À Leverkusen, les Aigles sont carrément morts pour leur philosophie de jeu. En voulant la jouer dominateurs à outrance comme s'ils affrontaient Boavista, les hommes de Jesus ont reçu des contres par rafales en pleine poire. Le tableau d'affichage est gentiment resté à trois pions pour les Allemands qui se sont même permis de vendanger deux ou trois occasions toutes faites. Et si tout est plus calme dans une Liga Sagres qu'ils dominent devant leur pire ennemi, leurs récentes sorties n'augurent rien de bon sur le plan défensif. Contre Arouca, par exemple, et en dépit des quatre banderilles plantées au cours du dernier quart d'heure, Benfica a souffert pendant une longue mi-temps. Principalement sur des contre-attaques rapides, comme d'habitude. Pareil en Coupe du Portugal, à la différence que le modeste Sporting Covilha s'est montré plus réaliste. Heureusement pour eux, les Benfiquistas ont pu compter sur leur dernière recrue estivale, Jonas, pour remonter leur retard et se qualifier. Mais le mal est bien réel. Les tracteurs que sont Luisão et Eliseu rendent l'équipe vulnérable sur contre et, dans cette configuration, Benfica ne peut être tranquille que si ses joueurs offensifs tournent à plein régime. À Louis-II, ils devront donc espérer que Talisca, Gaitan, Salvio & co soient aussi bons qu'en championnat. Dans le cas contraire, ce ne sera ni les huitièmes de C1 ni la C3, mais bien la porte qui s'offrira à eux.
Par William Pereira
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